Depuis deux jours, l’un des principaux gazoducs venant de Russie, et passant par l’Allemagne, n’exporte plus aucun gaz vers la France. Moscou, qui fournit 17% de notre consommation, se venge ainsi des sanctions européennes. « Les sanctions sont une arme à double tranchant et fonctionnent à double sens », a averti Vladimir Poutine,
Depuis plusieurs jours maintenant, un certain nombre pays européens annonçait des baisses de livraisons en provenance de la Russie. Autriche, Italie, Allemagne, et, depuis ce vendredi 17 juin, la France… Le Kremlin continue sa stratégie de déstabilisation des économies européennes en jouant sur le levier gazier.
Rappelons que, avant même le début de l’invasion de l’Ukraine la Russie, et son géant gazier Gazprom, utilisent les livraisons du gaz en Europe comme une mesure de rétorsion visant à diviser et déstabiliser les Vingt-Sept dans leur politique de soutien à Kiev. Depuis la salve de sanctions prise par l’Europe ces derniers jours, les livraisons n’ont atteint que 1,5 milliard de mètres cubes, alors que le précédent plancher avoisinait les 2,4 milliards.
Jeudi 16 juin par exemple, l’autrichien OMV s’inquiétait d’une baisse des livraisons de gaz venant de Russie, alors qu’ENI annonçait que Gazprom ne livrerait que 65 % à peine des quantités de gaz demandées sur la journée, après avoir réduit de 15 % ses livraisons la veille. Mercredi 15 juin, c’est l’Allemagne ou encore Engie qui constataient une baisse des livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream 1. Et en fin de matinée le vendredi 17 juin, le gestionnaire du transport de gaz français, GRTGaz, a annoncé l’interruption du « flux physique entre la France et l’Allemagne » sur la livraison de gaz.
La France, pour ce qui la concerne, devrait-elle s’inquiéter ? Les utilisations domestiques du gaz, qu’il s’agisse du gaz russe ou du gaz apporté d autres parties du monde par des gazoducs ou des méthaniers nécessitent l’entretien d’un réseau de stockage et de distribution fragile. Constamment se produisent ou sont difficilement évités des accidents imputables à ce réseau. Quoiqu’en dise Gaz de France un appel accu à Électricité de France sera le bienvenu. Les centrales nucléaires d’EDF fournissent assez d’électricité pour que le recours au gaz ne soit pas indispensable.
Certes le Gaz naturel est indispensable à un grand nombre d’applications industrielles. Mais le plus souvent l’appel de la France au marché international du gaz pourra répondre aux besoins.