12/05/2024 Quelle était l’intelligence du Tyrannosaure  ou T.rex ?

On estime souvent que le degré d’intelligence ou capacité cognitive d’une espèce paléolitique donnée est fonction du nombre de neurones attribué aux individus de cette espèce, nombre lui-même déduit du volume de leur cerveau tel qu’estimé au vu de l’examen de leurs restes fossiles.

Ainsi , une étude récente dont nous publions ci-dessous les références et l’abstract, portant sur les cerveaux des dinosaures et ptérosaures du Mésozoïque montre que le plus connu de ceux-ci, le Tyrannosaurus rex  disposait d’une intelligence comparable à celle des babouins et macaques modernes. Par contre, les sauropodes et la plupart des dinosaures herbivores dits Ornithischiens (https://en.wikipedia.org/wiki/Ornithischia possédaient ne cage pelvique analogue à celle des oiseaux modernes et d’une physiologie ecothermique (à sang froid).

Cependant cette même étude met en doute la possibilité d’estimer la capacité d’adaptation, aujourd’hui considérée comme une forme d’intelligence essentielle, au nombre et à longueur relative des cellules neuronales. Des études plus larges et mieux intégrées s’imposent.

La même conclusion sera nécessaire dans l’étude de l’intelligence des espèces modernes

Référence

How smart was T. rex? Testing claims of exceptional cognition in dinosaurs and the application of neuron count estimates in palaeontological research

Kai R. CasparCristián Gutiérrez-IbáñezOrnella C. BertrandThomas CarrJennifer A. D. ColbourneArthur ErbHady GeorgeThomas R. Holtz JrDarren NaishDouglas R. WylieGrant R. Hurlburt

First published: 26 April 2024

https://doi.org/10.1002/ar.25459

Abstract

Recent years have seen increasing scientific interest in whether neuron counts can act as correlates of diverse biological phenomena. Lately, Herculano-Houzel (2023) argued that fossil endocasts and comparative neurological data from extant sauropsids allow to reconstruct telencephalic neuron counts in Mesozoic dinosaurs and pterosaurs, which might act as proxies for behaviors and life history traits in these animals. According to this analysis, large theropods such as Tyrannosaurus rex were long-lived, exceptionally intelligent animals equipped with “macaque- or baboon-like cognition”, whereas sauropods and most ornithischian dinosaurs would have displayed significantly smaller brains and an ectothermic physiology. Besides challenging established views on Mesozoic dinosaur biology, these claims raise questions on whether neuron count estimates could benefit research on fossil animals in general. Here, we address these findings by revisiting Herculano-Houzel’s (2023) work, identifying several crucial shortcomings regarding analysis and interpretation. We present revised estimates of encephalization and telencephalic neuron counts in dinosaurs, which we derive from phylogenetically informed modeling and an amended dataset of endocranial measurements. For large-bodied theropods in particular, we recover significantly lower neuron counts than previously proposed. Furthermore, we review the suitability of neurological variables such as neuron numbers and relative brain size to predict cognitive complexity, metabolic rate and life history traits in dinosaurs, coming to the conclusion that they are flawed proxies for these biological phenomena. Instead of relying on such neurological estimates when reconstructing Mesozoic dinosaur biology, we argue that integrative studies are needed to approach this complex subject.

11/05/2024 Détection d’une atmosphère autour d’une planète extra-solaire située à 41 années-lumière de la Terre.

Cette planète est trop éloignées pour que des terriens puissent espérer s’y rendre un jour. De plus la température et la composition de son atmosphère la rendrait mortelle pour toute forme de vie comparable à la vie terrestre.

Néanmoins l’observation est intéressante car elle montre que des exoplanètes peuvent durablement être entourées de gaz atmosphériques

———–

Des chercheurs utilisant le télescope spatial James-Webb ont récemment repéré des gaz atmosphériques entourant 55 Cancri e, une exoplanète rocheuse extrêmement chaude située à 41 années-lumière de la Terre. Cette découverte constitue la preuve la plus convaincante à ce jour de l’existence d’une atmosphère autour d’une planète rocheuse en dehors de notre Système solaire. Elle ouvre de nouvelles perspectives sur la compréhension des planètes situées au-delà de notre Système solaire et pourrait nous aider à mieux caractériser les conditions atmosphériques et les propriétés des super-Terres chaudes, enrichissant ainsi notre connaissance de la diversité des planètes peuplant l’Univers.

L’auteur de l’étude publiée dans la revue Nature est Renyu Hu du Jet Propulsion Laboratory

A secondary atmosphere on the rocky Exoplanet 55 Cancri e

Nature (2024)

  • Abstract

Characterizing rocky exoplanets is a central endeavor of astronomy, and yet the search for atmospheres on rocky exoplanets has hitherto resulted in either tight upper limits on the atmospheric mass1–3 or inconclusive results4–6. The 1.95-REarth and 8.8-MEarth planet 55 Cnc e, with a predominantly rocky composition and an equilibrium temperature of ~2000 K, may have a volatile envelope (containing molecules made from a combination of C, H, O, N, S, and P elements) that accounts for up to a few percent of its radius7–13. The planet has been observed extensively with transmission spectroscopy14–22, and its thermal emission has been measured in broad photometric bands23–26. These observations disfavor a primordial H2/He-dominated atmosphere but cannot conclusively determine whether the planet has a secondary atmosphere27,28. Here we report a thermal emission spectrum of the planet obtained by JWST’s NIRCam and MIRI instruments from 4 to 12 μm. The measurements rule out the scenario where the planet is a lava world shrouded by a tenuous atmosphere made of vaporized rock29–32, and indicate a bona fide volatile atmosphere likely rich in CO2 or CO. This atmosphere can be outgassed from and sustained by a magma ocean.

10/05/2024 Des atomes individuels surpris en train de devenir des ondes

La dualité onde-corpuscule aussi appelée dualité onde-particule est un principe selon lequel tous les objets physiques peuvent présenter parfois des propriétés d’ondes et parfois des propriétés de corpuscules et de particules. La manifestation de ces propriétés ne dépend pas seulement de l’objet étudié isolément, mais aussi de tout l’appareillage de mesure utilisé. Ce concept fait partie des fondements de la mécanique quantique. Le cas d’école est celui de la lumière, qui présente deux aspects complémentaires selon les conditions d’expérience : elle apparaît soit ondulatoire, d’où le concept de longueur d’onde, soit corpusculaire, d’où le concept de photons.

Cette dualité démontre en réalité l’inadéquation – ou plus exactement l’incomplétude – de chacune des conceptions classiques de « corpuscules » ou d’« ondes » pour décrire le comportement des objets quantiques. L’idée de la dualité prend ses racines dans un débat remontant aussi loin que le xviie siècle, quand s’affrontaient les théories concurrentes de Christian Huygens, qui considérait que la lumière était composée d’ondes, et celle d’Isaac Newton, qui considérait la lumière comme un flot de corpuscules. La dualité onde-corpuscule est introduite en 1909 par Albert Einstein pour la lumière.

À la suite des travaux d’Einstein, de Louis de Broglie et de bien d’autres, les théories scientifiques modernes accordent à tous les objets une double nature d’onde et de corpuscule, bien que ce phénomène ne soit perceptible qu’à l’échelle des systèmes quantiques. Wikipedia

Le fait que des particules, telles des atomes, puissent se comporter comme des ondes, est illustré par le concept de paquet d’onde ou wave packet . La dualité onde-corpuscule vient du fait que les analogies classiques de l’onde (associée à une vague sur l’eau) et du corpuscule (associé à une bille) sont incompatibles : intuitivement et ontologiquement, elles ne peuvent caractériser un même objet.

Le phénomène d’une onde sur l’eau peut certes être considéré comme compatible avec le caractère corpusculaire des molécules composant l’eau ; néanmoins il s’agit là d’un phénomène d’échelle, le caractère ondulatoire observé sur l’eau découlant de la quantité de molécules d’eau composant le milieu, et non de chaque molécule.

Or au début de la physique quantique, les expériences montraient pourtant que les phénomènes observés présentaient intrinsèquement ces deux propriétés apparemment opposées.

Le concept de la dualité onde-corpuscule vient du fait que les analogies classiques de l’onde (associée à une vague sur l’eau) et du corpuscule (associé à une bille) sont incompatibles : intuitivement et ontologiquement, elles ne peuvent caractériser un même objet.

Le phénomène d’une onde sur l’eau peut certes être considéré comme compatible avec le caractère corpusculaire des molécules composant l’eau ; néanmoins il s’agit là d’un phénomène d’échelle, le caractère ondulatoire observé sur l’eau découlant de la quantité de molécules d’eau composant le milieu, et non de chaque molécule.

Aujourd’hui les physiciens peuvent prédire comment un paquet d’ondes évoluera dans le temps en utilisant l’équation proposée par Erwin Schrödinger . Celle-ci, essentiellement une équation d’onde, décrit la forme des ondes de probabilité ou fonctions d’ondes qui gouvernent le mouvement des petites particules. Elle précise comment ces ondes sont altérées par des influences extérieures.

Il en résulte qu’analyser la façon dont un atome peut se comporter en tant que paquet d’onde permet de mieux le contrôler et mieux se le représenter sous forme d’image (l’ « imager »).

Tarik Yefsa du CNRS et de l’Ecole Normale Supérieure de Paris et des collègues ont imaginé de refroidir des atomes de lithium à une température proche du zéro absolu de façon à ce qu’ils acquièrent des propriétés quantiques. Pour ce faire, ils ont placé des atomes dans une petite chambre sans air, puis les ont frappé avec des lasers et des champs magnétiques de façon à abaisser au maximum leur température .

Avec les mêmes techniques, ils ont analysé les états quantiques de ces atomes et leur forme en tant qu’ondes, en veillant à ce qu’ils ne se rapprochent pas trop les uns des autres et conservent leur individualité initiale.

Ils ont constaté que les atomes se comportaient initialement comme des points aux frontières bien arrêtées puis perdaient progressivement leur cohérence et devenaient lentement plus confus en s’élargissant de telle sorte qu’ils ressemblaient de plus en plus à des ondes.

Les atomes de cette nature font partie de la vaste catégorie des fermions . Les physiciens se demandent actuellement s’ils n’interviennent pas dans la formation de la matière quantique composant les étoiles à neutrons. Ils auraient pu participer également à la « soupe » de particules hautement interactives apparue peu après le Big Bang.

Référence

[Submitted on 8 Apr 2024]
In-situ Imaging of a Single-Atom Wave Packet in Continuous Space

Joris VerstratenKunlun DaiMaxime DixmeriasBruno PeaudecerfTim de JonghTarik Yefsah

The wave nature of matter remains one of the most striking aspects of quantum mechanics. Since its inception, a wealth of experiments has demonstrated the interference, diffraction or scattering of massive particles. More recently, experiments with ever increasing control and resolution have allowed imaging the wavefunction of individual atoms. Here, we use quantum gas microscopy to image the in-situ spatial distribution of deterministically prepared single-atom wave packets as they expand in a plane. We achieve this by controllably projecting the expanding wavefunction onto the sites of a deep optical lattice and subsequently performing single-atom imaging. The protocol established here for imaging extended wave packets via quantum gas microscopy is readily applicable to the wavefunction of interacting many-body systems in continuous space, promising a direct access to their microscopic properties, including spatial correlation functions up to high order and large distances.

Comments:12 pages, 11 figures
Subjects:Quantum Physics (quant-ph); Quantum Gases (cond-mat.quant-gas); Atomic Physics (physics.atom-ph)
Cite as:arXiv:2404.05699 [quant-ph]
 (or arXiv:2404.05699v1 [quant-ph] for this version)
 https://doi.org/10.48550/arXiv.2404.05699 Focus to learn more

10/05/2024 La grippe aviaire menace-t-elle l’espèce humaine ?

La grippe dite aviaire est causée par la souche pathogène du virus H5N1 qui a tué des millions d’oiseaux et un nombre indéterminé de mammifères depuis trois ans

Cette souche est apparue chez les oies domestiques en Chine en 1997 et s’est rapidement propagée à l’humain en Asie du Sud-Est, avec un taux de mortalité de 40 à 50 %. En 2005 elle a causé la mort de civettes palmistes d’Owston, un mammifère menacé d’extinction, qui faisaient partie d’un programme d’élevage en captivité dans le parc national de Cuc Phuong, au Viêt Nam.

On ignore comment ces bêtes ont contracté la grippe aviaire. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de vers de terre, de sorte qu’elles n’ont pas été infectées par la consommation de volailles malades, comme c’est arrivé pour des tigres en captivité de la région. On ignore comment ces bêtes ont contracté la grippe aviaire. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de vers de terre, de sorte qu’elles n’ont pas été infectées par la consommation de volailles malades, comme c’est arrivé pour des tigres en captivité de la région.

Jusqu’en décembre 2005, la plupart des infections confirmées avaient été trouvées dans quelques zoos et refuges en Thaïlande et au Cambodge. Une étude de 2006 a montré que près de la moitié (48 %) des différents groupes d’oiseaux (ou « ordres », selon les taxonomistes) comportaient une espèce chez laquelle on avait signalé des cas de mort par la grippe aviaire. Ces 13 ordres représentent 84 % de toutes les espèces d’oiseaux.

Parmi les mammifères qu’on sait avoir été exposés à la grippe aviaire au début des années 2000, on compte des primates, des rongeurs, des porcs et des lapins. De grands carnivores tels que des tigres du Bengale et des panthères nébuleuses en sont morts, ainsi que des chats domestiques. Des animaux de zoo ayant mangé des volailles infectées figurent parmi les premières victimes de la grippe aviaire.

L’étude de 2006 montrait la facilité avec laquelle ce virus franchit la barrière d’espèce et suggérait qu’il pourrait un jour constituer une menace pandémique pour la biodiversité mondiale.

C’est bien ce qui est en train de se produire.

Près de vingt ans plus tard, la grippe aviaire tue des espèces de l’Extrême-Arctique jusqu’à la péninsule antarctique. Ces dernières années, la grippe aviaire s’est rapidement propagée en Europe et s’est infiltrée en Amérique du Nord et du Sud, causant la mort de millions de volailles et de diverses espèces d’oiseaux et de mammifères. Selon un récent article, 26 pays ont signalé la mort de mammifères d’au moins 48 espèces différentes des suites du virus depuis 2020, date de la dernière évaluation du nombre d’infections.

Même l’océan n’est pas à l’abri. Depuis 2020, 13 espèces de mammifères aquatiques ont été touchées, notamment des otaries, des marsouins et des dauphins, dont certaines meurent par milliers en Amérique du Sud. Il est désormais confirmé qu’un grand nombre de mammifères charognards et prédateurs vivant sur la terre ferme, tels que des cougars, des lynx, et des ours bruns, noirs et polaires, sont également affectés.

Le Royaume-Uni à lui seul a perdu plus de 75 % de ses grands labbes et a connu un déclin de 25 % de ses fous de Bassan. Le déclin récent des sternes caugek (35 %) et des sternes pierregarin (42 %) est aussi causé en grande partie par le virus.

Les scientifiques n’ont pas encore réussi à séquencer complètement le virus chez toutes les espèces touchées. La recherche et une surveillance soutenue pourraient nous indiquer dans quelle mesure il peut s’adapter et s’il peut s’étendre à d’autres espèces. Nous savons qu’il infecte déjà des humains – avec quelques mutations génétiques, il risque de devenir plus contagieux.

Chez les humains, du 1er janvier 2003 au 21 décembre 2023, on a rapporté 882 cas d’infection humaine par le virus H5N1 dans 23 pays, dont 461 (52 %) ont été fatals.

Plus de la moitié des morts se sont produites au Viêt Nam, en Chine, au Cambodge et au Laos. Des infections transmises de volaille à humain ont été enregistrées pour la première fois au Cambodge en décembre 2003. On a signalé des cas sporadiques jusqu’en 2014, puis on a observé une interruption jusqu’en 2023, où il y a eu 41 décès pour 64 cas. On a détecté le sous-type H5N1 chez des volailles au Cambodge depuis 2014.

Au début des années 2000, le virus H5N1 en circulation avait un taux de mortalité élevé chez les humains.

Les sous-types H5 de la grippe aviaire ne sont pas les seuls à préoccuper. Le virus H10N1 a été isolé à l’origine chez des oiseaux sauvages en Corée du Sud. On a signalé sa présence dans des échantillons provenant de Chine et de Mongolie.

Des recherches récentes ont montré que ces sous-types de virus étaient pathogènes chez des souris et des furets de laboratoire et qu’ils pourraient infecter les humains. La première personne dont l’infection par le virus H10N5 a été confirmée est décédée en Chine le 27 janvier 2024, mais elle était également atteinte d’une grippe saisonnière (H3N2). Elle avait été en contact avec des volailles vivantes qui se sont révélées positives pour le virus H10N5.

Des espèces menacées d’extinction ont connu des morts de la grippe aviaire au cours des trois dernières années. On vient de confirmer que le virus a fait ses premières victimes dans la péninsule antarctique chez les grands labbes, ce qui constitue une menace imminente pour les colonies de pingouins dont les grands labbes mangent les œufs et les poussins. Le virus a déjà tué des manchots de Humboldt au Chili.

Comment peut-on endiguer ce tsunami de H5N1 et d’autres grippes aviaires  ? Il faut revoir complètement la production de volaille à l’échelle mondiale et rendre les exploitations autosuffisantes en matière d’élevage d’œufs et de poussins au lieu d’en faire l’exportation. En outre, la tendance aux mégafermes de plus d’un million d’oiseaux doit être enrayée. Les élevages intensifs de volailles représentent aujourd’hui le principal incubateur du virus.

Source

https://theconversation.com/the-next-pandemic-its-already-here-for-earths-wildlife-222306

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09/05/2024 Le projet de futur accélérateur de particules du CERN

L’organisation européenne pour la recherche nucléaire, CERN, se fait actuellement reprocher son projet de nouvel accélérateur de particules dit FCC, Il serait à la fois inutile, trop grand, trop coûteux et ne répondant à aucun besoin. Il faut se souvenir que les mêmes critiques avaient été portées contre le Grand Collisionneur à Hadrons de ce même CERN (Large Hadron Collider LHC) dont les découvertes ne cessent aujourd’hui de s’enchaîner. C’est notamment grâce à lui qu’a été observé le boson de Higgs en 2012

(voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Boson_de_Higgs)

Le FCC («collisionneur circulaire futur») sera il est vrai, trois fois plus long que l’accélérateur actuel. A quoi pourra-t-il servir ?

La recherche fondamentale est imprévisible, car elle explore l’inconnu. Bien que plusieurs importantes hypothèses scientifiques soient déjà au programme du FCC, ainsi que les futurs développements techniques qui iront avec, ses retombées exactes restent encore difficiles à estimer.

Rappelons que la découverte du boson de Higgs a conduit à de nouvelles questions : quel a été le rôle du boson de Higgs dans le Big Bang, et comment a-t-il influencé l’évolution de l’Univers ? Le boson de Higgs peut-il apporter des réponses sur certains points que le Modèle standard ne sait pas expliquer, comme la matière noire et l’excédent de matière par rapport à l’antimatière ?

La réponse à ces questions peut se trouver dans la grande diversité des scénarios actuels de physique au-delà du Modèle standard. Certains scénarios supposent l’existence de nouvelles particules plus lourdes, hors d’atteinte du LHC, accessibles par des installations atteignant des énergies plus élevées. D’autres supposent l’existence de particules plus légères interagissant très faiblement avec les particules du Modèle standard, et dont la détection suppose d’énormes quantités de données, et une grande sensibilité des détecteurs pour des signaux difficiles à percevoir.

Grâce aux avancées considérables en matière de sensibilité et de précision qu’apporterait le FCC-ee, et, ultérieurement, grâce à l’énergie largement supérieure à celle du LHC qu’atteindrait le FCC-hh, le programme FCC donnerait aux physiciens la possibilité d’explorer complètement ce panorama.

Le CERN dispose de plusieurs options pour ce faire, avec notamment de futurs collisionneurs, circulaires ou linéaires. Étant donné la légèreté du boson de Higgs et l’absence à ce jour de découverte d’autres nouvelles particules élémentaires, les collisionneurs circulaires dits e+e- sont des options séduisantes par rapport aux machines linéaires. Ces machines offriraient une luminosité notablement supérieure et pourraient accueillir jusqu’à quatre expériences, tout en constituant une infrastructure pour un collisionneur de hadrons ultérieur.

Pour en savoir plus : voir « FCC: The Physics Case » dans la revue CERN Courier.

08/05/2024 Nouvelles études concernant la matière noire

Depuis des décennies, la matière noire inquiète des scientifiques. Omniprésente dans l’univers, elle constitue environ 85 % de sa masse totale, mais échappe à tous les instruments de mesure. Invisible à l’œil nu, elle se manifeste uniquement par son attraction gravitationnelle sur la matière visible, celle des étoiles et des galaxies. D’où vient-elle ? De quoi est-elle faite ? Comment interagit-elle avec l’univers visible ?

Pour tenter de percer les secrets de la matière noire, les scientifiques mettent en place des télescopes sophistiqués, des expériences souterraines, des simulations cosmiques poussées. Une étude  récemment publiée dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society dont on trouvera ci-dessous les références et l’abstract vise à améliorer la compréhension de la matière noire

Contrairement à la matière ordinaire, composée de protons, neutrons et électrons, la matière noire ne se laisse pas observer par nos instruments. Elle ne rayonne ni n’absorbe la lumière. Elle se dévoile uniquement par son influence gravitationnelle sur la matière visible, comme les étoiles et les galaxies. C’est grâce à cette attraction gravitationnelle que les scientifiques ont pu déduire son existence et estimer sa masse.

L’idée de l’existence de la matière noire a été proposée pour la première fois dans les années 1930 par l’astronome suisse Fritz Zwicky. Toutefois, c’est réellement au cours des dernières décennies que son existence et son importance ont été progressivement confirmées par des observations astronomiques et des analyses théoriques.

Sa composition exacte demeure encore de nos jours un mystère. On ignore si elle est constituée de particules déjà connues ou d’une nouvelle forme de matière. Les hypothèses abondent : axions, WIMPs (Weakly interacting massive particles), neutrinos stériles…

Si son existence est largement admise au sein du modèle cosmologique standard ΛCDM ou Lambda CDM, elle n’en demeure pas moins sujette à de nombreux débats. Le modèle ΛCDM est un cadre théorique constitué à partir des observations et des principes du modèle standard du Big Bang décrivant l’Univers comme principalement composé de matière noire froide (CDM) et d’énergie sombre (Λ) tout en supposant que l’univers soit considéré comme plat dans ses dimensions spatiales.

Cependant certains modèles alternatifs remettent en question la nécessité de la matière noire, la considérant comme un artefact artificiel introduit pour expliquer des observations cosmologiques encore mal comprises. Ces modèles alternatifs sont la théorie de la gravité modifiée ou de gravité scalaire-tenseur, les théories branaires ou les modifications de la relativité générale. Il s’agit d’expliquer les observations cosmologiques sans recourir à la matière noire. Toutefois, n’ont pas encore fait leurs preuves et n’ont pas de quoi rivaliser avec le modèle ΛCDM, qui reste actuellement le modèle dominant en cosmologie.

L’étude dont il était question dans l’introduction, a été menée par des chercheurs de l’UC Irvine et dirigée par Francisco Mercado. Ces derniers ont développé une approche inédite pour apporter de nouveaux éléments à la théorie de l’existence de la matière noire.  En s’appuyant sur des simulations informatiques sophistiquées, les chercheurs ont comparé les prédictions de deux modèles : l’un avec matière noire et l’autre sans.

Les simulations ont révélé que de nombreuses caractéristiques observées dans les galaxies réelles, telles que leur distribution et leur mouvement, sont naturellement expliquées par le modèle ΛCDM avec matière noire. En revanche, ces mêmes caractéristiques s’avèrent difficiles à reproduire dans le modèle alternatif sans matière noire. Cette étude apporte donc un soutien supplémentaire au modèle ΛCDM, suggérant que la matière noire joue un rôle crucial dans la structure et l’évolution de l’univers

Même si l’existence de la matière semble aujourd’hui admise, ses propriétés fondamentales et sa composition exacte sont encore sujettes à recherche. Les études récentes comme celles menées par Mercado et son équipe fournissent des preuves solides soutenant son existence.

  • Référence
Hooks & Bends in the radial acceleration relation: discriminatory tests for dark matter and MOND 

Francisco J Mercado, James S Bullock, Jorge Moreno, Michael Boylan-Kolchin, Philip F Hopkins, Andrew Wetzel, Claude-André Faucher-Giguère, Jenna Samuel

Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, Volume 530, Issue 2, May 2024, Pages 1349–1362, https://doi.org/10.1093/mnras/stae819

16 April 2024

ABSTRACT

    The radial acceleration relation (RAR) connects the total gravitational acceleration of a galaxy at a given radius, atot(r), with that accounted for by baryons at the same radius, abar(r). The shape and tightness of the RAR for rotationally-supported galaxies have characteristics in line with MOdified Newtonian Dynamics (MOND) and can also arise within the cosmological constant + cold dark matter (ΛCDM) paradigm. We use zoom simulations of 20 galaxies with stellar masses of M ≃ 107–11 M to study the RAR in the FIRE-2 simulations. We highlight the existence of simulated galaxies with non-monotonic RAR tracks that ‘hook’ down from the average relation. These hooks are challenging to explain in Modified Inertia theories of MOND, but naturally arise in all of our ΛCDM-simulated galaxies that are dark-matter dominated at small radii and have feedback-induced cores in their dark matter haloes. We show, analytically and numerically, that downward hooks are expected in such cored haloes because they have non-monotonic acceleration profiles. We also extend the relation to accelerations below those traced by disc galaxy rotation curves. In this regime, our simulations exhibit ‘bends’ off of the MOND-inspired extrapolation of the RAR, which, at large radii, approach atot ≈ abar/fb, where fb is the cosmic baryon fraction. Future efforts to search for these hooks and bends in real galaxies will provide interesting tests for MOND and ΛCDM.

    08/05/2023 Un succès pour WEST … et pour ITER

    Le réacteur WEST (Tungsten (W) Environment in Steady-state Tokamak,, basé en France, est resté allumé pendant 6 minutes à 50 millions de degrés. Ce réacteur à fusion expérimental est opéré par le CEA francais. Il fait partie d’un groupe de Recherche dit CICLOP Coordination on International Challenges on Long duration OPeration  rattaché l’Agence Agence internationale de l’énergie atomique Un bulletin d’information est en cours de rédaction et sera publié dans les prochaines semaines

    Selon Xavier Litaudon, membre du CEA et président de CICLOP, il s’agit d’un excellent résultat. Remi Dumont, également membre du CEA et chef de l’ Experimentation & Plasma Development Group dépendant  de l’Institute for Magnetic Fusion Research a été le coordonnateur scientifique de l’expérience . Il parle de « résultat spectaculaire »;

    C’est en effet la promesse d’une énergie décarbonée et quasi illimitée qui se précise à l’échelle du siècle . Pour y parvenir, il faut créer un soleil artificiel , ce qui consiste à reproduire, en laboratoire, les réactions physiques ayant lieu au cœur du soleil et des étoiles.

    L’une de ces installations, basée en France, vient de battre un record. Lors d’un test effectué lors de ce printemps 2024, le réacteur WEST est resté allumé à 50 millions de degrés pendant exactement 6 minutes, a-t-on appris le 6 mai. Ceci dans un dans un « tokamak ».

    Rappelons que le plus gros projet de réacteur à fusion nucléaire du monde est ITER, situé à Cadarache, dans le sud de la France, avec un budget estimé à 19 milliards d’euros. Encore en construction, et programmé pour la décennie 2030, il devra monter à 150 millions de degrés et parvenir à s’auto-entretenir. C’est-à-dire, générer plus d’énergie qu’on lui en insère afin que le réacteur se maintienne lui-même dans le temps et qu’il soit rentable énergétiquement.

    D’ici sa première réaction de fusion, de petits réacteurs du même genre, continuent d’expérimenter afin de résoudre peu à peu les problèmes physiques du procédé. Ce n’est pas la première fois qu’un réacteur à fusion nucléaire atteint 50 millions de degrés. En Corée, le tokamak est monté à 100 millions de degrés en 2023, mais pendant 30 secondes puis, en 2024, durant 48 secondes. Les 6 minutes obtenues par WEST constituent donc une étape importante pour que l’on sache maintenir du plasma très chaud dans le temps.

    Les équipes de WEST essayent notamment de résoudre la question des parois, qui doivent supporter la chaleur générée par le plasma, mais aussi permettre de récupérer l’énergie via le flux de neutrons généré par la réaction. Initialement, les tokamaks utilisaient des murs en carbone, mais ces derniers absorbaient le tritium utilisé (l’un des deux isotopes utilisés comme « carburant »). Depuis une décennie, les ingénieurs de WEST testent du tungstène, qui n’a pas ce défaut et qui résiste bien à la chaleur.  Mais l’environnement des parois en tungstène est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre que le carbone.   Le premier tokamak réellement utilisable ne le sera pas avant les années 2050.

    Pour plus de détails, voir

    https://www.pppl.gov/news/2024/fusion-record-set-tungsten-tokamak-west

    07/05/2024. Les lumières de l’Europe s’éteignent

    Nous avons reçu ce texte, que nous sommes heureux de republier

    source https://ripostelaique.com/les-lumieres-de-leurope-seteignent.html

    L’Europe est aujourd’hui profondément affaiblie et cette situation trouve ses prémices dans les années 1980, et malheureusement, s’est considérablement aggravée dans les cinq dernières années.

    Commençons par l’économie. Pour ce qui concerne l’agriculture, la révolte des paysans parle d’elle-même. Les hommes des villes affament les hommes des champs qui pourtant les nourrissent. Dans l’industrie, un événement absolument symbolique vient de survenir dans l’indifférence des médias : la dernière aciérie de Grande-Bretagne va fermer. Oui, la dernière aciérie de cette Angleterre où est née la Révolution industrielle grâce à l’extraction simultanée du charbon et du fer, ce qui a permis le développement de la société industrielle moderne et contemporaine, du chemin de fer au gratte-ciel, de la voiture automobile à la centrale nucléaire. L’acier qui permettrait au passage de fabriquer des obus d’artillerie, mais là, je m’égare.

    Alors pourquoi cette dernière aciérie va-t-elle fermer ? Parce que les nouveaux coûts de l’énergie en Europe ne permettent plus de rentabilité. En Allemagne, les groupes industriels déménagent vers l’Amérique. BASF s’en va. Les ménages paient plus cher le gaz, les pétroliers américains se gavent de profits quand ils livrent du gaz, et s’ils n’en livrent pas, on en achète en sous-main aux Russes, au double du prix d’avant, et les Verts allemands sont contents.

    Et tout cela parce que des élites dirigeantes ont pris ou avalisé des mauvaises décisions politiques, économiques, géostratégiques, pour des raisons de politique politicienne locale à court terme, ou par idéologie, ou par complaisance vis-à-vis de leurs mentors. De Madame Thatcher pour les mines à Madame Merkel pour le nucléaire et à Monsieur Macron pour les sanctions illusoires et contre-productives.

    La défense, pilier de la souveraineté, n’en parlons pas. Même en créant de la dette à une vitesse vertigineuse, on ne peut pas simultanément entretenir les moyens de la puissance militaire, loger les migrants et investir dans l’impasse de la transition écologique. Donc les arsenaux sont vides, et faute d’argent, l’Allemagne renonce à ses projets de rééquipement militaire, car elle, qu’on disait si prospère, en est maintenant à cent milliards près.

    Dans le domaine de l’éducation et de la culture, on commente une fois par an les résultats du classement Pisa, et le lendemain, on passe à autre chose, de toute façon, les champions ne sont plus en Europe, il ne s’agit plus aujourd’hui de correction de la langue, mais de sa simple compréhension la plus basique. Le niveau mathématique est en chute, les sciences exactes sont délaissées, ce qui induit une baisse du niveau de la recherche fondamentale et appliquée.
    Les finances publiques sont exsangues, avec des niveaux de dette jamais atteints en temps de paix.

    Réjouissons-nous ! Il nous restait le rayonnement de l’Europe. Rayonnement culturel, rayonnement technique et scientifique, autorité morale. Pour nous Français, le château de Versailles, la fusée Ariane et la Déclaration universelle des Droits de l’Homme réunis dans un triptyque magique. Un château de Versailles qu’on ferme régulièrement à cause des menaces d’hallucinés armés de couteaux de cuisine. La fusée Ariane qui perd des parts de marché malgré ses qualités indéniables. Et la moraline politique de la philosophie des Lumières, dont plus personne ne veut dans le monde, car les Lumières sont éteintes. Les Lumières sont éteintes, c’est le sous-titre d’un ouvrage récent de Michel Maffesoli, et comme dans ses œuvres précédentes, Maffesoli y pointe la fin d’un cycle historique. Le problème n’est plus de discuter si les Lumières sont fondées ou non en raison.

    Le fait majeur et qui échappe à toute discussion, c’est que le monde extérieur ne veut pas de nos Lumières. Ni de ses avatars successifs, individualisme, nihilisme, wokisme, mondialisme, LGBTisme. Il n’en veut pas. Et maintenant, il ose le dire, et c’est ça qui est nouveau.

    Il faut sans doute nuancer un jugement aussi sévère. Plus profondément, est-ce que c’est l’Europe qui s’affaiblit, ou est-ce que c’est l’Occident dont l’Europe n’est plus aujourd’hui qu’un appendice passif ? Et je pense que oui, c’est l’Occident plus que l’Europe qui est en cause. La notion d’Occident a une longue histoire, plus de mille ans. Mais l’Occident contemporain s’est cristallisé en 1956, lors de la guerre de Suez où les Etats-Unis ont mis fin aux dernières aspirations de la France et de la Grande-Bretagne à une autonomie stratégique, politique et militaire.

    Le centre de gravité se trouve aujourd’hui dans les puissances anglo-saxonnes. Le rattachement à l’Occident d’une dimension indo-pacifique avec la Corée du Sud, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, tout cela a fait de l’Europe une zone périphérique, secondaire, corvéable par le suzerain. On peut même la sacrifier aux intérêts de l’Empire.

    Les néo-conservateurs qui dirigent les Etats-Unis ont deux buts de guerre simultanés, en Ukraine.
    1 – Le démantèlement de la Russie pour exploiter ses richesses, pour l’instant, ça ne marche pas.
    2 – L’affaiblissement durable de l’économie européenne qui est un concurrent gênant, et pour l’instant, ça marche.

    Aujourd’hui, et le sabotage de Nord Stream le montre, l’Occident est un adversaire de l’Europe. Je n’aurais pas dit ça il y a trente ans, mais le monde change. En réalité, le monde a déjà changé.

    Les BRICS, qui ne sont plus cinq mais dix, dépassent largement le G7 en population et en production de richesses en parité de pouvoir d’achat.
    Nous sommes déclassés et le monde extérieur à l’Occident veut maintenant qu’on lui fiche la paix, et que nous nous occupions de nos affaires plutôt que des leurs. Qu’est-ce qu’il y a de commun aux revendications du monde contemporain tel qu’il a commencé à se former au tournant du XXIe siècle ? Qu’y a-t-il de commun à la junte nigérienne, au président du Kenya, au Premier ministre de l’Inde et à Vladimir Poutine ? Ils nous disent tous : « Fichez-nous la paix, et occupez-vous de vos oignons ». La junte nigérienne dit au président Macron : « Au lieu de nous donner des leçons de gouvernance, occupez-vous de vos pauvres et de vos populations mécontentes qui manifestent ».

    Le Kenya dit à l’Amérique : « Arrêtez de vouloir nous imposer votre code civil avec vos normes sociétales et sexuelles délirantes, contraires à nos traditions africaines. Arrêtez de vouloir nous imposer vos règles commerciales. Arrêtez de nous menacer de sanctions. Arrêtez de nous imposer le dollar pour nos échanges ». Le Kenya ne veut pas du mariage gay, mais il veut acheter son gaz à qui lui plaît, c’est-à-dire au Qatar et le payer en schillings kenyans et pas en dollars.. Est-ce qu’on peut, M. Biden ou M. Obama, oui ou non, est-ce qu’on peut vivre comme on l’entend, quand on est kenyan ou qatari ?

    Du côté de l’Inde, le Premier ministre Modi dit aux Anglo-Saxons : « Nous renonçons au privilège de la langue anglaise pour tout ce qui concerne désormais nos affaires administratives, commerciales et judiciaires internes. Nous préférons utiliser nos propres langues ». Et puis l’Inde va changer de nom, l’Inde s’appellera dorénavant Bharat, parce que Inde est un nom qui nous a été donné par l’étranger et que Bharat était déjà notre nom dans les grandes épopées indo-européennes du Rig-Véda du ? (je n’ai pas compris).

    Dans la révolte de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global, il y a souvent une dimension identitaire et culturelle qui bien entendu échappe à nos élites mondialistes. Et le président Poutine dit la même chose à Biden : « Occupez-vous de vos frontières passoires au lieu des nôtres. Occupez-vous des cartels de la drogue qui empoisonnent votre jeunesse. Occupez-vous de vos millions de pauvres et de sans abri, de la criminalité, de vos 35 000 milliards de dollars de dette publique. Votre modèle de société, de gouvernance et de commerce est-il donc si efficace, si attractif, qu’il vous faille entretenir plus de 600 bases militaires hors des Etats-Unis, simplement pour maintenir le système. Du haut de mes mille ans d’histoire, moi Poutine, je contemple les prémices de votre deuxième guerre civile ».

    C’est un diagnostic sévère que le monde porte sur l’Occident, mais il est partagé par des forces croissantes en nombre au sein même de l’Occident Nord-américain et européen. Occupez-vous de nos oignons, c’est ce que les agriculteurs français, allemands, néerlandais, polonais, espagnols, disent aux dirigeants nationaux et bruxellois.

    C’est le sens de la révolte de l’Etat du Texas contre le gouvernement fédéral américain. Pour des raisons idéologiques, le gouvernement Biden laisse grandes ouvertes les frontières, il s’oppose même à ce que le Texas ait sa frontière lui-même, essaie par lui-même d’endiguer la marée humaine avec ses propres moyens. Alors, le gouverneur du Texas, Gregory Abbott, dit à Biden : « Cessez de dilapider par milliards les dollars du contribuable américain pour financer à l’infini vos guerres impérialistes. Arrêtez la corruption délirante des pouvoir exécutif et législatif à Washington. Occupez-vous de nos oignons ».

    Est-ce là un cri du cœur isolé de la part du gouverneur Abbott ? Aucunement, puisque Abbott a le soutien actif de vingt-cinq autres gouverneurs d’Etat sur cinquante.

    Donald Trump ne tient pas d’autre discours. LCI ou BFMTV ne cessent de le dénigrer pour ses cheveux orange, ses outrances oratoires, et sa prétendue misogynie. Mais ils se gardent bien d’insister sur le fait que, parmi les priorités de Trump, s’il est réélu, il y aura une réduction importante des budgets de l’OTAN, dont les menées bellicistes et coûteuses ont dénaturé l’objectif initial de l’alliance, l’OTAN, et ruiné les finances publiques américaines. Et dans l’attente de l’élection de Novembre, les élites occidentales sont en panique totale.

    Alors, face à tout ça, on se rappelle, au moins pour les plus anciens, on se rappelle le slogan de Raymond Cartier, le grand reporter de Paris Match dans les années 50 et 60 : « La Corrèze avant le Zambèze ! La Corrèze avant le Zambèze ! Il paraît que ce bon mot est apocryphe, mais il n’en demeure pas moins pertinent et d’une brûlante actualité.

    L’Occident en tant qu’Occident donneur de leçons, fait l’objet au moins d’une déchéance, au plus d’une détestation mondiale. Et nous autres Européens de l’Ouest en tant que nous sommes à la remorque de cet Occident, nous sommes assimilés à lui et nous pâtissons de son image. Quelles sont les racines du mal ? Certaines sont bien connues, d’autres ont été, je pense, sous-estimées.

    La chute de l’URSS et le revirement de la politique économique de la Chine, il y a trente ans, ont fonctionné comme un amplificateur de l’arrogance de l’Occident. L’Occident, se croyant libéré à tout jamais de tout rival possible, l’Occident a cru pouvoir proclamer la fin de l’histoire à son profit. Le modèle parfait, ultime, définitif, de société, de gouvernement, d’économie que nous incarnions, allait tout naturellement s’imposer comme une vérité qui se révélerait aux yeux de l’humanité, laquelle adopterait un modèle unique et universel.

    Et l’arrogance des dirigeants occidentaux est sans limite. Les peuples réticents au modèle sont réputés des arriérés. Le dirigeant occidental est un prétendu pédagogue, mais méprisant, insultant, les exemples en sont légion. Il y en a deux qui m’amusent particulièrement, c’est le président Macron donnant des leçons de bonne gouvernance politique et économique aux Libanais, faut quand même le faire. Et le président Sarkozy invitant les Africains à enfin entrer dans l’histoire. Celle-là est quand même un peu forte de la part d’un dirigeant dont l’acte politique majeur a été la ratification contre l’avis de son peuple d’un traité européen qui consiste justement à vouloir faire sortir la France de l’histoire.

    Quand malgré toutes ces leçons, les peuples et les dirigeants répugnent à abandonner leurs spécificités et leur autonomie de décision, les Occidentaux psychiatrisent les déviants, tout comme l’URSS psychiatrisait les opposants au régime. Tous des fous, partisans des forces du mal, qu’il faut exclure de la communauté internationale. D’où l’obsession des Occidentaux pour les sanctions et pour les changements de régime qui supposent l’organisation de coups d’Etat à répétition ou le lancement de nouvelles aventures militaires. Et c’est comme ça depuis trente ans.

    L’une des manifestations les plus emblématiques à la fois de l’arrogance de l’Occident et de son déclin, c’est la disparition de la diplomatie. La diplomatie, c’est un truc qui a été inventé en même temps que les premiers Etats, il y a quatre mille ans. La diplomatie suppose deux principes.

    Premier principe. Il faut accepter de parler avec des gens avec lesquels on a des conflits ou des rivalités d’intérêts.

    Deuxième principe. Il faut se renseigner sur l’autre, comprendre quelle vision, lui, peut avoir de ses intérêts propres, sans quoi on ne peut pas négocier.

    Or, le maître mot de la politique occidentale aujourd’hui, c’est qu’il y a des gens à qui on ne parle pas et qu’on n’essaie même pas de connaître. Tout l’Occident a été contaminé par l’exceptionnalisme américain. Cette notion fondamentale d’exceptionnalisme signifie que le gouvernement américain a cette capacité, ce droit unique, exorbitant, à définir ce qui est bon pour les autres pays, pour les autres sociétés, pour les autres peuples. C’est un héritage politique, mystique et messianique de l’idée de peuple élu qui sous-tend toute l’histoire des Etats-Unis.

    Et l’effondrement du niveau diplomatique de l’Occident est une manifestation directe, tout à la fois de son arrogance exceptionnaliste et de sa profonde médiocrité. En cinquante ans, entre l’époque de Kissinger, un géant, et celle de Blinken, un nain, l’Occident a perdu quarante points de quotient intellectuel.
    Et pour ce qui concerne la diplomatie française, elle n’existe plus. Et je considère que la suppression du corps diplomatique de carrière par le président Macron est une des rares décisions cohérentes qu’il ait prises à ce jour, même si elle est perverse.

    Médiocrité partout. Médiocrité en tous domaines. Et médiocre l’idée de mener une guerre industrielle contre des concurrents largement supérieurs en capacités de production. On voit le résultat en Ukraine et on le verra demain encore davantage si l’Occident attaque la Chine, ce qu’à Dieu ne plaise.
    C’est médiocre d’investir des dizaines de milliards dans des filières technologiques sans avenir, ou de tout miser sur des technologies qui nous mettent dans des situations de dépendance insolubles. Par exemple, le choix de batterie pour les véhicules électriques, qui suppose le recours à des minéraux dont la Chine représente 75 % des capacités d’extraction et 98 % des capacités de raffinage. Car la Chine a dix ans d’avance dans ce domaine et ne veut bien entendu pas partager ses savoir-faire.

    Et c’est médiocre encore d’ignorer les lois élémentaires de l’économie. Monsieur Le Maire, vous méprisez le petit peuple. Mais un petit boulanger, lui, il sait qu’il ne peut pas se fâcher avec le fournisseur de farine qui lui fait les meilleurs prix du marché.

    Avec vos 115 % de dette publique sur le PIB et une économie de services, pensiez-vous vraiment donner des leçons de bonne gestion à un pays qui a seulement 15 % de dette publique et dont le secteur industriel pèse 30 % du PIB ? Ce n’est pas la Covid, ce n’est pas la guerre en Ukraine qui nous affaiblissent durablement, c’est le traitement politique médiocre de ces événements.
    Médiocrité culturelle, ignorance crasse de l’histoire et de la géographie, sans lesquelles il n’y a pas de politique. On peut comme George W Bush devenir président des Etats-Unis et dire :
    « Nous avons un problème, la frontière entre l’Irak et l’Afghanistan est trop poreuse, en ignorant par le fait qu’il n’y a pas un kilomètre de frontière entre l’Irak et l’Afghanistan, et qu’ils sont séparés depuis seulement 2500 ans par l’une des plus grandes civilisations de l’histoire, la Perse, aujourd’hui l’Iran, avec des capacités scientifiques majeures, notamment son école mathématique.
    On peut, comme monsieur Macron, être candidat à la présidence de la République française et dire que la Guyane est une île.

    Et médiocre aussi le fait de s’auto-intoxiquer de sa propre propagande. Un journaliste, un Autrichien, je crois, disait déjà dans les années 30 : « Les guerres commencent quand les politiques mentent aux journalistes, et quand le lendemain, ils croient ce qu’il y a d’écrit dans les journaux ». Ce n’est pas idiot.

    La société occidentale est une société du mensonge et nos dirigeants finissent par fonder leurs décisions sur leurs propres mensonges. Et quand on sait que la société du mensonge mène inévitablement à une société de la censure, on ne peut s’étonner de la dérive totalitaire des sociétés occidentales.

    J’ai déjà eu l’occasion de le dire à cette tribune, à propos des grandes catastrophes industrielles de notre histoire récente comme Alcatel, j’avais dit : nous avons de grandes écoles, mais nous avons de faibles élites. Il faudra un jour approfondir la notion d’ignorant diplômé et essayer de comprendre les mécanismes qui sélectionnent en Occident depuis trente ans cette population d’ignorants-diplômés pour exercer le pouvoir. Je pense que ce serait un bon sujet de colloque pour l’Iliade, car ce n’est pas une voie de nature que d’être dirigé par des médiocres en Europe.

    La ressource existe dans tous les domaines, politique, économique, technique et scientifique, et l’on voit, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, que de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les manifestations et les causes du mal qui ronge l’Occident et qui fait se dresser le reste du monde contre lui.
    Pour cela, il faut avoir un objectif et une stratégie. L’objectif pour l’Europe ou pour certains pays européens, c’est de retrouver une indépendance au milieu de ce naufrage qu’est aujourd’hui l’Occident. Pour cela, il faut retrouver les voies de la différenciation et de la diplomatie.

    Nous ne sommes pas supérieurs, nous sommes différents, et comme on l’a vu, le début du déclin de l’Occident contemporain, dans les années 90, ça a coïncidé avec le fantasme d’une homogénéisation du monde, autour de concept politiques et économiques prétendument universels et sur la base d’une prétendue supériorité intellectuelle, managériale, technico-scientifique, que les faits démentent aujourd’hui.

    En faisant le constat lucide de nos forces et de nos faiblesses, qu’elles soient structurelles comme conjoncturelles, nous devons tendre à un nouveau modèle, il nous faut devenir un Empire du Milieu. Oui, comme la Chine, un Empire de notre Milieu.

    La Chine aussi avait fait des erreurs. Après un siècle de déclassement, la Chine de Mao Tsé Toung s’était égarée elle-aussi sur la voie de l’arrogance et vers la diffusion mondiale d’une idéologie et d’un modèle social prétendument universels, le maoïsme. Mais Deng Xiaoping et Xi Jinping ont rendu la Chine à sa Tradition, car la Chine, on l’oublie trop souvent, la Chine a été la principale puissance démographique et économique du monde pendant presque 4000 ans d’affilée, jusque vers 1800, sans avoir pour autant prétendu siniser le monde, comme nous, nous avons eu le fantasme de l’occidentaliser. La Tradition chinoise de l’Empire consiste à gérer politiquement ses marchés. Viktor Orban ne dit pas autre chose ces jours-ci, ses zones tampons. Et pour le reste, sa Tradition consiste à maîtriser à l’intérieur la paix civile, la production, la satisfaction des besoins de la population, et à l’extérieur, le commerce.

    L’avenir le plus raisonnable pour l’Europe, c’est de redevenir un pôle d’équilibre, un pôle raisonnable, après tant d’années d’hubris et de déraison. Alors oui, j’accepte, et même je revendique l’accusation qui nous est faite en permanence par les mondialistes, tant de Davos que de Bruxelles, oui il nous faut pratiquer un salutaire repli sur soi, car il est temps que quelqu’un s’occupe de nos oignons, et que la Corrèze passe avant le Zambèze.

    Mais à l’inverse de ce dont nous accusent les mondialistes, cela ne signifie aucunement se fermer au monde extérieur, tout au contraire. Tout au contraire, aujourd’hui, c’est la médiocrité culturelle et l’idéologie de nos élites qui fait que nous ne nous ouvrons pas vraiment au monde, à sa richesse, à sa diversité, à ses potentiels de partenariat, car l’universalisme est réducteur, il réduit à l’un. Notre différentialisme est une ouverture au monde et à la diversité du monde. Et voilà un des moyens qui nous permettront de réaliser cet objectif d’indépendance au milieu de ce naufrage.

    La stratégie de restauration de notre souveraineté et de notre liberté passe par une remise en cause fondamentale du système. Je partage en tous points les analyses de Donald Trump et de Robert Kennedy junior, les candidats à la prochaine élection aux Etats-Unis, car ces deux candidats divergent sur certains points programmatiques, mais ils posent un constat identique qui est le nôtre. L’urgence, c’est d’assécher le marigot de la capitale fédérale. L’urgence, c’est de mettre un terme à la tyrannie des dirigeants des partis de gouvernement, c’est-à-dire de l’uni parti, parti unique de facto, à la tyrannie des médias, et à la tyrannie de la haute administration publique incompétente et veule qu’on appelle aux Etats-Unis le deep state, l’Etat profond.

    Il est évident que pour ce qui concerne l’Europe, un tel constat, une telle ambition excluent tout espoir de recours à l’Union européenne telle qu’elle est. Albert Einstein disait fort justement que la folie, ça consiste à répéter la même expérience en espérant à chaque fois obtenir un résultat différent.

    Alors, regardons froidement le résultat de quinze ans de traité de Lisbonne, le traitement désastreux de l’épidémie de Covid, les ravages causés en Europe par des sanctions économiques contreproductives, notre détresse énergétique et financière, la montée de la censure, en attendant l’interdiction toujours possible de partis politiques entiers parce que déviants. Car je rappelle que la force principale à la manœuvre en Allemagne pour l’interdiction de l’AFD, ce sont les services secrets du pays, exactement comme aux Etats-Unis, la CIA et le FBI ont été mobilisés pour empêcher Donald Trump de gouverner et d’appliquer son programme.

    Alors non, on ne va pas s’acharner à refaire encore une fois la même expérience, parce que ce serait de la folie. Ne nous faites pas le coup du si ça ne va pas, c’est parce qu’il n’y a pas assez d’Europe. Fini. Terminé.

    Donc le seul débat qui reste avant de voter d’ici quelques semaines est de choisir pour quelle stratégie européenne on opte. Frexit, la sortie pure et simple du système, peut-être. Borexit la mise au pas de la Commission par les Etats membres, l’expulsion de Bruxelles hors des circuits de décision, c’est la stratégie d’Orban qui attend le soutien d’autres dirigeants.

    J’imagine que notre audience aujourd’hui ici est partagée, et je ne vais approfondir ce débat entre Frexit, sortie, et Borexit, éjection de Bruxelles. Ce qui importe, c’est que nous manifestions massivement, chacun selon son option, notre rejet de l’impasse bruxelloise.

    Quel que soit le résultat, l’Europe de l’union européenne restera divisée, et certains pays refuseront de s’émanciper. Ce n’est pas grave. Trois ou quatre nations suffiraient à lancer le mouvement.

    Et pour revenir un instant, une dernière fois aux Etats-Unis, il est évident que la victoire là-bas d’un anti-globaliste provoquerait ici une clarification salutaire des positions nationales.

    En tout cas, il est important de se mobiliser. Le temps presse, car le déclassement de l’Europe est en cours. Et je vous rappelle le mot du général Mac Arthur. Mac Arthur disait :
    « Quand on analyse les raisons d’une défaite, quelle qu’elle soit, on en arrive toujours à la même cause, TROP TARD. On a agi TROP TARD ».
    Alors, gardons-nous d’agir trop tard, car il est aujourd’hui grand temps. Merci.

    Jean Saunier

    Rétrospective intégrale d’une vidéo de Lionel Rondouin, pour l’Institut Iliade.
    Lionel Rondouin, formateur de l’Institut Iliade, diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, a fait carrière au sein des parachutistes des troupes marines.

    Note du comité de rédaction de Europe solidaire

    L’affaiblissement de l’Europe a pris naissance des la Première guerre mondiale avec l’apparition du fascisme italien, suivi du nazisme allemand. L’Italie et l’Allemagne ont combattu les démocraties politiques (France, Grande Bretagne) jusqu’à épuisement démographique et économique réciproque. L’Allemagne en est sortie affaiblie et désarmée. Elle le reste encore aujourd’hui L’empire britannique, sur lequel le soleil était réputé comme ne se couchant pas, a été disloqué au profit de ses ex-colonies d’outre-mer. La Bourse de Londres qui régentait le monde, a vu l’essentiel de ses moyens émigrer à New-York.

    Dans le même temps, les Etats-Unis, protégés de la guerre par la largeur de l’Atlantique, et enrichis par la mise au point et la vente de matériels et technologies militaire avancées, ont pu dès l’entre-deux guerres et surtout dès l’après guerre inonder l’Europe de produits finis et des pratiques économiques et sociales associées ne laissant à celui-ci qu’une marge infime de créativité et d’autonomie commerciale. Encore aujourd’hui, par exemple, le cinéma d’Hollywood fait plus parler de lui que tous ses homologues européens.

    Pendant ce temps, l’URSS qui avait failli disparaître pendant la seconde guerre mondiale mais qui s’en était sortie sous la dictature stalinienne en imposant des millions de morts à ses citoyens, s’était transformée en régime autoritaire capable d’exploiter les considérables réserves de matières premières et de céréales dont elle disposait, au contraire de l’Europe. Confrontée à la concurrence des pays capitalistes, concurrence économique puis rapidement politique et militaire, la Russie sous les présidences de Nikita Khrouchtchev puis de Vladimir Poutine s’était transformée en véritable puissance mondiale, concurrente de l’Europe dans tous les domaines.

    Peu après la Chine, échappant à la domination européenne, avait suivi le même chemin. Autant dire que l’Europe avait perdu tous les atouts dont elle disposait précédemment pour jouer un rôle mondial significatif.

    Employer le terme d’Occident pour désigner les adversaires actuels de la Russie et de la Chine, c’est-à-dire les Etats-Unis et l’Europe, est profondément trompeur. Il laisse penser que l’Europe est restera une alliée des Etats-Unis dans leur lutte contre le reste du monde.

    Si nous voulons utiliser le terme d’Occident, il faudra le réserver aux seuls Etats-Unis. L’Europe doit rester l’Europe, c’est-à-dire une puissance intermédiaire qui se bat pour survivre. Mais cela ne voudra pas dire que l’Europe doive renoncer à être intelligente, notamment et en premier lieu, si elle le peut, dans les sciences et le spatial.

    07/05/2024 Cosmologie. Découverte d’une «anomalie » dans la force de gravité (glitch)

    Des chercheurs de l’Université de Waterloo suggèrent que sur des échelles cosmiques, impliquant des distances se comptant en milliards d’années-lumière, cette théorie pourrait présenter des lacunes. Ils décrivent ce phénomène comme un « glitch cosmique », une anomalie où la force de gravité se révèle être environ 1% plus faible que ce que prédit la théorie. Ce constat ouvre la voie à une possible révision de la théorie pour inclure ces observations.

    Les scientifiques proposent d’ajuster le modèle cosmologique standard, notamment en modifiant la constante gravitationnelle, pour résoudre ces incohérences sans remettre en cause les succès de la relativité générale dans d’autres domaines. Cette approche suggère une extension de la théorie, sans pour autant la renverser.

    Le modèle standard de la cosmologie est le nom donné au modèle cosmologique qui décrit à l’heure actuelle de la façon la plus satisfaisante les grandes étapes de l’histoire de l’univers observable ainsi que son contenu actuel tels qu’ils sont révélés par les observations astronomiques. Il décrit l’Univers comme un espace homogène et isotrope en expansion, sur lequel se superposent de grandes structures formées par l’effondrement gravitationnel d’inhomogénéités primordiales, elles-mêmes formées pendant la phase d’inflation.

    Référence

    Journal of Cosmology and Astroparticle Physics
    https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1475-7516/2024/03/045

    A cosmic glitch in gravity

    Robin Y. Wen1,2, Lukas T. Hergt3, Niayesh Afshordi4,5,6 and Douglas Scott3

    Published 20 March 2024 • © 2024 Journal of Cosmology and Astroparticle PhysicsVolume 2024March 2024

    Abstract

    We investigate a model that modifies general relativity on cosmological scales, specifically by having a `glitch’ in the gravitational constant between the cosmological (super-horizon) and Newtonian (sub-horizon) regimes, as motivated e.g. in the Hořava-Lifshitz proposal or in the Einstein-aether framework. This gives a single-parameter extension to the standard ΛCDM model, which is equivalent to adding a dark energy component, but where the energy density of this component can have either sign. Fitting to data from the Planck satellite, we find that negative contributions are, in fact, preferred. Additionally, we find that roughly one percent weaker superhorizon gravity can somewhat ease the Hubble and clustering tensions in a range of cosmological observations, although at the expense of spoiling fits to the baryonic acoustic oscillation scale in galaxy surveys. Therefore, the extra parametric freedom offered by our model deserves further exploration, and we discuss how future observations may elucidate this potential cosmic glitch in gravity, through a four-fold reduction in statistical uncertainties.