22/05/2023 Les Etats-Unis ne se reconnaissent plus qu’un ennemi potentiel sérieux, la Chine.

Dans la stratégie de sécurité nationale de la nouvelle administration Biden, annoncée le 12 octobre 2022, la Chine est déclarée être le seul véritable État concurrent des États-Unis.

La stratégie précise que « La Chine et la Russie sont de plus en plus étroitement alignées, mais les défis qu’elles présentent sont, à bien des égards, distincts. Notre priorité sera de maintenir un avantage concurrentiel durable face à la Chine tout en maîtrisant une Russie toujours particulièrement dangereuse. »

Le document ajoute que la Russie n’est plus considérée comme un concurrent des États-Unis, bien qu’elle « constitue une menace immédiate et permanente pour la sécurité régionale en Europe et et qu’elle soit une source de désordre et d’instabilité au niveau mondial. Cependant dans aucun domaine elle n’a les capacités de la Chine ».

La Chine n’a qu’une faiblesse, en comparaison avec la Russie, le niveau de ses forces nucléaires stratégiques. Certes, l’industrie russe des armes nucléaires montre de plus en plus de signes de sous-performance qui pourraient affecter ses capacités de frappe effective dans un conflit. Mais la Chine pourrait se servir de la Russie de différentes façons pour parvenir à ses objectifs en matière de développement d’armes nucléaires.

Tout d’abord, la Russie pourrait fournir à la Chine davantage de combustible à base d’uranium pour ses réacteurs. Le 1er mars, Bloomberg a signalé que la Russie avait livré environ 6,5 tonnes d’uranium hautement enrichi à la Chine pour son réacteur nucléaire à neutrons rapides CFR-600 en construction sur l’île de Changbiao, dans le sud-est de la Chine.

Ceci a suscité des inquiétudes parmi les experts américains qui voient dans cette livraison la confirmation que la Russie aide la Chine à renforcer ses forces nucléaires. Les réacteurs à neutrons rapides peuvent en effet produire du plutonium de qualité militaire, qui peut ensuite être utilisé pour fabriquer des armes nucléaires).

Cependant, le réacteur CFR-600 ne pourrait produire des matières fissiles que pour un maximum de 50 ogives par an. La Chine devrait donc se tourner vers des solutions plus rapides pour atteindre ses objectifs en matière de développement nucléaire.

Le moyen le plus rapide et le plus évident serait que la Russie cède certaines de ses têtes nucléaires à la Chine. Mais, le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), que la Russie a ratifié et qui interdit à une partie de transférer ses armes nucléaires à tout destinataire, ne l’autorise pas.

De plus, même en l’absence d’une telle restriction, il est difficile de concevoir que la Russie transfère certaines de ses têtes nucléaires à la Chine. Il ne faut pas oublier que hormis leur alliance circonstancielle, la Russie et la Chine ont eu des conflits frontaliers et des différends territoriaux par le passé ; il est hautement improbable que l’un de ces deux pays se se désarme pour armer l’autre.

Par contre, si le même TNP interdit le transfert de matières brutes ou de produits fissiles spécifiques à un pays non doté d’armes nucléaires, il ne vise pas le transfert de ces matières à un pays doté d’armes nucléaires. La Russie pourrait ainsi fournir à la Chine une certaine quantité de plutonium de qualité militaire sans enfreindre le TNP.

Il existe donc pour la Chine une possibilité juridique et technique d’augmenter considérablement le nombre de ses ogives nucléaires avant 2030. Si cela se produisait , la Chine pourrait devenir le principal concurrent stratégique des États-Unis bien plus rapidement que prévu.

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