Les députés examineront à partir de ce jour lundi 22 mai la loi de programmation militaire, qui doit consacrer 413,3 milliards d’euros au budget des Armées d’ici 2030.
A titre de comparaison, la précédente LPM tablait sur 295 milliards d’euros de dépenses.
Moderniser les armées et s’adapter aux exigences internationales : tel est l’objectif de la nouvelle loi de programmation militaire examinée par les députés à partir du lundi 22 mai. Celle-ci doit définir les grandes orientations de la défense française sur les prochaines années. Elle prévoit 413 milliards d’euros de dépenses entre 2024 et 2030, un budget « historique » selon l’exécutif. A titre de comparaison, la précédente LPM tablait sur 295 milliards d’euros de dépenses.
Le gouvernement justifie cet effort par la dégradation du contexte géopolitique, avec la guerre en Ukraine, le terrorisme en Afrique, ou les essais nucléaires de la Corée du Nord. Il estime devoir rester à la pointe au niveau technologique, en particulier dans les domaines de la robotique, des drones et de l’intelligence artificielle.
Enfin, la future LPM devrait permettre d’atteindre le seuil des 2 % du PIB consacré à la défense. Il s’agit d’un critère imposé par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) La France remplira cet objectif « avant la fin du quinquennat », a promis le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Les dépenses militaires avaient chuté de manière vertigineuse, passant de 2,97 % du PIB sous Giscard, à 1,61 % à la fin du premier mandat Chirac, en 2002. L’invasion russe en Ukraine a provoqué un réveil européen : la guerre est désormais aux frontières de l’Europe, elle n’est pas que chez les autres.
De plus la France doit supporter le coût du djihad islamique qui se traduit par de plus en plus d’attentats et de tentatives d’attentat dont elle devra se protéger; tant en métropole que dans les territoires d’outre-mer. Les armées ne pourront laisser cette charge aux seules forces de police.
Dans le détail, le budget de la Défense est fixé à 43,9 milliards d’euros, et sera abondé de 1,5 milliard supplémentaire d’ici à la fin de l’année. Il augmentera ensuite d’environ 3 milliards d’euros chaque année jusqu’en 2027, avant de passer à 4 milliards en plus en 2028, 2029 et 2030. Le principal poste de dépense devrait être la dissuasion nucléaire, avec la modernisation des armes et des porteurs.
Les services de renseignement, comme la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure) et la DRM (direction du renseignement militaire) verront leurs crédits augmenter. Les secteurs de la cyberdéfense et du spatial seront aussi renforcés. En cas de hausse des prix des carburants, une clause similaire à celle de la précédente LPM assurera aux armées la possibilité de bénéficier de crédits. En termes d’effectifs, la loi fixe un objectif de 105 000 réservistes à atteindre au plus tard en 2035. Enfin, l’exécutif promet un nouveau porte-avions pour remplacer le Charles-de-Gaulle, d’ici 2036 ou 2037. Le soutien militaire à l’Ukraine ne sera pas comptabilisé dans les dépenses de la LPM.
Ce programme a fait des déçus, à commencer par l’armée de terre. La LPM prévoit en effet le report de la livraison de centaines de blindés. Les livraisons des avions de chasse Rafale seront elles aussi étirées sur une période plus longue que prévue. Enfin, le budget est critiqué à droite comme à gauche, notamment à cause de l’inflation. « 413 milliards, ça veut dire en gros 113 milliards de plus que la LPM existante, sauf que vous avez 13 milliards non budgétaires, sur lesquels on peut avoir un doute, et 35 milliards qui sont dus à l’inflation », a rappelé Olivier Marleix, au nom des députés Les Républicains. Aurélien Saintoul, député La France Insoumise, a renchéri : « La marge de manœuvre qu’on prétend donner aux armées n’est pas aussi importante que ça. » Après l’Assemblée nationale, le Sénat se saisira du projet mi-juin. Le gouvernement espère une promulgation du texte autour du 14 juillet.