13/04/2023 Sur l’autonomie stratégique de l’Europe

Emmanuel Macron avait parfaitement raison en affirmant, lors de sa visite d’Etat en Chine, les 6 et 7 avril, au site américain Politico et au quotidien économique Les Echos que l’Europe ne devrait pas s’aligner sur les Etats-Unis ou sur la Chine en cas de conflit à propos de Taïwan.  En cas de conflit à Taïwan, « la pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes » et « nous adapter au rythme américain et à une “surréaction” chinoise ». Il a plaidé pour une « autonomie stratégique » de l’Union Européenne.

Chacun sait que ces propos de bon sens avaient suscité un tollé dans les cercles européens. Publiés dimanche au moment où la Chine simulait des bombardements ciblés contre Taïwan, ils ont été vivement rejetés parmi les autres membres de l’OTAN. L’ancien président américain Donald Trump a même accusé Emmanuel Macron de « lécher le cul » de la Chine après sa visite à Pékin, lors d’un entretien à Fox News diffusé mardi (kissing his ass).

Emmanuel Macron sait parfaitement que l’Union européenne, comme l’Otan, avaient été mises en place sous l’influence directe des Etats-Unis, Etats-Unis qu’il vaudrait mieux qualifier d’Empire américain. Aujourd’hui en Asie-Pacifique, Washington cherche à renouveler le coup. Mais ce n’est plus la Russie, c’est la Chine qui est dans le viseur.

Le Président français, loin de chercher à s’excuser auprès des autres Etats européens de paraître « lécher le cul » de la Chine, devrait rappeler que l’autonomie stratégique de l’Union Européenne devrait permettre à cette dernière de négocier avec la Chine des partenariats scientifiques et techniques qui seraient indispensables aux deux partenaires pour affronter en commun les enjeux de cette fin de siècle. Jamais, inutile de le préciser, l’Empire américain ou ce qu’il en resterait n’accepterait de collaborer avec les Etats européens, et en premier lieu avec la France, pour faire face aux légitimes ambitions chinoises.

Nous citerons en premier lieu le domaine de l’espace. Loin de s’affronter dans le domaine des satellites et des applications en orbite basse, l’Agence Spatiale Nationale Chinoise ou CNSA 国家航天局, en partenariat équilibré avec l’ESA , Agence Spatiale Européenne, pourraient faire face à la domination actuelle de la NASA. A plus long terme, dans ce que l’on nomme mal à propos la conquête de Mars et de ses satellites, comme l’exploration de l’espace profond, des accords non exclusifs entre la Chine et l’Europe pourraient faire gagner à l’une et à l’autre des années de travail.

Dans le vaste domaine de la lutte contre le réchauffement climatique, la Chine dont une grande partie du territoire deviendra un désert si rien n’est fait d’ici l’an 3000, pourrait avoir besoin de l’expertise précieuse de la France. Il en sera de même de la santé et de la lutte contre les futures pandémies face auxquelles l’actuelle Covid 19 n’apparaîtra que comme une aimable grippe saisonnière.

Comme quoi, s’il devait avoir un « léchage de cul » entre la Chine et la France, se serait un léchage partagé.

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