La physique quantique, reposant sur des modèles faisant appel au calcul quantique, calcul reposant lui-même sur l’informatique quantique, est désormais indispensable à toute compréhension du monde. Ceci se vérifie aujourd’hui dans tous les domaines de la science et de la technologie, et à toutes les échelles, macroscopiques ou microscopiques (sub-atomique)
Il a souvent été dit que l’Etat ou le groupe industriel qui maîtrisera le premier l’informatique quantique maitrisera le monde. Mais ceci supposera une pleine maitrise des calculateurs quantiques. Or ceux-ci reposent sur la manipulation d’unités de calcul dits bits quantiques qui sont d’une très grande fragilité. Quand ils entrent en contact avec des bits ordinaires, ils « perdent leur cohérence »et redeviennent des bits ordinaires, au sein de calculateurs ou de réseaux qui n’ont plus de propriétés quantiques.
Jusqu’à présent seuls des très grands de l’informatique ont pris le risque de proposer des calculateurs quantiques à une échelle utilisable. Il s’agit de IBM et d’Honeywell. Ces groupes, comme nul n’en ignore, sont américains. Ils se sont donc ni russes ni européens.
Est-ce à dire que les européens, et la France en particulier, devraient pour un temps indéterminé, renoncer à tout calcul quantique.
Or l’entreprise française Pascal vient de faire connaître aux non spécialistes qu’il faudra désormais compter sur elle pour fournir des services de calcul quantique. Nous lisons ceci sur le site de BfmTV.com
LA START-UP FRANÇAISE PASQAL LÈVE 100 MILLIONS D’EUROS POUR SON ORDINATEUR QUANTIQUE
Pour l’instant, Pasqal est une start-up employant une centaine de collaborateurs, dont les machines déjà construites se comptent sur les doigts d’une main. L’une d’elle est accessible en ligne depuis mai 2022, pour que de premiers projets et cas d’usage puissent être testés par des développeurs.
D’autres sont en cours d’achèvement, avec notamment deux livraisons prévues dans les grands centres de calcul intensif français (Genci) et allemand (Jülich).
Aucun ordinateur quantique n’a toutefois réussi pour l’instant à prouver de façon indiscutable sa supériorité sur un ordinateur classique.
Mais « on est en train de rentrer dans une nouvelle ère où l’ordinateur quantique commence à être au niveau de l’informatique classique », affirme Georges-Olivier Reymond, le directeur général de Pasqal.
La jeune entreprise s’apprête ainsi à publier un article scientifique avec la banque d’investissement du Crédit Agricole expliquant comment son processeur quantique a pu faire aussi bien qu’un ordinateur classique sur un problème de calcul du risque emprunteur pour les crédits.
Avec l’argent levé, la start-up basée à Massy (région parisienne) compte doubler ses effectifs en un an et construire quelques dizaines de machines sur les années à venir, selon Georges-Olivier Reymond.
« Avantage quantique »
Le but est d’arriver à augmenter rapidement leur puissance de calcul pour parvenir enfin à battre une machine classique.
Cet « avantage quantique » pourrait être atteint « d’ici 1 à 3 ans, selon la chance ou l’optimisme que l’on a », explique le dirigeant.
IBM, l’un des groupes mondiaux les plus avancés dans la course à l’ordinateur quantique, espère de son côté y arriver d’ici à 2024.
Google avait revendiqué la « suprématie quantique » en 2019, affirmant que son processeur Sycomore avait fait en 3 minutes un calcul qui aurait demandé plus de 10.000 ans à un supercalculateur classique.
Mais cette affirmation a ensuite été contestée, notamment parce que le calcul fait alors ne servait à rien d’autre que remporter cette victoire.
Le problème pour les constructeurs d’ordinateurs quantiques est d’arriver à augmenter le nombre de bits quantiques (aussi appelés qubits), la brique élémentaire du processeur quantique.
Bientôt 1000 qubits
Fondés sur l’infiniment petit (des atomes de rubidium manipulés par des lasers, dans le cas de Pasqal), ces qubits sont aussi très instables et très difficiles à contrôler, avec une difficulté qui va croissante au fur et à mesure qu’on en rajoute pour doper la puissance de l’ordinateur.
Pasqal, qui livrera des machines de 100 qubits aux centres de calcul français et allemand, a pour objectif de parvenir bientôt à un processeur de 1.000 qubits.
« Pour nous, c’est un peu le chiffre magique, dont nous pensons qu’il nous permettra d’atteindre l’avantage quantique », souligne Georges-Olivier Reymond.