Depuis plusieurs semaines, un certain nombre d’experts laissent entendre que les états-majors occidentaux travaillent surtout à une réponse militaire conventionnelle massive si la Russie s’aventurait à employer l’arme nucléaire (en Ukraine). Une posture sur laquelle s’est officiellement aligné le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, déclarant le jeudi 13 octobre. « Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l’armée russe serait anéantie»,.
Cf Le Monde du 13 octobre https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/14/emmanuel-macron-seme-le-doute-sur-la-position-francaise-en-cas-d-attaque-nucleaire-russe-sur-l-ukraine_6145786_3210.html
Il paraît difficile de prendre au sérieux l’hypothèse selon laquelle la Russie utiliserait des armes nucléaires de fiable puissance contre l’armée ukrainienne si elle n’arrivait pas à contenir les offensives de Volodymyr Zelinsky sur ses frontières du nord-ouest. Un haut gradé russe vient de balayer cette hypothèse lors d’une intervention à la TV, demandant au journaliste si il avait observé la façon dont soufflent les vents dominants (c’est-à-dire vers la Russie, qui recevrait l’essentiel des retombées radioactives).
A supposer cependant que l’état-major russe soit assez irresponsable pour envisager d’utiliser une arme atomique de faible puissance contre l’armée ukrainienne, que devrait faire la France dont les armées sont dotés d’armes atomiques. Réponse : rien pour le moment. Ces armes sont des missiles nucléaires balistiques intercontinentaux. Il serait impossible d’en menacer la Russie en réponse à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques car leur emploi déclencherait une guerre nucléaire mondiale.
Mais les états-majors occidentaux disposent-ils des moyens militaires conventionnels suffisants pour décourager la Russie de l’emploi d’une arme nucléaire en Ukraine ? La réponse est évidemment négative. Les Etats-Unis qui sortent à grand frais des guerres qu’ils avaient déclenchées au Moyen Orient n’ont manifestement aucune intention de se battre contre les Russes avec des moyens conventionnels et à fortiori avec des moyens nucléaires ou biologiques à propos de l’Ukraine. Pour le moment, le complexe militaro-industriel se satisfait des 25 milliards d’aide à l’Ukraine, dont il bénéficie pour l’essentiel.
Quant aux Européens, hormis dans une certaine mesure et pour quelques semaines la France, ils seraient incapables de monter contre la Russie, selon les termes de Joseph Borell, une réponse militaire si puissante que l’armée russe serait anéantie. Depuis trente ans, pour ne pas déplaire à Washington qui dirige de facto l’Otan, ils se refusent à parler de défense européenne., autre qu’américaine.