13/07/2022 Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole.

Auteur Timothy Mitchell

Timothy Mitchell est historien, politiste et anthropologue. Titulaire de la chaire d’études du Moyen-Orient à Columbia University, il est notamment l’auteur de Colonising Egypt et de Rule of Experts. Egypt, Techno-Politics, Modernity.

Présentation par l’éditeur

Ceci est un « livre à thèse », une thèse forte et iconoclaste, qui déplace radicalement notre vision de l’histoire du XXe siècle : les contours et les transformations des régimes politiques dits « démocratiques » ont été largement déterminés par les propriétés géophysiques des principales énergies carbonées, le charbon d’abord, puis le pétrole.
Ainsi, la pesanteur du charbon, la nécessité de l’extraire des mines puis de le charger dans des convois, etc., ont donné à ses producteurs un pouvoir considérable sur les flux d’énergie alimentant l’économie ; en utilisant la menace de les interrompre, ils créèrent syndicats et partis de masse, à l’origine des premières démocraties de l’ère moderne. Face à ces forces concurrentes, les classes dominantes occidentales ont cherché à organiser la transition énergétique à l’échelle mondiale. En effet, grâce à sa fluidité, sa légèreté et son exceptionnelle concentration en énergie, le pétrole permettait de contourner les réseaux et contre-pouvoirs. Un autre régime s’est progressivement mis en place, dans lequel la vie politique s’est retrouvée anémiée, la paix sociale et la prospérité des « démocraties » occidentales ont reposé sur l’autoritarisme moyen-oriental, et où la croissance illimitée s’est transformée en religion. Aujourd’hui, ce système est au bord de l’effondrement et nous pose une question cruciale : comment les énergies postpétrole pourront-elles donner naissance à des régimes réellement démocratiques ?

Notre point de vue..

Il n’est pas évident que les énergies post-pétroles soient plus favorables à la démocratie que celles provenant du charbon ou du pétrole. Certaines de ces énergies sont souvent dite renouvelables ou naturelles. C’est le cas de l’éolien ou du maréemoteur. Or ces technologies nécessitent des emprises sur des territoires qui doivent être achetés ou louées à leur actuels propriétaires ou occupants. Seules des sociétés financières puissantes peuvent le faire à travers des procédures qui n’ont de démocratie que l’apparence.

Quant au nucléaire, il en est de même. Ainsi en France, EDF, qui vient d’être racheté à 100% par l’Etat, est seul autorisé à implanter et gérer des centrales nucléaires de fission. Le monopole sera encore plus grand avec le nucléaire de fusion actuellement étudié par ITER 

Faire des économies d’énergie ne pourra être pas davantage être décidé spontanément par des particuliers ou des PME. Seules des décisions étatiques pourront les imposer. Il en sera ainsi prochainement de l’acquisition de véhicules à moteur électrique ou mixtes trop coûteux relativement pour que les utilisateurs de moteur à essence ou dièsel se précipitent pour les utiliser.

On objectera que la généralisation de l »internet offrira des espaces de gratuité et donc de liberté et de démocratie de plus en plus nombreux. Il en sera ainsi sans doute lorsque des particuliers – à condition d’être équipés – pourront s’échanger des voeux de bonne année sans se procurer de timbres postaux.

Mais si ceux que l’on appelle les Géants de l’Internet font aujourd’hui des milliards de bénéfices, ce n’est pas en offrant des services numériques gratuits à ceux qui en auraient le plus besoin.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :