Peut-on poursuivre une guerre en reconnaissant d’avance qu’elle ne peut être gagnée. Sans doute pas. C’est pourtant à ce dilemme que sont aujourd’hui confrontées les forces ukrainiennes (UAF) et le président Volodymyr Zelensky ? Engagés dans la bataille du Donbass, ils se refusent à admettre qu’ils ne pourront rien à terme contre l’armée russe.
Beaucoup à Kyiv pensent aujourd’hui le contraire. Ils espèrent que face à un conflit se prolongeant, et confronté à une opposition interne croissante, Vladimir Poutine se découragea et se retirera de son propre gré. Mais ils ne semblent pas se rendre compte du fait que cette perspective favorable, à supposer qu’elle se produise, demandera plusieurs années et exigera un prix du sang considérable. Aucun ukrainien raisonnable ne voudrait admettre que le Donbas puisse justifier de tels sacrifices.
On rappellera que les premiers jours de l’offensive à Kyiv, l’armée russe avait multiplié les erreurs, en attaquant simultanément sur quatre axes sans les moyens de communication nécessaires. et ne soupçonnant pas la résistance des Ukrainiens en milieu urbain lequel est favorable à la destruction des blindés. Précédemment les grandes manœuvres russes, rappelons le, avaient été conduites en terrain ouvert.
Après un mois d’engagement et des pertes semble-t-il considérables, Moscou a compris que conquérir Kyiv était momentanément hors de portée. D’où cette retraite sur le Donbas, beaucoup plus facile d’accès et dépourvu de villes importantes.
Ceci étant, toutes les informations disponibles à ce jour montrent que le commandement russe avait utilisé les quelques années précédant l’entrée en guerre avec l’Ukraine pour passer d’une armée de fantassins recrutés dans le cadre du service militaire à une armée de véritables professionnels disposant d’une puissance de feu, des équipements lourds et des technologies les plus modernes, sur le modèle de l’armée américaine.
Par ailleurs, l’état-major russe avait organisée des semaines de manœuvre sur des centaines de kilomètres de terrain impliquant des difficultés de commandement et réapprovisionnement importantes. Le seul point où la préparation avait été insuffisante a concerné le combat dans des sous-sols d’immeubles. Là dans un premier temps l’armée russe s’est limitée à organiser le manque d’eau et de soins élémentaires.
Aujourd’hui, l’armée russe a eu le temps de mettre en place d’importantes réserves de munitions, vivres et eau. Elle a pu s’entraîner à utiliser des missiles de dernière génération pratiquement indestructibles. Tout laisse penser que si Moscou décidait demain de conquérir Kyiv, le président Zélinsky ne pourrait rien faire. Quant à l’ « Occident », sauf à provoquer une guerre mondiale, il devrait rester passif.