On sait que les Etats qui dans quelques années maitriseront l’énergie nucléaire de fusion (à ne pas confondre avec l’actuelle fission), se donneront une source quasi illimitée d’énergie. Un certain nombre de pays et d’organismes de recherche l’ont compris.
Ils ont fondé Iter dont le but est de réaliser à Cadarache, en France, un premier réacteur en vraie grandeur producteur d’énergie de fusion. Iter lui-même a été précédé par le réacteur expérimental Jet (Joint european torus opéré à Culham, au Royaume-Uni, par le Consortium Eurofusion,
Début février 2022, le réacteur Jet a annoncé avoir enregistré une production de 59 mégajoules d’énergie de fusion au cours d’une réaction de cinq secondes. Du point de vue énergétique, cette valeur équivaut à la combustion de 1 kilo de gaz, soit peu, d’autant qu’il a fallu injecter davantage d’énergie dans le réacteur qu’espérée à la sortie pour lancer la réaction.
Du point de vue scientifique, en revanche, c’est un record historique. Deux fois plus élevé que l’ancien record de puissance de la fusion nucléaire, détenu par Jet depuis 1997.
La raison de cette performance ? Les grandes dimensions et les caractéristiques techniques du tokamak de Jet, en font le seul capable de travailler avec un mélange de deux isotopes de l’hydrogène, dit deutérium-tritium (D-T), là où les autres réacteurs de recherche dans le monde se cantonnent au seul deutérium. Plus lourd, rare et radioactif, le tritium apporte énormément d’énergie au plasma, facilitant les réactions de fusion qui apparaissent à des niveaux de température très élevés. Mais il est complexe à manipuler.
Pour conserver un plasma de plusieurs secondes et pouvoir battre son record, Jet a tiré parti des derniers outils de modélisation en physique des plasmas, mais aussi d’une transformation radicale de son tokamak. Autrefois en carbone, ce dernier a été couvert de protections en béryllium et en tungstène pour supporter la chaleur sans absorber de tritium. Une architecture proche de celle du futur réacteur Iter
Précédemment, fin décembre 2022, des chercheurs chinois avaient réussi à maintenir pendant 17 minutes et 36 secondes un plasma chauffé à 70 millions de degrés Celsius dans leur réacteur à fusion nucléaire, baptisé Experimental Advanced Superconducting Tokamak (East).