Le parc nucléaire français est composé de 56 réacteurs à eau pressurisée en service, répartis entre 18 centrales. En 2019, il a produit 379,5 TWh, soit 70,6% de la production d’électricité en France métropolitaine. La France peut donc envisager sans trop de crainte de s’interdire à titre de sanction contre la Russie d’importer du gaz ou du pétrole russe.
Ce n’est pas le cas d’autres pays européens, en premier lieu l’Allemagne qui importe de Russie 40% de son gaz et 25% de son pétrole . Il en résulte que l’Europe hésite à couper ses importations de pétrole et de gaz venues de Russie. Car sa dépendance énergétique reste très importante.
A moyen terme cependant il semble que la crise actuelle puisse accélérer la transition énergétique afin de délaisser les énergies fossiles au profit des renouvelables. Cependant pour acter ce virage, il faudra du temps.
Pourrait-on envisager un retour au charbon ? Non car l’Union européenne (UE) manque presque autant de charbon facilement exploitable que de pétrole. Elle importe ainsi 20% de son charbon de Russie. De plus l’image serait désastreuse, dans la perspective de la chasse aux énergies carbonées.
Quant au nucléaire, en 2019, il représentait 13 % de l’énergie brute disponible dans l’UE, et la moitié des Vingt-Sept sont équipés de centrales. Plusieurs nations, notamment l’Allemagne, cherchaient à se dénucléariser. La crise ukrainienne pourrait réhabiliter l’énergie atomique, non dépendante des Russes. Certains pays, comme la France et la Belgique, réfléchissent à la façon de retarder la fermeture de leurs centrales. Mais le nucléaire ne peut être vu comme la seule solution d’autant plus qu’en cas de bombardement massif, chaque centrale pourrait se transformer en bombe thermonucléaire.
Selon Patrice Geoffron, professeur d’économie et spécialiste de l’énergie, le nucléaire fournit de l’électricité mais seulement pour un quart de notre consommation énergétique – les transports, par exemple, reposent encore massivement sur le pétrole. En outre, bâtir un parc nucléaire prend du temps, et cela ne pourrait pas peser sur la prochaine décennie.
Ajoutons que la guerre en Ukraine est autant une promotion pour le nucléaire civil qu’un plaidoyer contre lui. Selon Barbara Nicoloso, enseignante à Sciences Po Lille en écologie et directrice de l’association Virage Énergie, : « C’est la première fois qu’un conflit se déroule dans un pays disposant de sites nucléaires civils, et on voit les questions de sécurité pour l’ensemble du continent que cela pose. Si une centrale nucléaire se fait bombarder, que va devenir l’Europe ? Cette guerre montre les risques de cette énergie ».
Ajoutons qu’ avec le renouvelable se pose la question du stockage de l’énergie, le vent ou le soleil n’agissant pas 24h/24. Cela demandera des investissements en batteries et en hydrogène vert, pour avoir une énergie disponible en permanence.
Reste la solution des économies d’énergie. Cela n’est pas tenable de consommer autant. Il faudra une transformation sociétale importante, avec moins de déplacements en voiture individuelle, moins de chauffage grâce à de meilleurs logements thermiques. Mais là encore, cela demandera du temps.