Nous retransmettons ici un message de Médiapart
Ukraine : pourquoi la cyberguerre ne s’est pas passée comme prévu
Le chercheur Kevin Limonier explique pourquoi l’invasion de l’Ukraine n’a pas été accompagnée d’attaques spectaculaires sur les infrastructures numériques. Il détaille, surtout, comment la Russie est passée maîtresse dans un autre domaine : la manipulation des routes de l’Internet.
Au moment de l’invasion de l’Ukraine sur ordre de Vladimir Poutine, beaucoup s’attendaient à un déchaînement des pirates informatiques russes contre l’Ukraine et ses soutiens. Des attaques ont bien eu lieu, mais leurs résultats semblent avoir été médiocres et aucune n’a eu d’effet spectaculaire à grande échelle.
« Cela ne veut pas dire qu’il ne passe rien », met en garde l’invité de ce nouveau numéro de « Retex », Kevin Limonier. Maître de conférences en géographie et en études slaves à l’Institut français de géopolitique (Université Paris 8), il insiste surtout sur « un domaine où la Russie est compétente et dangereuse pour la sécurité du continent européen » : la manipulation des routes de l’Internet.
Un des exemples les plus frappants est la façon dont la péninsule de Crimée, annexée territorialement par la Russie en 2014, l’a aussi été numériquement. Le même phénomène se produit ces derniers mois dans les territoires du Donbass occupés par l’armée russe.
L’enjeu est double : toujours mieux contrôler politiquement l’information derrière un grand « pare-feu » russe, et construire la possibilité « se déconnecter du reste du monde en cas de menace avérée ». Les obstacles à cette stratégie restent cependant nombreux, à commencer par l’état « bordélique » des infrastructures numériques russes.
À propos de « Retex »
Les questions militaires ont trop longtemps été l’angle mort du débat public, en particulier en France. Sous couvert de technicité ou de « domaine réservé » du président de la République, elles se retrouvent cantonnées à des discussions de spécialistes. Comme la guerre en Ukraine et ses conséquences le montrent, ces enjeux sont pourtant au cœur de l’intérêt général.
C’est pourquoi Mediapart a choisi de lancer un nouveau rendez-vous vidéo : « Retex » (pour « retour d’expérience », une formule courante issue du jargon militaire). Deux fois par mois, nous vous proposerons des décryptages, des débats et des regards critiques sur la façon dont les États et les sociétés préparent, mènent ou cherchent à éviter des conflits militaires.
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