La filière nucléaire français dite à fission, a depuis 50 ans représenté un atout considérable pour la France. En premier lieu, elle lui a évité de dépendre des importations de pétrole venu du Moyen-Orient et des chantages permanents du complexe militaro-pétrolier américain. D’autre part et surtout elle lui a permis de développer une industrie nucléaire qui représente 6,7% de l’emploi industriel français. Avec ses 220 000 employés et ses 3 200 entreprises dont 85% sont des TPE et PME, elle participe largement au dynamisme de l’industrie française, et contribue, par ses implantations sur tout le territoire, au développement des tissus économiques locaux. Elle comprend 220 000 salariés, 3 000 entreprises dont 85% de TPE et PME. Elle représente 47,5 Mds d’euros de chiffre d’affaire.
Cf Gifen https://www.gifen.fr/le-gifen/filiere-nucleaire
Cependant elle a toujours suscité contre elle des oppositions violentes, qui se sont traduite par des campagnes virulentes au niveau politique. A chaque élection, des oppositions réclamaient la réduction du nombre des centrales et la diminution des effectifs de leurs techniciens éprouvés. Beaucoup sont partis dans d’autres secteurs intéressant notamment les industries de consommation. Ils sont très difficiles à remplacer aujourd’hui.
Plus gravement, les économies imposées par des gouvernement voulant financer les investissements dans le domaine des industries dites vertes, ont entraîné une diminution dangereuse des dépenses de maintenance des réacteurs. Aujourd’hui ainsi l’on découvre de plus en plus de fissures potentiellement dangereuses, dites de « fatigue thermique », sur des conduites d’urgence « considérées comme sensibles à la corrosion sous contrainte » dans le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) et le réacteur 3 de la centrale de Cattenom (Moselle), selon une note récente de l’Autorité de Sureté Nucléaire
Cette découverte intervient deux jours après la révélation d’une fissure de taille encore jamais vue dans le réacteur de Penly 1, sur une conduite d’urgence servant à inonder d’eau le réacteur en cas d’accident nucléaire. Cette fissure « s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm », avait détaillé l’ASN. Le phénomène dit de « corrosion sous contrainte » a été identifié depuis octobre 2021 sur plusieurs sites, mais générait de plus petites fissures et sur d’autres zones de ces tuyauteries.
EDF doit remettre à l’ASN une stratégie de contrôle révisée dans les prochains jours. Au total, l’électricien va devoir vérifier 200 soudures dans l’ensemble de son parc. De quoi provoquer potentiellement des arrêts prolongés de réacteurs et soulever des incertitudes sur la production nucléaire en 2023.
La question des déchets radioactifs n’ a été que tardivement évoquée, mais aujourd’hui, le temps passant, elle devient, selon Julien Bayou, député EELV de Paris, un « enjeu civilisationnel ». Il faut les enfouir de plus en plus profond. Quant à les exporter, plus aucun pays n’en veut.
Le réchauffement climatique pose partout des problèmes. Pour être refroidi, les réacteurs ont besoin de plus en plus d’eau. Or la plupart des centrales doivent se satisfaire de fleuves dont le niveau ne cesse de baisser.
Les centrales EPR
Les nouvelles génération de centrales dites européennes à eau pressurisée (EPR) sont construites sous de nouvelles normes de sécurité nationales et internationales après l’accident de Fukushima de 2011. Pour diminuer la probabilité d’accident grave elles exigent notamment un meilleur système de refroidissement. L’objectif est d’apporter de l’eau en cas d’accident pour faire refroidir le cœur, ce qui n’a pas été possible à Fukushima et a donc provoqué la fusion des trois réacteurs de Daiichi.
Située sous l’EPR se trouve une grande piscine en matériaux réfractaire résistant sous haute température qui doit récupérer le cœur du réacteur fondu s’il n’avait pas été possible de le refroidir et qu’il a percé la cuve. Ce dispositif est censé contenir l’accident et limiter considérablement les rejets de radioactivité à l’extérieur. Cependant les solutions permettant de refroidir rapidement le combustible ne sont pas encore claires.
La puissance nette d’un réacteur EPR atteint 1 660 MWe (mégawatts), c’est un rendement supérieur aux modèles antérieurs (de 900 MWe à 1450 MWe). Un réacteur de 900 MWe produit en moyenne chaque mois 500 000 MWh, ce qui correspond à la consommation de 400 000 foyers environ.
Une des dernières caractéristiques des EPR et qu’ils produisent moins de déchets radioactifs à vie longue (-30% par kWh).
Logiquement il faudrait en construire rapidement 8 en France, alors que le seul EPR en construction en France cumule désormais un retard de 12 ans par rapport à sa mise en service initial et que son coût a été multiplié par quatre
Le plan de relance France 2030 met la lumière sur les SMR
En 2021, Emmanuel Macron dévoilait il y a un an le plan d’investissement France 2030. Avec 54 milliards d’euros, ce plan doit permettre de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes ou encore de soutenir la transition écologique. Dans ce plan, subitement séduit par le nucléaire, le Président met en avant les « Small modular reactors » (SMR). Il souhaite investir 1 milliard d’euros d’ici 2030 pour « faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, dits Small Modular Réactor
Le principe de fonctionnement est le même que celui des autres centrales. Seul l’aspect extérieur va changer puisque le SMR a la forme d’un grand cylindre en acier inoxydable (25 à 30 mètres de haut et 4 mètres de diamètre) .
La puissance est comprise entre 10 et 300 MWe. Des projets de SMR vont utiliser des filières de réacteurs nucléaires existantes et miniaturisées, tandis que d’autres explorent de nouveaux concepts de réacteurs pour un déploiement sur le plus long terme. L’objectif de ces réacteurs n’est pas de remplacer ce qui existe déjà mais de proposer des complément. Par sa taille, la conception de ces modèles permet une construction en usine plus importante. Il s’en suit des modes de fabrication plus prévisibles basés sur les économies de série.
https://www.economie.gouv.fr/france-2030
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Les avantages de la fusion nucléaire. La France doit conserver son leadership