Cette défaite serait surprenante alors que la Russie est l’une des cinq premières puissances militaires du monde. Certes ces derniers mois elle a subi d’importantes pertes militaires, notamment dans le domaine de ses forces terrestres, face aux quelque 300.000 hommes de l’armée ukrainienne. Elle a notamment perdu la moitié de ses chars d’assaut modernes. De plus elle a supporté tout le poids des sanctions occidentales.
Cependant il faut accueillir avec prudence des déclarations telles que celle du General Mark Milley président du Joint Chiefs of Staff américain selon laquelle la Russie aurait déjà perdu la guerre. Le 16 novembre 2022, le général Mark Milley avait annoncé que le soutien des États-Unis à l’Ukraine n’avait pas diminué, mais que Kiev était en bonne position pour entamer des discussions avec la Russie. Il avait précisé que les lignes de front se sont stabilisées mais que, militairement parlant, la probabilité de chasser les Russes de toute l’Ukraine était peu élevée.
Il a comparé la situation à celle de la première guerre mondiale lorsque les deux camps, après qu’il y ait déjà eu un million de morts entre août et décembre 1914 et alors que la ligne de front était stabilisée, ont refusé des négociations de paix. Fin 1918, ce sont 20 millions de morts qu’il fallut déplorer. La semaine précédente le général avait indiqué que l’Ukraine déplorait 100 000 morts et blessés sur le champ de bataille et 40 000 victimes civiles. Un bilan proche de celui de l’armée russe, selon lui.
Dans une récente conférence de presse devant le secrétaire de la défense américain (https://www.defense.gov/News/Transcripts/Transcript/Article/3298235/secretary-of-defense-lloyd-j-austin-iii-and-army-gen-mark-a-milley-chairman-joi/) le général avait déclaré que la Russie était devenue un global paria, et que le monde resterait inspiré par la bravoure ukrainienne. La Russie ne pourrait jamais vaincre l’Ukraine par des moyens militaires. Elle avait perdu stratégiquement et tactiquement la bataille.
Il reste que ces jugements méconnaissent gravement les enjeux. Si comme les Occidentaux l’avait promis à la Conférence de Munich, il convenait de soutenir l’Ukraine, il faudrait moins de discours et plus d’armements. C’est ce que réclame jour après jour le président ukrainien Volodomir Zelinsky
En attendant Vladimir Poutine n’a enregistré aucun échec dans la guerre du Donbass. Il semble en train de conduire d’importantes réformes permettant à son armée d’être plus efficace. Il a gardé en réserves ses nouvelles armes supersoniques.
Soutenir l’Ukraine voudrait dire lui apporter pour au moins 10 ans et au delà, des années d’aide militaire et civile. L’une n’aura pas de résultats sans l’autre. L’Otan devra mobiliser toutes ses forces pour lui fournir ces aides. Une assistance économiques renforcée devra compléter ces efforts. En contrepartie l’Ukraine devra se débarrasser définitivement de ses vieilles habitudes de corruption qui la rendent infréquentable au niveau de l’Union Européenne.
Ceci dit, la guerre, militaire et économique, entre Moscou et Kiev sera inévitablement le banc d’essai des guerres à venir entre la Russie, les Etats-Unis et l’Europe. On peut craindre que la Chine ne puisse pas ou ne veuille s’en tenir à l’écart.
Jusqu’ici la façon dont les Etats-Unis ont mené une quinzaine de guerres analogues, par exemple en Corée et plus récemment en Afghanistan et en Irak, laisse mal préjuger de l’avenir.