Nous ne reviendrons pas ici sur cet « incident ». Au soir du 28 septembre, l’accord semble unanime. Il s’agit d’un acte terroriste, pour ne pas parler d’un acte de guerre. Mais aucun consensus n’existe concernant l’auteur de cet acte du guerre, qui est jusqu’ici resté silencieux. On sait seulement que ce sabotage, à cette profondeur, nécessitait des moyens techniques considérables.
Bien que son ouverture ait été annulée en début d’année en représailles à l’invasion russe de l’Ukraine, le gazoduc avait été « préparé techniquement » et « rempli de gaz », a expliqué lundi à l’AFP Ulrich Lissek, porte-parole de la société Nord Stream 2. Ce pipeline devait renforcer les capacités d’exportation de gaz russe directement vers l’Allemagne, en supplément du premier gazoduc Nord Stream. Ce dernier a été complètement arrêté début septembre par Gazprom.
La Russie, fréquemment accusée, a refusé toute responsabilité. On ne voit pas en effet quels avantages elle tirerait de ce sabotage, qui la privera pendant un temps indéterminé, des revenus qu’elle attendait de la vente à l’Allemagne des hydrocarbures russes. Moscou va demander une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet des fuites, après avoir sommé Joe Biden de dire si les États-Unis étaient à l’origine de ce « sabotage ». Une insinuation jugée « ridicule » selon la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Mais alors, cui bono ? A qui profite le crime ? On peut penser que c’est au puissant lobby gazo-pétrolier américain. Celui-ci veut rendre impossible l’acquisition par les Européens de gaz russe. Depuis plusieurs mois, les pétroliers américains ont financé la construction de navires méthaniers porteurs de Gaz Naturel Liquéfié CNL extrait en abondance aux Etats-Unis et qu’ils s’efforcent de vendre à toute l’Europe, obligeant cette dernière à la construction de coûteuses infrastructures portuaires. Ils ont toutes les ressources nécessaires pour saboter un gazoduc.