Pour la plupart des économistes, il n’y a pas d’alternative au dollar
Aucune monnaie n’est capable de se substituer au dollar, d’offrir la liquidité et la sécurité de la monnaie américaine. Le yuan, en dépit de la taille de l’économie chinoise, n’est pas capable de rivaliser avec la monnaie américaine dans les échanges internationaux : il n’est que partiellement convertible et toujours placé sous le contrôle étroit des autorités chinoises.
Pourtant, défendant depuis des années un rééquilibrage du système monétaire international mais convaincu que cela ne peut se faire que dans le temps, le gouvernement chinois ne cesse de poser des jalons pour favoriser cette évolution. Il a développé son propre système d’échanges interbancaires libellé en yuan, afin de concurrencer le système Swift et de se placer en dehors de l’orbite occidentale. Parallèlement, dans le cadre de son projet des routes de la soie, il a instauré un modèle d’échanges dit Bridge Project qui permet d’assurer le financement des infrastructures dans les pays choisis sans passer par le dollar et le système financier international.
Enfin, la Banque centrale chinoise est en train d’élaborer un système numérique pour organiser les échanges et les paiements entre les pays en dehors du dollar. Le système a vocation à ce stade de ne concerner que les échanges régionaux. Mais cela pourrait intéresser beaucoup de pays : en 2020, la Chine a signé le plus grand accord de libre-échange avec quinze pays de la zone Asie-Pacifique, incluant notamment le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Par ailleurs, la pandémie et maintenant la guerre en Ukraine bouleversent le commerce mondial d’une façon qui pourrait conduire, selon l’organisation mondiale du Commerce, à une « fragmentation des échanges mondiaux en blocs géopolitiques distincts ». La guerre par finance interposée ne peut qu’accélérer ce mouvement.
Dans ce cas, le dollar comme monnaie de change universel ne s’imposerait pas. Au contraire, il serait une gène.