Alors que les Etats-Unis peinent aujourd’hui à maintenir leur domination dans les domaines économiques ou même militaires, notamment face à la Chine, ils ont plus que jamais l’intention de renforcer leur actuelle domination ou souveraineté dans le domaine de l’espace. Ceci qu’il s’agisse de l’espace sous-orbital ou orbital, de l’espace interplanétaire, de l’espace planétaire proche (Lune, Mars) ou de l’espace galactique profond
En témoigne le budget de 26 milliards de dollars que vient de présenter la Nasa pour l’année 2023. A ce budget, il faudrait ajouter ceux des agences militaires et forces armées qui restent confidentiels.
https://www.space.com/nasa-budget-request-26-billion-for-2023
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/nasa-nouveau-budget-faramineux-nasa-propose-maison-blanche-97649/
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Alors que l’ESA, l’Agence spatiale européenne, s’est dotée d’un budget « record » de 14,4 milliards de dollars pour la période 2020-2024, l’administration Biden propose 26 milliards de dollars à la Nasa pour la seule année 2023.
Retourner sur la Lune dès 2025
Sans surprise, le budget prévoit de renforcer la position dominante des États-Unis dans de nombreux domaines, dont, et cela ne surprendra personne, les vols habités et l’exploration. En course avec la Chine pour s’installer durablement sur la Lune, la Nasa souhaite avec son programme Artemis prendre une longueur d’avance. L’administration Biden prévoit de dépenser 7,6 milliards de dollars pour l’exploration, ce qui lui semble suffisant pour permettre le retour d’Américains sur la Lune dès 2025. Un optimisme que nous ne partageons pas – 1,5 milliard de dollars sont prévus pour les atterrisseurs lunaires d’Artemis.
Alors que l’on aurait pu penser que la durée de vie de la Station spatiale internationale soit réduite en raison de la crise sans précédent que traversent les relations spatiales entre les Occidentaux, les Japonais et les Russes, l’administration Biden prévoit toujours de l’utiliser jusqu’en 2030. 224 millions de dollars sont prévus pour aider le secteur privé américain à lancer le développement et la mise en service de stations spatiales commerciales de façon à amorcer une transition avec l’ISS et ne pas laisser les États-Unis sans « maison » en orbite basse. Toujours en orbite basse, le développement économique des orbites basses est pris très au sérieux par les États-Unis qui prévoient d’y consacrer quelque 1,6 milliard de dollars pour aider la recherche et le développement de technologies qui pourraient servir à tout un tas de nouvelles activités dont certaines n’existent pas encore. Les perspectives d’avenir de ce LEO hub promettent des débouchés commerciaux et un important panel de nouvelles activités. Elles prennent l’allure d’une nouvelle course à l’espace – cette fois-ci commerciale, et encore plus rapide que celle des années 1960 – et que semblent avoir déjà perdue l’Europe et l’Agence spatiale européenne.
Des missions d’observation de la Terre inédites
Dans le domaine des Sciences, près de 8 milliards de dollars pourraient être dépensés (7,988 exactement). 2,4 milliards de dollars sont prévus pour les Sciences de la Terre avec la poursuite du développement des missions GeoCarb (observatoire géostationnaire du carbone), de l’observatoire de la radiance et de la réfractivité absolues du climat CLARREO-Pathfinder et de PACE. Cette mission inédite sera capable de collecter des mesures radiométriques et polarimétriques de l’océan et de l’atmosphère, à partir desquelles seront relevées des données océaniques, écologiques et biogéochimiques, ainsi que des données portant sur les nuages et les particules aérosols.
Les missions réalisées en collaboration internationale Nisar avec l’Inde et Swot avec la France sont, elles aussi, confortées. Nisar est un satellite d’observation de la Terre qui embarquera pour la première fois un radar à synthèse d’ouverture qui utilisera deux fréquences radar différentes : la bande L et la bande S. Quant à Swot, il s’agit d’un satellite d’altimétrie de nouvelle génération qui s’inscrit dans la continuité de Jason-1-2-3. Cette mission est destinée à l’étude de la topographie des océans et des eaux de surface continentales, lacs et cours d’eau, le débit des rivières, et à déterminer de façon à la fois très fine et très précise le niveau des océans.
Les missions réalisées en collaboration internationale Nisar avec l’Inde et Swot avec la France sont, elles aussi, confortées. Nisar est un satellite d’observation de la Terre qui embarquera pour la première fois un radar à synthèse d’ouverture qui utilisera deux fréquences radar différentes : la bande L et la bande S. Quant à Swot, il s’agit d’un satellite d’altimétrie de nouvelle génération qui s’inscrit dans la continuité de Jason-1-2-3. Cette mission est destinée à l’étude de la topographie des océans et des eaux de surface continentales, lacs et cours d’eau, le débit des rivières, et à déterminer de façon à la fois très fine et très précise le niveau des océans.
Pour les sciences planétaires, ce sera 3,16 milliards de dollars. Toutes les missions prévues seront financées. Que ce soit la mission de retour d’échantillons martiens MSR, Viper qui a pour objectif de découvrir de l’eau dans le sous-sol du pôle Sud lunaire ou Europa Clipper à destination de la lune Europe de Jupiter. Quant aux missions liées aux astéroïdes et à la protection planétaire comme Dart et NEO-Surveyor, elles sont aussi financées.
Des observatoires spatiaux pour répondre à des questions nouvelles
Concernant les sciences spatiales, 1,556 milliard de dollars sont proposés pour poursuivre la réalisation de l’observatoire Nancy Grace Roman qui devrait définir le destin de l’Univers (entre autres), SPHEREx, pour explorer les origines de l’Univers et de la vie et le télescope spatial gamma pour étudier l’évolution de la Voie lactée (Cosi). On notera que le budget propose la clôture de la mission de l’Observatoire stratosphérique pour l’astronomie infrarouge (Sofia), conformément aux conclusions de l’enquête décennale concernant sa faible productivité scientifique.
L’héliophysique, les relations Terre-Soleil et l’influence du Soleil dans le Système solaire ne sont pas oubliées avec 760 millions. Plusieurs missions seront soutenues. Le budget soutient les efforts visant à améliorer les prévisions météorologiques spatiales.
On l’oublie souvent, mais la Nasa ce n’est pas seulement le spatial. C’est aussi une agence qui œuvre dans le domaine de l’aviation. Quelque 970 millions de dollars sont prévus, dont 500 pour réduire l’impact climatique de l’aviation et amorcer ou renforcer le développement de technologies nécessaires à l’avion zéro émission. Les programmes X-59 (avion supersonique) et X-57 (avion électrique) sont confortés.