Le Livre blanc français de la Défense de 2008 notait que la période à venir pourrait être marquée par une levée du tabou nucléaire. Peu d’experts y croyaient, tant l’emploi d’une telle arme pourrait être destructeur.
Aujourd’hui, peu de temps avant son départ, le chef d’état-major français François Lecointre avertissait en 2020 sur la nécessité, pour l’armée française, de se préparer à l’éventualité d’un conflit interétatique de haute intensité, ce terme désignant une guerre nucléaire.
Cependant, du moins en Europe, personne n’envisageait sérieusement que le conflit entre la Russie et l’Ukraine puisse donner lieu de la part de la Russie à l’emploi d’armes nucléaire, même sous des formes miniaturisées.
Certes, des têtes nucléaires dites de faible intensité sont actuellement expérimentées sur des missiles balistiques à courte portée. Mais une seule de ces têtes pourrait détruire le centre de Paris et du fait des retombées, rendre invivable toute la région parisienne.
Moscou prendrait-il le risque d’utiliser de telles armes dans le cadre de la guerre en Ukraine ? La Russie pourrait en être la première victime. Certes l’armée russe a mis au point diverses protections, pour les véhicules comme pour les personnels. Mais rien ne garantit que ces protections puissent être efficaces dans un conflit d’une certaine ampleur.
La doctrine nucléaire russe a été mise à jour en juin 2020. Elle exclut officiellement l’emploi d’armes nucléaires dans une visée offensive. Les armes nucléaires sont uniquement faites pour dissuader, être des armes défensives.
Dans un papier officiel accessible en ligne, la Russie s’est engagée à suivre « les principes fondamentaux de la politique d’État de la Fédération de Russie sur la dissuasion nucléaire ». Dans cette doctrine signée par Vladimir Poutine, le texte (article 17 et 19) décrit les quatre cas précis dans lesquels le pays se réserve le droit d’utiliser l’arme nucléaire.
Le premier cas serait celui d’une attaque de missiles balistiques, le second le cas d’une attaque nucléaire ou d’armes de destruction massive. S’ajoute à ces deux premiers points le cas d’une attaque sur des sites nucléaires russes. Enfin, le quatrième point, qui inquiète certains experts au regard de la situation actuelle, est le cas d’une attaque « conventionnelle » « qui mettrait en péril l’existence même de l’État »
Il paraît très improbable dans ces conditions que Vladimir Poutine et ses conseillers militaires décident pour le moment d’avoir recours à l’arme nucléaire. Le risque n’est pas nul cependant qu’en se préparant à ce recours, une erreur ou un accident se produise au sein des unités en charge de l’arme atomique. En ce cas, il sera trop tard pour réagir.
Pour en savoir plus voir
Défense et Sécurité nationale : le Livre blanc 17 juin 2008
https://www.vie-publique.fr/rapport/29834-defense-et-securite-nationale-le-livre-blanc
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