Ces derniers mois ont circulé sur Internet de nombreux documents montrant comment Vladimir Poutine avait fini par l’emporter sur tous ses rivaux pour conquérir la Présidence de la Fédération de Russie. Il était prévisible qu’il s’imposerait, peut-être jusqu’à sa mort, dans cette éminente responsabilité, quoiqu’en puissent penser les autres grandes puissances mondiales.
Il pourrait compter pour cela sur le dévouement de la poignée de ministres et de généraux qu’il avait mis à la tête de l’institution militaire. Le monde entier a tout récemment pu les entrevoir le 9 mai alors qu’ils assistaient à Moscou aux défilés militaires traditionnels célébrant la victoire contre le nazisme du 9 mai 1945.
Le 9 mai 2022, il aurait mieux fait de s’enfermer au Kremlin pour réfléchir à la façon dont il pourrait contrer l’offensive éclair grâce à laquelle le jeune président Ukrainien Volodomir Zelinski était en train de chasser l’armée russe des provinces de l’Ukraine précédemment conquises par lui lors des « opérations militaires spéciales » » qu’il avait décidé de mener 6 mois auparavant. Aujourd’hui, Zelinski ne se cache pas de vouloir aller plus loin et « reconquérir la Crimée ».
Poutine pourrait-il compter sur l’armée russe pour l’en empêcher ? Certainement pas. Celle-ci ne dispose plus de blindés ni de munitions. Quant à ses hommes, hormis une poignée de mercenaires prêts à trahir contre rémunération, il ne s’agit plus que de jeunes recrues sans expérience et peu désireux de risquer encore leur vie après les pertes considérables subies dans les dernières semaines. Il faudra des mois pour qu’elle redevienne pleinement opérationnelle, au moins dans cette partie de l’Ukraine.
On notera que le conseil des députés de la municipalité de Smolninskoïe (un quartier de Saint-Pétersbourg) a envoyé une missive officielle à la Douma, la chambre basse du Parlement, réclamant la destitution du chef de l’Etat. Le texte indique que les hostilités en Ukraine « nuisent à la sécurité de la Russie et de ses citoyens », ainsi qu’à l’économie, et qu’elles ne sont pas parvenues à arrêter la progression de l’OTAN vers les frontières russes. Selon ces élus municipaux, les actions du chef du Kremlin relèvent de l’article 93 de la Constitution, selon lequel le président peut être démis de ses fonctions pour « trahison ». Ils n’ont pas hésité à prendre des risques, car une telle démarche pourrait entraîner des années de prison.
Si Poutine était un empereur de l’ancienne Rome il reconnaîtrait ses erreurs puis il se suiciderait en public. Faut-il y compter ?