18/03/2022 Spatial européen. Fin de la coopération avec la Russie, ou simple mise en sommeil ?

La guerre en Ukraine se répercute jusque dans l’espace. L’Agence spatiale européenne (ESA) a mis un terme jeudi 17 mars à sa coopération avec la Russie, en réponse à l’invasion de l’Ukraine. Cette décision entraîne notamment la suspension de la mission russo-européenne ExoMars.

L’ESA qui regroupe 25 pays dont la France a « reconnu l’impossibilité de poursuivre la coopération en cours avec (l’agence spatiale russe) Roscosmos pour un lancement de la mission ExoMars en 2022 », selon un communiqué de son conseil exécutif.

L’agence spatiale russe Roscosmos avait pris les devants dès le 26 février : à l’annonce des sanctions européennes, elle avait riposté par une suspension des activités de son lanceur Soyouz depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française, et rappelé la petite centaine d’ingénieurs et techniciens qui y était installés. Le chef de l’Agence spatiale russe, Dmitri Rogozine, a dit jeudi regretter la suspension de la mission ExoMars. Il l’a qualifiée d' »événement très amer pour tous les enthousiastes spatiaux » et « très regrettable ».

Si les lancements de nombreuses missions de l’ESA reposaient jusqu’ici sur l’utilisation du lanceur russe Soyouz depuis Kourou en Guyane française, d’autres l’étaient depuis le site de Baïkonour, au Kazakhstan. C’est de là qu’une fusée russe Proton devait emporter en septembre prochain le rover de l’ESA, dit Rosalind Franklin, avant que l’atterrisseur Kazatchok, lui aussi russe, le dépose sur le sol martien.

La mission, initialement prévue en 2020 et reportée à cause de la pandémie due au Covid, est aujourd’hui gravement compromise, d’autant plus que la fenêtre de tir vers Mars ne s’ouvre que tous les deux ans. Le programme russo-européen a coûté 2 milliards d’euros et avait été initié par les Européens voilà 20 ans. Le conseil de l’ESA a en conséquence autorisé son directeur général, Josef Aschbacher, « à engager une étude industrielle accélérée pour mieux cerner les options possibles pour faire avancer la mission du rover ExoMars ». Josef  Aschbacher a constaté lors d’un point de presse qu’un « lancement cette année est exclu » et impossible « au moins avant 2026 ». Il a mentionné qu’une « coopération avec la Nasa  est aussi une option » pour exécuter la mission. La Nasa était le premier partenaire des Européens sur ce programme mais l’agence spatiale américaine avait mis un terme à sa collaboration avec l’ESA en 2012, prétendument faute de budget, mais en fait pour se réserver le monopole de l’exploration de Mars.

Ces événements appellent trois constatations. En engageant une guerre contre l’Ukraine, Vladimir Poutine avait-il conscience qu’il condamnait pour une durée indéterminée les très nombreuses recherches scientifiques associant les universités et les industriels russes avec leurs homologues occidentaux. La connaissance scientifique en général prendra ainsi plusieurs années de retard. Pour ce qui concerne les Etats européens, prendront-ils conscience de leur côté qu’il est des domaines stratégiques de recherche qui doivent être financés par les budgets européens, plutôt que confiés à des partenariats peu fiables avec d’autres puissances scientifiques. Dans le cas précis de l’exploration planétaire, celle de la Lune et Mars en premier lieu, l’Europe devrait faire comme le fait aujourd’hui la Chine, prendre seule en charge les programmes correspondants.

Indiquons enfin que dans le cas précis de la mission Exomars, les investissements nécessaires mener celle-ci à terme sont infimes au regard d’autres dépenses prises en charge partiellement par les budgets publics tels que l’aménagement de sites touristiques.

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