L’Occident n’a pas réagi militairement à l’offensive de Vladimir Poutine en Ukraine. La raison en est simple. Sauf à utiliser des armes nucléaires tactiques, l’Otan, à supposer qu’elle le veuille, n’a pas les moyens terrestres, aériens ou maritimes capables de s’opposer à l’offensive russe comme le fait encore avec un admirable courage le président ukrainien Volodymyr Zelinsky. Seule la France dispose de forces armées respectables, mais elles sont pour le moment engagées sur d’autres terrains. Quant aux Etats-Unis, ils réservent l’essentiel de leurs ressources militaires aux futurs affrontement avec la Chine dans le Pacifique
Par contre, à la suite de son offensive militaire en Ukraine, Poutine s’est vu infliger par l’occident un certain nombre de sanctions économiques aggravées par rapport à celle qu’il subit déjà. Dans un premier temps, celles-ci n’ont eu aucun effet. On n’arrête pas des blindés avec des droits de douanes. Mais qu’en sera-t-il dans les jours suivants ?
La principale sanction a consisté à bloquer les transactions effectuées à travers le réseau SWIFT par les principales institutions financières russes, notamment les deux plus grandes banques du pays : Sberbank et VTB Bank. Elles ne peuvent plus opérer en Europe et n’ont plus accès aux marchés financiers internationaux et aux transactions en dollars. Rappelons que Swift signifie Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication. Il s’agit en fait plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers du monde entier.
Créée en 1973, la société Swift, basée en Belgique, a lancé son propre réseau en 1977. Ouvert en 2001 aux entreprises privées, il permet, entre autres, la transmission des informations bancaires nécessaires à une transaction. C’est un moyen de faciliter le transfert d’argent à l’international utilisé par des milliers de banques, qui permet la transmission rapide d’informations entre les banques, pour que ces dernières puissent réaliser rapidement les différents paiements ou virements. Ces deux banques, détiennent à elles seules 750 milliards de dollars d’actifs, la moitié du système bancaire russe. En réaction, la Banque de Russie a annoncé hier des mesures de soutien pour continuer à assurer « les services à tous les clients comme d’habitude ». De plus Moscou pourrait trouver dans les banques chinoises une alternative d’accès au marché des capitaux.
La Russie compte sur son stock d’or et ses réserves de change pour faire face à ce blocus financier. En dix ans, la banque centrale russe a accumulé beaucoup d’or dont les réserves sont passées de 450 tonnes en 2007 à 2 300 tonnes fin 2021, soit pratiquement autant que la France (2 436,4 tonnes). Moscou a aussi constitué des réserves financières estimées à 640 milliards de dollars ce qui lui permettra de tenir relativement longtemps face à l’asphyxie économique que met en place l’Occident. Malgré cela en 24 heures la Bourse de Moscou a perdu 40 % et le rouble a perdu plus de 5 % ce qui diminue d’autant le pouvoir d’achat des habitants.
Ajoutons que la force de frappe des chars russes s’est beaucoup dégradée, pannes, manque de carburants, accidents divers ont accumulé les épaves le long du chemin. Le bon sens voudrait que Poutine s’en rende compte et rentre chez lui. Mais ne sera-t-il pas tenté d’élever les enchères ?