Un instant considéré comme un simple laquais (puppet) de Washington, son nouveau président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) au pouvoir depuis 2018, se révèle tout autre.
S’il s’efface devant les Etats-Unis sur leurs problématiques communes, notamment la lutte contre les narco-trafiquants, il n’hésite pas à leur tenir tête sur certains dossiers. Washington, contrairement à ses habitudes, ne réagit qu’en apparence.
Des son arrivée au pouvoir, AMLO a rejeté les ingérences des Etats-Unis en Amérique latine – notamment à Cuba et au Venezuela –, et voulu accorder l’asile à Julian Assange. Comment dans ces conditions, peut-il entretenir de bonnes relations avec le président américain. ? Pour bien moins que cela, Washington traite avec la plus grande hostilité certains dirigeants qui lui tiennent tête.
Pourtant, au Mexique, au pouvoir depuis 2018, AMLO revendique sa différence.
Les deux pays sont imbriqués et interdépendants, c’est quasiment un fait. Cependant les choses ont mal commencé entre lui et Joe Biden. AMLO a été l’un des derniers dirigeants à féliciter le nouveau président américain élu, en mettant six semaines à lui expédier une formule de congratulations lapidaire avant de lui dire dans la foulée tout le bien qu’il pensait de son prédécesseur lors de leur première conversation téléphonique le 19 décembre 2021.
A cette occasion, il lui a exposé également ce qui doit faire selon lui le secret de bonnes relations bilatérales : que Washington reste en dehors des affaires intérieures mexicaines.
Impliqué dans la politique de son pays depuis les années 1970, AMLO loue le principe de non-intervention et d’autodétermination des peuples. Dans ces domaines, selon lui, Donald Trump, avec qui il a signé un traité de libre-échange, a respecté le Mexique. Ce qui n’a pas empêché AMLO de s’oppposer à l’administration Trump en formalisant, par exemple, sa proposition d’offrir l’asile au journaliste Julian Assange, poursuivi par les Etats-Unis
AMLO est-il une exception dans le paysage latino-américain compte tenu du type de relation qu’il parvient à imposer, ou est-ce la position géographique du Mexique qui fait que Washington ne peut raisonnablement pas se brouiller avec ses dirigeants ?
En fait AMLO s’inscrit dans la «doctrine Estrada », tradition politique mexicaine de non-ingérence, de respect de la souveraineté des Etats pour les défendre contre les prétentions hégémoniques». Constituant l’idéal diplomatique mexicain, elle tire son nom de Genaro Estrada, ministre des Affaires étrangères qui fixa en 1930 les principes de non-intervention, d’autodétermination des peuples et de règlement pacifique des conflits.
A son arrivée au pouvoir, Joe Biden a de son côté exprimé ses meilleures intentions concernant son voisin du sud, soulignant «la nécessité de revitaliser la coopération entre les Etats-Unis et le Mexique, pour garantir une migration sûre et ordonnée, contenir le Covid-19, régénérer les économies de l’Amérique du Nord et sécuriser leur frontière commune. »
Si, comme mentionné plus haut, au niveau intérieur, Mexique et Etats-Unis ne peuvent gouverner l’un sans l’autre et s’en accommodent comme ils peuvent, au niveau régional et international, AMLO a bien l’intention de mener la politique qu’il entend, quitte à s’opposer parfois à Washington. Aucun Etat n’a le droit de soumettre un autre pays Ainsi, en septembre 2021, il proposait aux pays latino-américains de s’émanciper des Etats-Unis en redonnant vie à la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (Celac) lors d’un sommet à Mexico. Son but revendiqué : affaiblir l’Organisation des Etats américains (OEA), dominée par Washington, qu’AMLO veut remplacer par un organisme «vraiment autonome» et «qui ne soit le laquais de personne».
CELAC https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_d%27%C3%89tats_latino-am%C3%A9ricains_et_cara%C3%AFbes