Candidats aux élections présidentielles françaises. L’aveuglement voulu

La douzaine de personnalités de tous bords qui se disent prêtes à assumer la fonction de Président de la république française et annoncent vouloir se présenter aux prochaine élections présidentielles ne manquent pas de temps dans les médias pour exposer leurs programmes.

Curieusement, la question de la crise climatique et environnementale, crise dont la France, comme le reste du monde subira inexorablement les effets, n’est que rarement évoquée, ou ne l’est qu’en quelques mots.

Pourtant les avertissements ne leur manque pas. Ainsi aujourd’hui 1er février, 1 400 scientifiques climatologues, géographes, sociologues, philosophes, historiens, océanographes, astrophysciens, mathématiciens et économistes, appellent les candidats à la présidentielle à sortir « des discours de l’inaction »  Dans une tribune publiée sur franceinfo à quelques semaines de l’élection présidentielle, ils s’inquiètent, « l’absence de débat démocratique (…) sur les graves bouleversements en cours et à venir ».

Quels que soient nos opinions politiques et nos engagements personnels, nous constatons avec inquiétude l’absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu’ils concernent le climat, l’océan, la biodiversité ou les pollutions. »

Les défis qui nous attendent incluent la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la préservation du vivant. Mais ils portent aussi sur la nature et le rythme de l’adaptation, la juste répartition des risques et des efforts, la solidarité entre générations ou entre territoires. De fait, ils concernent l’emploi, le transport et la mobilité, l’alimentation, le partage et l’accès aux ressources – notamment à l’eau potable –, le foncier, la santé, la fiscalité, l’éducation, la formation professionnelle, la recherche et l’innovation, la préservation du patrimoine historique et culturel, l’habitat, la réduction des inégalités et des fractures territoriales, le tournant numérique, la prévention et l’indemnisation des catastrophes, la sécurité intérieure, la souveraineté et la défense nationale, la politique européenne et internationale.

Si beaucoup d’objectifs de court et long termes sont connus et fixés par nos engagements nationaux et internationaux, différentes trajectoires sont possibles et doivent être discutées. Et si l’on choisit l’inaction, il est nécessaire d’en exposer et d’en assumer les conséquences. »

Encore faut-il que les citoyens puissent décider en leur âme et conscience. Pour cela, les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent pouvoir s’exprimer, et donc être interrogés, sur des questions de fond.

Elles sont nombreuses. Ainsi, comment fait-on pour :
– tripler le rythme des baisses des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2024, sans augmenter les inégalités sociales et territoriales ? Orienter les investissements de la France vers la neutralité carbone ? Agir sur les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane ? Développer les puits de carbone, alors que nos forêts souffrent déjà du climat qui change ?
– réduire notre dépendance aux énergies fossiles, sans augmenter la précarité énergétique, en accompagnant la reconversion de certains emplois et en formant une main-d’œuvre qualifiée pour satisfaire les nouveaux besoins ?
– intégrer les enjeux environnementaux dans les accords commerciaux internationaux, pour diminuer notre empreinte carbone, la déforestation importée, la consommation d’eau ou de plastiques ?
– transformer les filières agricoles, industrielles, touristiques, pour répondre aux impacts du changement climatique, au renchérissement des matières premières, à l’adoption de nouvelles normes internationales, aux attentes des
consommateurs ?
– adapter les villes pour réduire leur vulnérabilité aux extrêmes chauds, secs et humides, selon une logique bas-carbone, tout en luttant contre l’habitat insalubre et le mal-logement, sans augmenter l’artificialisation des sols ?
– se préparer à des événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, renforcer les systèmes de gestion de crise et d’assurance et engager des moyens à la hauteur des enjeux d’adaptation et de résilience ? Anticiper les déplacements de populations, d’infrastructures et d’activités, notamment sur les littoraux, et considérer dès à présent le devenir des territoires les plus exposés ?
– peser sur la diplomatie mondiale du climat et de la protection de l’environnement, afin que les Etats respectent leurs engagements et que l’accord de Paris joue véritablement son rôle ?
– œuvrer pour que l’éradication de la pauvreté dans le monde soit combinée avec l’adoption de modèles de développement durable et l’émancipation des femmes ?

Le constat scientifique vis-à-vis de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et les pollutions est clair.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette indifférence. La principale cependant tient à l’esprit démagogique des hommes politiques soumis à un processus électoral. Ils ne veulent pas évoquer les sacrifices qu’ils demanderait aux citoyens, mais seulement les bénéfices que ceux-ci retireraient de leur élection. Les citoyens, aveuglés par leurs propres intérêts immédiats, ne demandent qu’à les croire.

Ce ne fut qu’en période de guerre qu’un certain Winston Churchill, au demeurant bien installé au 10 Downing Street, avait parlé de sang, de sueur et de larmes « I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat » …

Référence

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/tribune-crises-environnementales-1-400-scientifiques-appellent-les-candidats-a-la-presidentielle-et-les-medias-a-sortir-des-discours-de-l-inaction_4930099.html

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