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Depuis 2020, des scientifiques des universités américaines Tufts, Harvard et Vermont ont révélé l’existence de nouveaux organismes qu’ils ont synthétisés ; les xénobots.
Il s’agit de micro-organismes biologiques issus de l’assemblage de cellules provenant d’une grenouille sud-africaine dénommée Xenopus laevis. Ces xénobots font partie de la famille des biobots, élaborés à partir d’autres types de cellules (y compris humaines). Dans les articles scientifiques, , on les retrouve aussi appelés machine synthétique vivante ou encore micro-robots multi-talents. Ils sont définis comme des machines hybrides dotées de muscles et de nerfs.
Ce sont des machines car, contrairement à ce que l’on peut croire, une machine n’est pas nécessairement inerte (La caractéristique d’une machine est d’être fabriquée, capable de créer, transformer ou faire usage d’énergie pour réaliser une tâche donnée. Lorsque l’on parle de fabrication, on entend des éléments qui n’existeraient pas de façon indépendante sans l’intervention humaine. Il ne s’agit pas non plus d’organismes vivants synthétique. La notion de synthétique fait référence à la biologie synthétique, où des organismes non existants naturellement sur terre sont fabriqués à partir d’éléments vivants.
Ces machines sont par contre hybrides car elles sont élaborées à partir de l’assemblage de cellules vivantes différenciées dont l’alliance est artificielle. Dans le cas des xénobots, on compte plus de 5 000 cellules cardiaques et épidermiques par organisme.
La particularité de ces micro-organismes issus de cellules différenciées, donc dotées – du fait de leur état évolutif – d’un rôle précis dans l’organisme, est qu’il est possible de les reconfigurer, c’est-à-dire les programmer pour faire autre chose que leur destination cellulaire d’origine. On peut ainsi faire se mouvoir de façon autonome des cellules de la peau.
Cela a été rendu possible grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA).
Les chercheurs ont ainsi imaginé donner un certain nombre de tâches à ces biobots : marcher, nager, pousser ou porter un « objet », se soigner, travailler en groupe. Puis, ils ont demandé à une IA d’établir, pour chaque tâche, le type, la forme et la place des cellules à utiliser pour construire un organisme le plus efficient possible. Les formes et alliances modélisées ont alors été reproduites in vitro (en laboratoire).
Il a été observé que ce xénobot cellulaire répondait bien aux attentes. Il a marché, nagé, poussé ou porté un « objet », s’est soigné et enfin a travaillé en groupe. Mais il a fait mieux, et plus fondamental : fin 2021, il s’est reproduit.
L’impact de cette information est considérable, car les xénobots n’avaient pas été programmés pour cela. Ils ont agi seuls, de façon autonome, sans cerveau, juste à partir de stratégies dont nous ignorons tout. Ces cellules assemblées de peau et de muscle cardiaque, sans histoire évolutionnaire, ont trouvé, indépendamment de tout support extérieur, le moyen de se démultiplier. L’autonomie de la machine en tant qu’objet fabriqué est ainsi prouvée au niveau cellulaire.
Pour la suite, voir
https://theconversation.com/xenobots-biobots-doit-on-avoir-peur-des-robots-vivants-175601
Voir aussi https://www.science-et-vie.com/archives/mi-vivants-mi-machines-les-biorobots-debarquent-22808