Le généticien renommé Svante Pääbo directeur de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste et son collègue Hugo Zeberg viennent de publier dans Nature le 30 septembre 2022 un article référencé ci-dessous relatant les résultats d’une de leur récentes recherches
Cette dernière indique que des gènes hérités d’un homme de Néandertal vivant il y a 50 000 ans et présents chez certains hommes modernes peuvent accroître chez eux le risque de développer une forme grave du Covid-19.
En quoi la séquence génétique de ces hommes modernes les fragilise-t-elle face au Covid 19 ? Selon Svante Pääbo, une personne de 40 ans à qui les deux parents ont légué ce bagage génétique vieux de 50 000 ans a le même risque de connaître des complications graves de la maladie qu’un sexagénaire. Il place même le risque au-dessus des comorbidités, comme le diabète ou d’autres maladies connues pour jouer un rôle dans la virulence des symptômes du virus.
Les deux chercheurs ont, en effet, constaté en analysant les résultats de l’étude sur les facteurs génétiques et les risque face au Covid-19, que « si vous avez hérité de ces gènes de votre mère et de votre père, c’est comme si on vous ajoutait 20 ans face à la maladie »,.
« On ne sait pas toujours le rôle que joue chaque gène », reconnaît-il. Mais pour deux d’entre eux, il y a des hypothèses. L’un d’entre eux jouerait un rôle dans les défenses du corps face aux virus et on sait que les symptômes du Covid-19 peuvent être aggravés par une trop forte réaction du système immunitaire. L’autre gène a un lien direct avec la protéine qui sert de récepteur au Sars-Cov-2. « Ensemble, ils peuvent former un cocktail particulièrement explosif dans le cas du coronavirus », estime-t-il .
Luis Quintana-Murci, un chercheur du Collège de France, appelle d’ailleurs à « néandertaliser des cellules humaines pour étudier les effets fonctionnels » de cette séquence ADN. En d’autres termes, il veut reproduire en laboratoire ce fragment du génome pour mieux comprendre ce qui se passe lorsqu’il rentre en contact avec le Sars-Cov-2.
Cette recherche ne nous paraît pas hors de portée du Collège de France ou de ses tutelles. Elle sera d’autant plus nécessaire qu’avec le degel du permafrost arctique des centaines de virus vieux de millions d’années et actuellement inhibés par le froid se réveilleront.
Référence
https://www.covid19hg.org/fr/blog/2020-09-24-freeze-3-results/
The major genetic risk factor for severe COVID-19 is inherited from Neanderthals
Nature volume587, pages 610–612 (2020)
Abstract
A recent genetic association study identified a gene cluster on chromosome 3 as a risk locus for respiratory failure after infection with severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2). A separate study (COVID-19 Host Genetics Initiative) comprising 3,199 hospitalized patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19) and control individuals showed that this cluster is the major genetic risk factor for severe symptoms after SARS-CoV-2 infection and hospitalization. Here we show that the risk is conferred by a genomic segment of around 50 kilobases in size that is inherited from Neanderthals and is carried by around 50% of people in south Asia and around 16% of people in Europe.
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