Comme prévu, le Conseil de l’Union européenne a adopté un 8ème paquet de sanctions contre la Russie en rétorsion aux référendum sur le rattachement à la Russie des 4 provinces ex-ukrainiennes de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporizhzhia. Les mesures ont été prises sont dans la continuité des sept autres « paquets ». Mais, parmi elles, certaines pourraient avoir un effet pervers sur l’économie européenne.
Les sanctions visent en priorité des personnes et des entités travaillant dans le secteur de la défense, tels que de hauts responsables et des militaires, ainsi que des entreprises soutenant les forces armées russes. S’y ajoutent les acteurs qui « propagent la désinformation sur la guerre », formule vague qui cache mal une volonté de censure et de contrôle sur l’information.
Ces sanctions comprennent des restrictions supplémentaires à l’exportation introduites dans le but de réduire l’accès de la Russie aux articles militaires, industriels et technologiques, ainsi que sa capacité à développer son secteur de la défense et de la sécurité S’y ajoutent des restrictions à l’importation concernant près de 7 milliards d’euros de biens supplémentaires.
Dans le détail, sont interdites les exportations de charbon, y compris le charbon à coke (qui est utilisé dans les installations industrielles russes), des composants électroniques spécifiques (présents dans les armes russes), des articles techniques utilisés dans le secteur de l’aviation, ainsi que certains produits chimiques.
Pour les importations, l’interdiction d’importer touche les produits sidérurgiques russes finis et semi-finis (sous réserve d’une période de transition pour certains produits semi-finis massivement importés par les pays européens), des machines et appareils industriels , des matières plastiques, des véhicules, des textiles, des chaussures, du cuir, de la céramique, certains produits chimiques et les bijoux autres qu’en or (?).
On comprend mal certaines de ces dernières mesures. L’Union européenne était importatrice de charbon et de charbon à coke russe. La Russie est entièrement auto-suffisante sur ces produits qu’elle exporte. Il en va de même pour les produits chimiques, dont la Russie était massivement exportatrice.
Concernant les interdictions d’importation, les économies des pays de l’Union européenne sont massivement importatrices des produits laminés fabriqués en Russie. Rappelons que le laminage est un procédé de fabrication par déformation plastique. Il concerne différents matériaux tel que le métal ou tout autre matériau sous forme pâteuse comme le papier ou les pâtes alimentaires
Si les industries européennes trouvent d’autres fournisseurs que les russes, dans des secteurs où la demande de l’économie chinoise sature largement les capacités d’exportation, ce ne sera certainement pas au même prix. En conséquence, les « sanctions » vont se traduire par une hausse du coût des composants pour les industries européennes, ce qui détériorera leur compétitivité internationale.
Références