Notre univers n’est il qu’une simulation numérique ?
L’hypothèse selon laquelle notre Univers ne serait qu’une vaste simulation numérique a longtemps été cantonnée aux œuvres de science-fiction ou aux débats philosophiques nocturnes. Pourtant, cette théorie vertigineuse quitte aujourd’hui le domaine de la spéculation pour entrer avec fracas dans celui de la physique expérimentale. Ce qui semblait être un scénario hollywoodien devient une question scientifique légitime grâce aux travaux de Melvin Vopson, physicien à l’Université de Portsmouth. Loin de se contenter d’hypothèses abstraites, ce chercheur a formalisé une nouvelle loi physique et propose désormais un protocole expérimental concret pour tester la texture même de notre réalité. Si son intuition se confirme, c’est toute notre compréhension de la matière et de l’existence qui s’en trouverait bouleversée.
Si l’allégorie de la caverne de Platon suggérait déjà que nos sens pouvaient nous tromper, le débat moderne sur la réalité simulée trouve sa source dans un article fondateur publié en 2003 par Nick Bostrom, philosophe à l’Université d’Oxford. Son « argument de la simulation » repose sur une triade logique implacable. Bostrom postule que l’une des trois propositions suivantes est forcément vraie : soit les civilisations s’éteignent avant d’atteindre une capacité technologique de « post-humains » ; soit elles atteignent ce stade mais n’ont aucun intérêt à simuler leurs ancêtres ; soit nous vivons presque certainement dans une simulation.
Le raisonnement est statistique : si une civilisation avancée peut créer des simulations de conscience, elle en créera probablement des milliards pour étudier son histoire ou la sociologie. Dès lors, le nombre d’êtres simulés dépasserait largement le nombre d’êtres « réels ». Mathématiquement, la probabilité que nous soyons dans la réalité de base devient alors infime. Mais pour Melvin Vopson, cette approche probabiliste ne suffit pas. La science ne se contente pas de paris, elle exige des preuves. Il a donc entrepris de chercher les « pixels » de notre univers, ces anomalies ou ces traces de code qui trahiraient la nature artificielle de notre environnement, en traduisant cette hypothèse informatique en lois physiques tangibles et mesurables.
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Voir aussi
L’information est-elle la cinquième forme de la matière ?
Pour donner corps à cette théorie, il est impératif de reconsidérer la nature même de ce que nous appelons « information ». En physique classique, nous avons l’habitude de distinguer la matière tangible (les atomes) de l’énergie (le rayonnement) et de considérer l’information comme un concept abstrait, une simple description du monde. Pourtant, depuis les travaux pionniers de Claude Shannon et le principe de Landauer formulé dans les années 1960, la frontière s’est brouillée. Landauer a démontré que l’effacement d’un bit d’information est un processus physique qui dégage obligatoirement une quantité minimale de chaleur. L’information possède donc une réalité énergétique indéniable.
Melvin Vopson pousse cette logique à son paroxysme avec son principe d’équivalence masse-énergie-information. S’inspirant de la célèbre équation d’Einstein $E=mc^2$, qui unifie masse et énergie, Vopson propose d’élargir ce cadre pour y inclure l’information comme une composante fondamentale. Selon sa théorie, l’information ne serait pas seulement de l’énergie, mais elle posséderait une masse propre, quoique infime. Chaque bit d’information stocké dans l’ADN, dans une particule élémentaire ou dans un disque dur contribuerait à la masse totale de l’objet. Si cette hypothèse se vérifie, l’information deviendrait officiellement la cinquième forme de la matière, rejoignant les solides, les liquides, les gaz et les plasmas. L’Univers entier pourrait alors être perçu comme un dispositif de stockage colossal où chaque particule porte le poids de ses propres données.
Référence
Research Article| October 06 2023
https://pubs.aip.org/aip/adv/article/13/10/105308/2915332/The-second-law-of-infodynamics-and-its
The second law of infodynamics and its implications for the simulated universe hypothesis
Melvin M. Vopson Corresponding Author
AIP Advances 13, 105308 (2023)
https://doi.org/10.1063/5.0173278
The simulation hypothesis is a philosophical theory, in which the entire universe and our objective reality are just simulated constructs. Despite the lack of evidence, this idea is gaining traction in scientific circles as well as in the entertainment industry. Recent scientific developments in the field of information physics, such as the publication of the mass-energy-information equivalence principle, appear to support this possibility. In particular, the 2022 discovery of the second law of information dynamics (infodynamics) facilitates new and interesting research tools at the intersection between physics and information. In this article, we re-examine the second law of infodynamics and its applicability to digital information, genetic information, atomic physics, mathematical symmetries, and cosmology, and we provide scientific evidence that appears to underpin the simulated universe hypothesis.
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