La France dispose aujourd’hui d’un parc de centrales atomiques à fission qui la met en tête de tous les autres pays ayant recours à ce type d’énergie. Elle compte 2 réacteurs de 900 MWe : 4 réacteurs du palier CP0 (4 à Bugey), et 28 réacteurs du palier CPY (4 à Tricastin, 6 à Gravelines, 4 à Dampierre, 4 à Blayais, 4 à Chinon, 4 à Cruas et 2 à Saint-Laurent). Ces centrales sont bien entretenues malgré les coûts et pourraient produire en toute sécurité pendant encore sans doute trente ans. La mise à l’arrêt de la centrale de Fessenheim a été une faute politique du gouvernement français d’alors.
Parallèlement la France a pris la tête des quelques pays ayant décidé de réaliser des centrales nucléaires à fusion contrôlée. Elle héberge à Cadarache le projet international ITER. Celui-ci (International Thermonuclear Experimental Reactor), fait partie de la 2ème génération de prototypes de tokamak. Quelques start up ayant investi dans ce programme ont annoncé avoir obtenue des durées de fusion prometteuses.
Rappelons que la fusion nucléaire fait partie des énergies dites « décarbonées ». Fusionner deux isotopes de l’hydrogène produit de l’hélium. Il ne s’agit pas de combustion, et il n’y a pas d’émission de CO2 dans cette réaction. Le tokamak est une technologie qui permet de confiner le plasma grâce à des champs magnétiques, dans une vaste enceinte torique où la fusion nucléaire peut avoir lieu.
La France doit faire plus pour atteindre la neutralité carbone
En France, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 et la loi énergie-climat (LEC) de 2019 ont fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de diversification des sources d’énergie, en cohérence avec les objectifs européens.
L’objectif de neutralité carbone en 2050 (autrement dit viser à ce que la France n’émette pas plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en absorbe sur son territoire) et l’objectif de 33 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en France d’ici 2030 ont ainsi été inscrits dans la loi. Pour l’électricité, cela correspond à un objectif de 40% de la production électrique d’origine renouvelable en 2030.
Pour atteindre ces objectifs, l’État a défini deux feuilles de route, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Dans ces conditions, augmenter la production d’électricité décarbonée pour atteindre la neutralité carbone en 2050 nécessite une électrification massive des usages faisant appel à l’électricité décarbonée.
En France, les émissions de gaz à effet de serre sont principalement générées par le recours aux énergies fossiles, qui représentent aujourd’hui près des deux tiers de la consommation en énergie finale. La décarbonation des secteurs émetteurs de gaz à effet de serre (transports, résidentiel, industrie…) nécessitera de passer d’une utilisation d’énergie fossile à une utilisation d’électricité, qui devra être produite par des moyens de production décarbonés pour certains usages : véhicules électriques (au lieu de thermiques), pompes à chaleur (au lieu de chauffage au gaz ou au fioul), procédés industriels électrifiés… Il en résulte que le besoin en électricité provenant de sources décarbonées augmentera significativement dans les décennies à venir.
Ainsi, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) publiée en 2020 prévoit à l’horizon 2050 une augmentation en volume du besoin de production électrique à hauteur de 645 TWh.
Compte tenu à la fois de ce besoin croissant en électricité, d’une nécessaire diversification de nos moyens de production d’électricité pour rendre le mix électrique plus résistant face aux crises, du relatif vieillissement des centrales nucléaires existantes, et malgré les projets de nouvelles centrales nucléaires dont la première mise en service n’est pas envisagée avant 2035, il est indispensable de développer rapidement et massivement de nouveaux moyens de production d’énergies renouvelables. Ceux-ci comportent notamment l’éolien terrestre, le solaire et les énergies marines renouvelables (EMR), dont fait partie l’éolien en mer.
L’éolien en mer présente de nombreux atouts :
- Un gisement important, permettant de remplir à horizon 2050 l’équivalent d’environ un quart des besoins en électricité en France
- Une grande productivité, avec un facteur de charge de 45% en moyenne
- Une technologie faiblement émettrice de CO2 (facteur d’émission entre 13 et 19 g eq CO2/kWh produit)
- Une technologie toujours plus compétitive puisque le dernier appel d’offres éolien posé a été attribué à un tarif de 45€/MWh
- Une technologie créatrice d’emplois, avec plus de 7500 emplois dans le secteur en France.
Le déploiement de nouvelles capacités de production d’énergie est réalisé selon les objectifs fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Révisée tous les cinq ans, elle définit la trajectoire du mix énergétique national pour les dix prochaines années. La PPE en vigueur couvre la période 2019-2028 et détermine les capacités de production à attribuer sur cette période.
Afin de poursuivre le développement de l’éolien en mer, les objectifs suivants ont été annoncés en 2022 :
– objectif de 50 parcs en service représentant 40 GW installés en 2050 (discours du président de la République à Belfort le 10 février 2022) ;
-objectif de 2 GW attribués par an à partir de 2025 et de 20 GW attribués en 2030 (pacte entre l’Etat et la filière de mars 2022).
Lors des travaux sur la révision de la stratégie française pour l’énergie et le climat, le Gouvernement a publié, le 12 juin 2023, une trajectoire de déploiement de l’éolien en mer prévoyant la mise en service de 45 GW à l’horizon 2050
Ces orientations ont vocation à être traduites, adaptées et précisées lors de la prochaine loi de production d’énergie et la révision de la PPE prévue en 2024.