27/3/2023 Les éléments nécessaires à la vie semblent répandus partout dans l’univers visible

La présence de ces éléments n’est pas une preuve incontestable de la présence d’une forme quelconque de vie existant ou ayant existé dans l’univers visible. Néanmoins, si l’on parle de la vie telle que nous la connaissons sur Terre, elle permet des présomptions sérieuses. La moindre de ces présomptions est que sans eux, il n’y a pas de vie possible.

Cependant on peut aujourd’hui aller plus loin. La récente découverte sur l’asteroide 162117 Ryugu de tels éléments fait réfléchir à la présence possible d’une vie hors du système solaire. Ils proviennent d’une mission Hayabusa-2 dite de retour d’échantillons extraits au Japon en juillet 2021 et analysés au GFSC (Goddard Space Flight Center) de la Nasa à l’automne 2021.

Une très petite quantité d’échantillons (30 milligrammes) a été attribuée à l’équipe internationale d’analyse des composés organiques solubles. L’échantillon a été extrait grâce à de nombreux solvants différents au Japon et analysé dans des laboratoires au Japon, à Goddard et en Europe à l’aide d’une gamme de machines spécialisées du type de celles d’un laboratoire médico-légal.

On trouvera ci-dessous les premiers éléments provenant de cette étude, publiés par Nature
Uracil in the carbonaceous asteroid (162173) Ryugu | Nature Communications

Dans les pays en zone de conflits, des appareillages orthopédiques imprimés en 3D à partir de matériaux recyclés

Nous recevons ce message pour rediffusion 27/03/2023

Dans les pays à faibles revenus ou en contexte de conflit, seulement 5 à 15 % des personnes ayant besoin d’un appareillage orthopédique y ont accès. En effet, les infrastructures et personnels de santé sont présents en ville et donc difficiles d’accès aux personnes vivant dans des zones rurales ou isolées. De plus, les délais et coûts de fabrication de la conception traditionnelle d’appareillages orthopédiques sont élevés et peu accessibles à tous.

Pour répondre aux problématiques présentes sur le terrain d’intervention, l’ONG Handicap International et le réseau d’écoles d’ingénieur INSA s’unissent depuis 2021, dans le cadre de la Chaire de Recherche « Innovation for Humanity ». L’objectif est de développer des solutions techniques adaptées aux situations dans les pays d’intervention, grâce aux connaissances de l’ONG dans le domaine de l’humanitaire et l’expertise scientifique du Groupe INSA et de ses laboratoires.

Traditionnellement, les appareillages orthopédiques sont réalisés par thermoformage ou stratification par un orthoprothésiste qualifié. Il s’agit d’un procédé long et coûteux qui nécessite de réaliser d’abord un moule en plâtre du membre du patient. Le moule négatif est alors rempli de plâtre et transformé en un moule positif, qui reproduit la forme de la jambe du patient. Ce moule positif est ensuite rectifié pour corriger la posture du patient.

L’appareillage est fabriqué à partir de résine ou il est thermoformé à l’aide d’une plaque de polyéthylène ou polypropylène qui est chauffée pour prendre la forme du moule. Le patient devra alors se rendre plusieurs fois au centre orthopédique pour la réalisation du moule initial puis des ajustements, auxquels il faut ajouter un temps de rééducation. Au final, plusieurs semaines sont requises pour appareiller un patient, avec une prothèse (dispositif de remplacement) ou une orthèse (dispositif de correction).

Depuis 2017, Handicap International utilise la fabrication additive, communément appelée impression 3D, pour réaliser des orthèses. Les pièces sont créées, couche par couche, à partir d’un filament en plastique fondu. Il est alors possible de concevoir des orthèses plus rapidement et à des prix plus accessibles. Pour cela, le scan 3D du membre du patient est réalisé à l’aide d’un scanner portatif. Puis, l’appareillage est conçu sur un logiciel de conception et imprimé en 10 à 20 heures. L’impression 3D permet d’aller au plus proche des personnes dans le besoin car le scan 3D du patient peut être pris à distance et envoyé au centre d’impression 3D, qui est encore centralisé. À terme, l’imprimante pourrait être emmenée sur place avec un simple véhicule. Finalement, les études d’Handicap International menées au Togo, Mali et Niger montrent que cette nouvelle technologie est très bien acceptée par les bénéficiaires et les personnels soignants.
Cependant, les filaments d’impression 3D utilisés viennent d’Europe et sont fabriqués à partir de matières vierges, ce qui alourdit les coûts financiers et environnementaux et entraîne des problèmes de logistique. Ainsi, Handicap International souhaite fabriquer son filament d’impression 3D directement dans les pays d’intervention, avec des matériaux locaux et recyclés.

Pour diminuer les coûts, l’intérêt du recyclage

Nous nous sommes alors intéressés au recyclage des déchets plastiques, qui sont présents partout dans le monde. Dans les pays en voie de développement, les déchets sont un réel problème pour les populations et les écosystèmes car ils finissent dans la nature à cause d’une gestion limitée. Cependant, les plastiques recyclés peuvent désormais être utilisés en impression 3D. Pour cela, les déchets plastiques seraient collectés, triés, nettoyés, broyés, séchés, extrudés (fondus) en filaments qui pourraient ensuite être imprimés en 3D. Les coûts de fabrication et l’impact écologique liés à la fabrication du filament d’impression 3D seraient alors réduits et il serait ainsi possible de lutter contre la pollution plastique.

Les défis sont donc nombreux. Il faut d’abord trouver des matériaux qui soient à la fois disponibles, recyclables et imprimables, tout en respectant un cahier des charges complexe en termes de résistance mécanique et de fiabilité, afin de répondre aux besoins des orthoprothésistes. Ensuite, il pouvoir créer un filament recyclé de qualité. Le challenge est de taille car les matières recyclées présentent souvent des impuretés (charges métalliques ou minérales, mais aussi d’autres polymères) alors qu’il est primordial de garder un filament de diamètre constant tout au long de l’impression.

Trois matériaux ont été retenus au début de cette étude :

  • le Polyéthylène Téréphtalate (PET), que l’on retrouve dans les bouteilles plastiques dont les gisements de déchets sont très nombreux, notamment dans les pays en développement où l’accès à l’eau potable est limité. Ce matériau a l’avantage d’être recyclable et imprimable, ainsi que d’avoir de très bonnes propriétés mécaniques.
  • le Polyuréthane Thermoplastique (TPU), qui est de plus en plus utilisé dans le domaine du sport et de la santé pour sa flexibilité. Il présente un grand potentiel en orthopédie pour le confort qu’il peut apporter aux utilisateurs d’orthèses. De plus, il est recyclable et facile à imprimer en 3D. Cependant, c’est un matériau onéreux et il ne possède pas de filière de recyclage.
  • le Polypropylène (PP) est traditionnellement utilisé en orthopédie technique. C’est un polymère recyclable qui est présent notamment dans nos emballages du quotidien, pour l’alimentaire ou l’hygiène. En revanche, il est difficile à imprimer car l’adhésion entre les premières couches et le plateau d’impression est mauvaise. Ce problème peut toutefois être surpassé par un choix rigoureux des paramètres d’impression 3D.

Ainsi, nous avons travaillé avec des filaments de PET et TPU recyclés, élaborés respectivement à partir de bouteilles plastiques et de chutes de l’industrie de la chaussure. De plus, nous avons fabriqué notre propre filament en PP. Pour cela, nous avons utilisé les matières recyclées par l’entreprise PAPREC, qui sont issues du tri sélectif. Nous les avons transformées en filament avec l’entreprise ENKY 3DP, spécialisée dans la fabrication de filament d’impression 3D. Nous avons alors obtenu un filament de qualité avec de très bonnes propriétés mécaniques.

Ensuite, nous avons imprimé des orthèses avec les trois polymères, afin d’étudier le panel de propriétés mécaniques qu’il est possible d’obtenir. Comme les matériaux n’ont pas le même comportement mécanique (le PET est rigide, le PP est semi-rigide et le TPU est flexible) nous avons aussi fait varier l’épaisseur de l’orthèse qui agit fortement sur sa raideur.

Nous avons ensuite testé mécaniquement les orthèses pour déterminer leur raideur, qui conditionne le support apporté par l’appareillage à l’utilisateur de l’orthèse. Pour cela, nous avons conçu un banc d’essai qui reproduit la flexion du pied durant la marche. En parallèle, nous avons développé un modèle numérique qui reproduit l’essai mécanique et nous permet d’approfondir nos analyses et d’étudier par exemple les zones qui sont les plus sollicitées dans l’orthèse pendant la marche.

Nous obtenons alors des orthèses avec des raideurs très différentes : plus le matériau est rigide et plus l’orthèse est épaisse, plus cette dernière sera rigide et bloquera les mouvements de la jambe. Nous avons également remarqué que nous obtenons une proportionnalité entre la raideur et l’épaisseur de l’orthèse, ainsi que la rigidité du matériau. Ce résultat pourrait à terme aider les orthoprothésistes dans leur travail, en leur permettant de choisir la raideur de l’orthèse dès sa conception, afin de répondre au mieux aux besoins du patient.

Finalement, les orthèses en PET ou TPU recyclés ne permettent pas de répondre aux besoins d’Handicap International. Ainsi, nous avons retenu le PP recyclé comme matériau d’étude. Nous souhaitons désormais étudier sa résistance au vieillissement naturel, en reproduisant les conditions climatiques des pays d’intervention d’Handicap International, ainsi que sa résistance en fatigue, pour représenter les sollicitations mécaniques répétées de la marche.

Une étude sera menée prochainement sur le terrain, dans les pays d’intervention d’Handicap International, pour étudier les gisements de déchets en PP présents sur place et leur qualité. Nous irons également à la rencontre d’entreprises de recyclage pour découvrir leur fonctionnement et évaluer la façon dont nous pourrions travailler ensemble. Ce sera aussi l’occasion de rencontrer les bénéficiaires d’orthèses et les personnels soignants présents sur place, et d’ajuster la recherche menée à l’INSA en fonction de leurs besoins.

25/03/2023 Nucléaire, éolien maritime, éolien terrestre, solaire, il y a de la place pour tous

Comme il fallait s’y attendre, la compétition entre ces quatre technologies fait rage actuellement en France. Les enjeux se chiffrent en milliards d’euros. Il s’agit de moderniser voire de remplacer l’actuel parc de centrales nucléaires à fission, dont une cinquantaine de réacteurs donnent des preuves de fatigue. Mais il s’agit surtout de faire face aux besoins nouveaux en électricité verte, autrement dit dont la production n’exige pas de faire appel à des centrales à charbon productrices de gaz à effets de serre.

De par sa situation géographique privilégié, la France a le choix entre ces diverses solutions. Le nucléaire a l’inconvénient d’exiger de l’uranium, dont la production fait appel à des intérêts géopolitiques extérieurs dont la France doit se ménager l’intérêt. Mais ceci se négocie. Les autres sources nécessitent des implantations à terre ou en mer que la France peut se permettre, vu la diversité de ses paysages. Là encore il faudra négocier l’accord des actuels propriétaires privés ou collectivité locales concernées, mais il n’ y a rien d’anormal à cela, rien n’est gratuit. Vraisemblablement tout ceci entraînera une augmentation du prix de l’électricité, mais la France pourra se la permettre mieux que d’autres Etats de l’Union européenne moins favorisés.

Sur le long terme, soit 30 à 50 ans, il faudra assurer le passage au nucléaire de fusion. La fusion nucléaire est une réaction nucléaire dans laquelle deux noyaux atomiques s’assemblent comme dans le soleil pour former un noyau plus lourd, avec fort dégagement de chaleur. Aujourd’hui une trentaine de pays l’ont compris et se sont regroupés pour mener à bien les recherches nécessaires. La France, qui dispose du centre de recherche et de développement de Cadarache, est bien placée pour jouer un rôle pilote dans les recherches et leurs applications.

Dans le monde de demain, face à la concurrence de la Chine, de la Russie et de l’Inde, la France n’aura pas trop de tous ces atouts pour survivre. A cet égard, elle sera bien mieux armée que l’Allemagne. L’actuel président de la République semble l’avoir compris. Il faut espérer qu’il persistera et que ses successeurs feront de même.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusion_nucl%C3%A9aire

24/03/2023 Le retour au pouvoir de Lula ne garantit pas la protection de la forêt amazonienne

Ceci tient en partie au fait que les adminstrations brésiliennes, de gauche ou de droite, ont décidé de promouvoir un ambitieux projet dit Initiative for the Integration of the Regional Infrastructure of South America, ou IIRSA.

Celui-ci suppose la mise en place de nouveaux barrages, de nouvelles routes et industries qui compromettront l’écosystème fragile de la forêt, ainsi que le climat mondial. Or on sait maintenant qu’un système d’intégration radiculaire complexe comme celui d’une grande forêt s’étend à des dizaines de kilomètres de la forêt elle-même. Il s’agit un peu de l’équivalent du mycelium pour les champignons mais à une toute autre échelle.

Détruire ou assécher par du béton cette couche protectrice entraîne progressivement une destruction en profondeur de la forêt

Aujourd’hui, Lula ayant reconquis le pouvoir a signalé son approbation pour un projet clef de l’IRSA, la relance de la BR-319, une autoroute fédérale entre Porto Velho et Manaus. Si ce projet est mené à bien il ouvrira le bassin central de l’Amazone à encore plus de déforestation.

Les scientifiques évoquent un point de non retour, tipping point dans le processus de déforestation. Nul ne sait exactement quand ce point sera atteint. Mais quand cela sera fait, l’extrême diversité végétale et animale des forêts denses du bassin de l’Amazone ne se retrouveront jamais.

24/03/2023 Découverte d’empreintes chimiques d’algues vieilles de 400 millions d’années

Le Chert de Rhynie est un dépôt sédimentaire contenant des fossiles du Dévonien, datés de 407 millions d’années, découvert à partir de 1912 près du village de même nom, en Écosse. Enchâssés dans une roche dure composée principalement de silice, ces multiples fossiles constituent un témoignage précieux de la vie de cette période. Une vie qui n’est pas aisée à comprendre tant les formes et les organisations sont variées et différentes de ce que l’on connaît actuellement. A tel point que les paléontologues ont parfois du mal à classer leurs découvertes entre algues, vers, ou champignons. Un outil permettant de les discriminer serait bienvenu et c’est exactement ce à quoi les travaux des scientifiques de l’Université d’Édimbourg sont parvenus.

Sonder au plus profond des fossiles

Pour ce faire, les auteurs de ce travail, qui est salué dans la revue Nature Communications, (voir ci-dessous) ont combiné les dernières techniques d’imagerie avec l’analyse de données et l’apprentissage automatique pour étudier les fossiles. En utilisant notamment la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier qui permet d’identifier les structures moléculaires et chimiques, ils ont pu collecter une quantité de données moléculaires et chimiques dans les cellules, les tissus et les organismes présents dans la roche. Comme ils savaient déjà quels organismes représentaient la plupart des fossiles, les chercheurs ont pu identifier des empreintes qui permettent de distinguer de manière fiable les champignons, les bactéries et d’autres groupes.


un « nématophyte » tubulaire

Ces empreintes ont ensuite été utilisées pour identifier certains des spécimens les moins connus du Chert de Rhynie, notamment deux exemplaires d’un énigmatique « nématophyte » tubulaire dont on ne savait pas très bien s’il s’agissait d’algues, de plantes ou de champignons. Les nématophytes ou nématophytes sont un groupe paraphylétique d’organismes terrestres, comprenant probablement certaines plantes ainsi que des algues connues uniquement par les archives fossiles, de la période silurienne jusqu’au début du dévonien. Ils ont découvert qu’il est peu probable qu’il s’agisse de lichens ou de champignons. Il s’agirait donc d’algues.

L’équipe a ensuite introduit ses données dans un algorithme d’apprentissage automatique qui a été en mesure de classer les différents organismes avec succès. Il pourra, à l’avenir, servir à l’étude d’autres sites de fossiles où l’identification des restes est rendu difficile par l’état de conservation ou la rareté des échantillons.

Voir
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/decouverte-d-empreintes-chimiques-vieilles-de-400-millions-d-annees_170123




Reference

  • Molecular fingerprints resolve affinities of Rhynie chert organic fossils

Nature Communications 
volume14, Article number: 1387 (2023) 
Published: 13 March 2023

Abstract

The affinities of extinct organisms are often difficult to resolve using morphological data alone. Chemical analysis of carbonaceous specimens can complement traditional approaches, but the search for taxon-specific signals in ancient, thermally altered organic matter is challenging and controversial, partly because suitable positive controls are lacking. Here, we show that non-destructive Fourier Transform Infrared Spectroscopy (FTIR) resolves in-situ molecular fingerprints in the famous 407 Ma Rhynie chert fossil assemblage of Aberdeenshire, Scotland, an important early terrestrial Lagerstätte. Remarkably, unsupervised clustering methods (principal components analysis and K-mean) separate the fossil spectra naturally into eukaryotes and prokaryotes (cyanobacteria). Additional multivariate statistics and machine-learning approaches also differentiate prokaryotes from eukaryotes, and discriminate eukaryotic tissue types, despite the overwhelming influence of silica. We find that these methods can clarify the affinities of morphologically ambiguous taxa; in the Rhynie chert for example, we show that the problematic “nematophytes” have a plant-like composition. Overall, we demonstrate that the famously exquisite preservation of cells, tissues and organisms in the Rhynie chert accompanies similarly impressive preservation of molecular information. These results provide a compelling positive control that validates the use of infrared spectroscopy to investigate the affinity of organic fossils in chert.

23/03/2023. Les poissons-zèbres pourraient compter jusqu’à 5.

La généralité des êtres vivants dotés d’un cerveau dénombrent les éléments de leur environnement en utilisant principalement de l’information numérique non symbolique, par exemple le troisième élément dans une série de cinq identifiée par leurs organes sensoriels. Mais beaucoup utilisent aussi de l’information numérique symbolique pour compléter et rendre plus précise cette première identification.

Des chercheurs rendent compte dans l’article référencé ci-dessous et publié par Nature de la façon dont procèdent des poissons zébres (zebra-fish) dans ce domaine. Si nous avons bien compris, ceux-ci ne peuvent compter que jusqu’à 5, mais il n’y a pas de raisons pour qu’ils ne puissent à l’usage améliorer cette performance.

Référence

Abstract

The use of non-symbolic numerical information is widespread throughout the animal kingdom, providing adaptive benefits in several ecological contexts. Here we provide the possible evidence of ordinal numerical skills in zebrafish (Danio rerio). Zebrafish were trained to identify the second exit in a series of five identically-spaced exits along a corridor. When at test the total length of the corridor (Exp. 1) or the distance between exits (Exp. 2) was changed, zebrafish appeared not to use the absolute spatial distance. However, zebrafish relied both on ordinal as well as spatial cues when the number of exits was increased (from 5 to 9) and the inter-exit distance was reduced (Exp. 3), suggesting that they also take into account relative spatial information. These results highlight that zebrafish may provide a useful model organism for the study of the genetic bases of non-symbolic numerical and spatial cognition, and of their interaction.

Voir aussi

Newscientist

https://www.newscientist.com/article/2365966-zebrafish-seem-to-be-able-to-count-when-they-are-just-four-days-old/


23/03/2O23 Les scientifiques sont-ils tous des menteurs?

Dans le premier volet de son rapport d’évaluation d’août 2021, le Groupe international d’experts pour le climat (GIEC) affirme que le réchauffement climatique est « sans équivoque » et qu’il est « incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres« .

Ce point est confirmé par son dernier rapport publié le 20 mars 2023. Le GIEC y indique que le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, alors que la température a déjà augmenté de près de 1,2°C en moyenne.

L’existence du changement climatique causé par l’Homme est pourtant régulièrement remise en question, notamment par des utilisateurs des réseaux sociaux. Ces derniers mois, Twitter et Facebook indiquent qu’ils reçoivent régulièrement des centaines d’affirmations trompeuses sur le climat, notamment concernant les modèles climatiques, la glace de mer arctique, une étude de la NASA sur la masse de glace de l’Antarctique, une déclaration niant l’urgence climatique, ou encore sur les températures en Arctique. Ce sont souvent de soi-disant experts qui font de telles déclarations.

Ce phénomène n’étonnera pas. Il ne concerne pas seulement le réchauffement climatique. Pratiquement, dans tous les domaines scientifiques, y compris les plus techniques, il se trouve des « experts » pour contester les publications faisant état d’une évolution dans les connaissance. Ils s’attribuent pour ce faire des titres universitaires ou autres références que personne ne prendra le temps de vérifier.

Que des intérêts économiques relativement faciles à identifier produisent de telles affirmations n’étonnera personne. Mais qu’elles proviennent de parfaits inconnus et surtout que des dizaines voire des centaines d’internautes prennent le temps d’intervenir sur le web pour soutenir ces causes peut surprendre, alors qu’ils n’y gagneront aucune reconnaissance sociale.

22/03/2023 Le chat domestique, cet encore inconnu

Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également en leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison
Qui comme eux sont frileux et comme eux solitaires
Ch. Beaudelaire

Des études de plus en plus nombreuses (voir références ci-dessous) montrent que les chats (felis felis) ont à l’égard des humains des comportements certes différents de ceux des chiens mais tout aussi subtils et signifiants. Les ancêtres sauvages des chats étaient des chasseurs solitaires qui se sont longtemps tenus à l’écart des homme même si depuis des milliers d’années ils ont vécu côte à côte. Les chiens descendent des loups qui sont des espèces sociales, vivant en bandes.

Les chats ont commencé à être domestiqués au Proche Orient, il y a 10.000 ans, notamment à Chypre, comme le montre l’examen génétique de leurs cadavres enterrés souvent avec les corps de leurs maîtres. C’est vers ces dates que les hommes devinrent des agriculteurs au lieu de rester des chasseurs-cueilleurs. Leurs récoltes attirèrent des rats en quantité et ceux-ci devinrent des proies bienvenues pour les félins vivant à l’entour, notamment pour les ancêtres des chats. Les humains et les chats apprirent ainsi à cohabiter, mais sans sympathie particulière à l’origine.

En fait il semble que la cohabitation entre les humains et les chats se s’est pas organisée comme celle avec les chiens sur des bases larges mais sur des bases étroites dépendant des bonnes relations entre le chat et sa famille humaine d’adoption. Ainsi un chat comprend à peu près ce que veut lui dire son maître mais rien aux propos d’un voisin. Tout au plus comprend-il les gestes de menace.

Références

– Charlotte de Mouzon, diplômée d’un master en Ethologie s’est spécialisée dans le comportement du Chat. Elle exerce à Bordeaux en tant que Comportementaliste pour Chats : elle aide les humains à trouver des solutions lorsqu’ils rencontrent des problèmes avec leur chat. Site internet : www.ethocat.com

https://atlantico.fr/article/decryptage/c-est-medicalement-prouve-votre-chat-vous-rend-fou-toxoplasma-gondii-charlotte-de-mouzon-

Newscientist The Truth about cats By Michael Marshall Surprising new research on cats will make you see yours in a new light. Cats have a reputation for being aloof and untamed, but recent studies suggest they may be more attuned to humans than we realise. 7 March 2023 , updated 16 March 2023

21/03/2023 La politique monétaire russe et la politique économique de guerre

En décembre 2022, le Financial Times publiait un article remarquable de Max Seddon et Polina Ivanova sur les technocrates de la Banque centrale de Russie qui, malgré leurs tendances libérales et leur opposition à la guerre de Poutine, ont choisi non seulement de rester au service du gouvernement, mais aussi de gérer avec habileté le choc des sanctions

Voir https://www.ft.com/content/fe5fe0ed-e5d4-474e-bb5a-10c9657285d2. How Putin’s technocrats saved the economy to fight a war they opposed Once thought of as reformers, the president’s economic confidants have ended up as enablers of an invasion they warned against

Les auteurs de l’article Seddon et Ivanova rapportent une conversation entre Konstantin Sonin, économiste russe et figure de l’opposition enseignant à l’université de Chicago, et son amie, Ksenia Yudayeva, directrice adjointe de la Banque centrale de Russie en charge de la recherche et de la politique macroéconomiques. Sur Internet, Sonin tente de convaincre son amie de quitter son poste en la comparant à Hjalmar Schacht, le banquier central compétent et créatif d’Hitler. Yudayeva lui répond que si les gens comme elle partaient, ils seraient remplacés par des partisans de la ligne dure comme Sergey Glazyev, ce qui conduirait à l’appauvrissement des gens ordinaires non responsables de la guerre.

Mais qui est Sergey Glazyev et pourquoi provoque-t-il l’effroi de Yudayeva ? Glazyev est un économiste et une figure de la droite dure nationaliste russe. Membre de l’Académie des sciences de Russie et conseiller du président de la Fédération de Russie jusqu’en 2019, il est l’un des plus fervents défenseurs de l’« intégration économique eurasienne ». Pour Glazyev, l’intégration eurasienne n’est pas seulement un concept économique, c’est aussi un concept politique. Selon lui, l’Union économique eurasienne doit servir de contrepoids au système économique libéral construit autour des États-Unis et d’autres « puissances atlantiques ».

Ces termes révèlent une affinité avec les idées eurasistes conservatrices, qui placent la Russie à la tête de puissances traditionalistes partageant un héritage commun venu des steppes eurasiennes et qui s’opposent aux valeurs commerciales anglo-américaines décadentes. L’intégration économique eurasienne offre l’accès à une large base économique et à de vastes ressources qui peuvent être mobilisées pour rétablir l’industrie russe et faire du bloc eurasien une puissance mondiale. En pratique, Sergey Glazyev préconise un vague programme de développement national couplé à une politique souple de crédit pour stimuler les industries stratégiques.

Glazyev n’est pas seulement un idéologue de la droite dure russe et de sa politque de guerre en Ukraine instigatrices de la crise débutée en 2013. L’invasion à grande échelle qui a commencé le 24 février 2022 ne constitue qu’une étape d’un long conflit qui a commencé par les manifestations sur le Maïdan contre l’annulation par le gouvernement Ianoukovitch de l’accord commercial Union Européenne-Ukraine. Glazyev, lui-même né ukrainien, avait fait pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il annule le traité qu’il considérait comme une menace mortelle pour l’Union économique eurasienne proposée par la Russie. Selon des enregistrements obtenus en 2016, il était alors très impliqué dans l’organisation de manifestations anti-gouvernement ukrainien et pro-russes à Zhaporizhia et travaillait activement  à l’annexion de la Crimée.

Il n’est donc pas surprenant qu’il soit le candidat des partisans de la ligne dure pour remplacer Elvira Nabiullina, qui a la réputation d’être relativement libérale, économiquement orthodoxe et très compétente, en tant que gouverneur de la banque centrale de Russie. Et pourtant, comme l’a fait remarquer Konstantin Sonin à sa collègue, ce qu’a fait la Banque centrale russe n’est pas différent de ce qu’aurait fait Glazyev. Elle introduit des contrôles sur les mouvements de capitaux et des limites de retrait de devises étrangères pour atténuer l’impact des sanctions occidentales. En donnant la priorité à la défense des Russes ordinaires au détriment des Ukrainiens, la Banque centrale de Russie a adopté des politiques qui, seulement quelques semaines auparavant, auraient horrifié les libéraux économiques russes.

Sonin a donc peut-être encore plus raison qu’il ne le laisse entendre. L’orthodoxie économique de la banque centrale russe, qui lui a valu les éloges des commentateurs néolibéraux, doit être comprise dans le contexte de la politique de plus en plus illibérale de la Russie. Les politiques fiscales et monétaires de la Russie furent si strictes qu’elles auraient pu faire peur au plus ardent fonctionnaire du FMI des années 1990. En tant qu’exportateur d’énergie, la Russie disposait d’un excédent de la balance courante et donc d’une base fiscale solide qui lui permettait de dégager un excédent budgétaire. Cet excédent était si élevé que les investissements nationaux dans les infrastructures furent en fait inférieurs à ce qu’ils étaient au mauvais temps des années 1990. La banque centrale russe a travaillé pour libéraliser le compte de capital de la Russie et a finalement fait du rouble en 2015 une véritable monnaie flottante.

Ces actions n’ont pas été menées par pure croyance en l’orthodoxie économique et en un bon gouvernement. L’expression « bilan de forteresse » était prise au pied de la lettre par les responsables russes. La réalisation d’excédents massifs était censée rendre la Russie plus indépendante des marchés internationaux et lui offrir une plus grande marge de manœuvre géopolitique ainsi qu’une plus grande capacité de résistance aux sanctions et autres pressions économiques étrangères.

La diversification des réserves de la banque centrale, qui s’est éloignée du dollar pour se tourner vers l’euro, l’or et le yuan, ne fut pas seulement une politique de couverture créative et efficace, mais était consciemment comprise comme un acte géopolitique visant à préserver les réserves monétaires de la Russie de la confiscation et des sanctions occidentales. Enfin, le flottement du rouble ne fut pas seulement une décision libérale. Le triangle de Mundell — l’un des concepts les plus connus et communément acceptés de l’économie internationale — montre qu’une monnaie flottante donne à une banque centrale plus de latitude pour mener une politique monétaire nationale souveraine.

L’expression « bilan de forteresse » était prise au pied de la lettre par les responsables russes. La réalisation d’excédents massifs était censée rendre la Russie plus indépendante des marchés internationaux et lui offrir une plus grande marge de manœuvre géopolitique. L’invasion du 24 février a été un choc aussi bien pour les banquiers centraux russes que pour le reste du monde, qui n’avait pas cru les amples avertissements des services de renseignement américains et britanniques. Selon certaines rumeurs, Nabiullina aurait même tenté de démissionner en signe de protestation, mais sa demande aurait été rejetée.

La réponse occidentale concertée et les sanctions sévères ont été tout aussi choquantes pour les Russes. La planification de la banque centrale n’avait jamais supposé une invasion à grande échelle de l’Ukraine— qui aurait pu croire une telle chose ? — et croyait donc que les Européens, les Américains et même certaines puissances asiatiques ne mettraient pas en place un tel front uni.

La diversification des réserves a échoué car diverses contreparties des banques centrales ont gelé les comptes de la Banque centrale de Russie. Les importantes réserves d’or et de yuan ne semblent pas avoir été d’un grand secours en raison de leurs coûts de transaction très élevés. Le masque du libéralisme recouvrant la politique monétaire et fiscale russe est tombé. Confrontés à la réalité des ambitions géopolitiques impériales et révisionnistes de la Russie, les technocrates libéraux russes ont mis en place des contrôles monétaires et se sont orientés vers une fiscalité confiscatoire.

Ces mesures, combinées à la poursuite des exportations russes d’énergie et à la lenteur des sanctions occidentales contre ce secteur, ont sauvé l’économie intérieure russe de la crise en 2022. Mais qu’en sera-t-il demain?

20/03/2023 Guerres américaines. Nouveaux témoignages

Aujourd’hui, face à la perspective d’envoyer des éléments de l’US Army se battre contre les Russes en Ukraine, fut-ce au sein de l’Otan, le Pentagone ne manifeste aucun enthousiasme. Il lui suffit de faire valoir qu’un engagement direct avec la Russie pourrait vite dégénérer en guerre nucléaire pour que d’éventuelles ardeurs se calment. Pour le moment il se satisfait d’une aide à l’Ukraine ayant dépassé quelques 15 milliards de dollars.

On peut penser que de leur coté les militaires américains se souviennent des pertes qu’ils ont subies dans l’indifférence générale lors des précédentes guerres américaines en Irak et en Afghanistan. Menées prétendument au nom de la lutte contre un islam conquérant, ces guerres visaient en fait à lutter contre la présence russe au Moyen-Orient. Elles ont duré au total plus de vingt ans et les pertes en hommes en ayant résulté ont dépassé semble-il celles de la seconds guerre mondiale.

Aujourd’hui, les langues se délient. Trois éditeurs américains d’une certaine importance viennent de publier presque en même temps trois témoignages de militaires américains initialement engagés volontaires et enthousiastes ayant constaté l’incompétence des Etats-Majors et surtout les profits qu’avaient tiré injustement de ces guerres ce que l’on a nommé depuis le Lobby militaro-industriel américain.

On trouvera ci-dessous les références de ces livres précédées per celles d’un long essai bien documenté intitulé
Three New Books by Former Soldiers That the US Military Doesn’t Want You to Read
https://jacobin.com/2023/02/un-american-pain-is-weakness-paths-of-dissent-book-review-antiwar-forever-war

Un-American : A Soldier’s Reckoning of Our Longest War
(Le point de vue d’un soldat sur notre plus longue guerre) par Erik Edstrom (Bloomsbury, 2020) ; 

Pain Is Weakness Leaving the Body : A Marine’s Unbecoming, (La douleur, c’est la faiblesse qui quitte le corps : le désenchantement d’un marine) par Lyle Jeremy Rubin (Bold Type Books, 2022)

Paths of Dissent : Soldiers Speak Out Against America’s Misguided Wars (Les sentiers de la dissidence : des soldats s’élèvent contre les guerres injustifiées de l’Amérique) publié par Andrew Bacevich et Daniel A. Sjursen (Metropolitan Books, 2023).

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