19/12/2025 Le naufrage du Titan

L’accident du submersible Titan se produit lors d’une plongée dans les eaux internationales de l’océan Atlantique Nord au large de Terre-Neuve (Canada).

Le Titan est un petit submersible à visée touristique, exploité par OceanGate et destiné particulièrement à assurer des visites payantes de l’épave du Titanic. Le 18 juin 2023, il amorce une descente en direction de l’épave au cours de laquelle il subit une implosion entraînant sa destruction et la mort de ses cinq occupants. Des débris du Titan sont retrouvés par 3 800 m de fond, non loin de l’épave du Titanic. Le 28 juin 2023, des restes humains sont retrouvés parmi des débris remontés à la surface.

C’est l’accident sous-marin mortel le plus profond de l’Histoire[1].

Contexte

Submersible

Depuis 2021[2], le Titan réalise différentes missions dont des expéditions touristiques vers l’épave du Titanic[3].

Le voyage part de Saint-Jean de Terre-Neuve. Chaque plongée complète vers l’épave dure environ 8 heures[4].

Le submersible est affrété par OceanGate, qui appartient à Stockton Rush, diplômé en génie aérospatial à l’université de Princeton[5].

Caractéristiques

Dimensions du TitanLogo d’OceanGate

Le Titan, qui portait le nom de Cyclops 2 jusqu’en mars 2018[6], est un sous-marin de poche réalisé en matériau composite et en titane. Il est constitué d’une coque résistante à la pression, qui accueille les passagers, sur laquelle sont fixés un carénage extérieur en plastique à renfort de verre et quatre propulseurs mus par des moteurs électriques. Il dispose également de patins lui permettant de se poser sur le fond marin[7] — ou sur le Titanic.

La coque résistante est elle-même composée de deux hémisphères en titane de 83 mm (ou 3 ¹⁄₄ pouces) d’épaisseur[8] et d’un cylindre central en composite carboneépoxy préimprégné d’une épaisseur de 127 mm (5 pouces). Les deux hémisphères sont réunis au cylindre en composite par deux anneaux d’interface, également réalisés en titane, qui sont les seuls éléments le pénétrant. Ces anneaux reçoivent en outre les fixations du carénage extérieur et des patins[7]. L’hémisphère avant est percé d’un hublot de 380 mm de diamètre, dont la vitre de forme tronconique en plexiglas de 180 mm (7 pouces) d’épaisseur dépasse de 19 mm dans la cabine durant la plongée[8]. C’est également cet hémisphère qui tient lieu d’accès au submersible ; il ne peut être ouvert que de l’extérieur[7],[9].

Construit en 2017, le Titan pèse 10 432 kg, mesure environ 6,70 m de longueur et 2,80 m de largeur, et dispose d’une autonomie de 96 heures d’oxygène[10],[11]. Il est exploité par l’entreprise OceanGate[10] pour descendre à 4 000 m[12] sans homologation pour une telle profondeur. Le hublot, lui, possède une homologation mais jusqu’à 1 300 m de profondeur seulement. OceanGate a refusé de payer le supplément pour l’homologation de l’ensemble jusqu’à 4 000 m[13].

Il possède trois systèmes permettant de faire mouvoir le submersible horizontalement et verticalement :

Contrairement à un sous-marin naviguant au long cours, ce petit submersible a une autonomie limitée, il a donc besoin d’être accompagné d’un navire capable de le lancer et de le récupérer, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration[16],[17].

Selon Gabe Cohen de CNN, « Il est exploité par un contrôleur de jeu, ce qui ressemble à un contrôleur de PlayStation. »[16],[18].

Contrôleur de jeu sans fil Logitech F710, dont une version modifiée a été utilisée pour contrôler le Titan.

Installations

Le Titan peut accueillir cinq personnes pendant une mission : deux heures de descente, plusieurs heures d’exploration de l’épave du Titanic et deux heures de retour à la surface[16],[19].

Dans un reportage pour CBS, on peut voir que l’intérieur du Titan est composé d’un petit compartiment. Il n’y a pas de siège et les passagers sont assis à même le sol. L’intérieur est simple, avec un seul bouton et un écran sur le mur. Le submersible est piloté à l’aide d’une manette de jeu vidéo Logitech F710 modifiée[20],[16].

Cyclops-1, prototype du Titan.Schéma fournissant les dimensions globales du submersible Titan conçu et construit par OceanGate.

Le Titan ne dispose pas de moyen de repérage : il reste normalement en contact permanent avec un navire à la surface — en l’occurrence, le brise-glace Polar Prince (en) — qui lui transmet sa position en temps réel[9].

Passagers

Généralement et ce jour-là en particulier, le submersible embarque un membre d’équipage et quatre passagers[4].

Sélection des participants

Une expérience préalable dans le domaine de la plongée n’est pas requise pour participer à une visite de l’épave du Titanic, selon une version archivée du site web de l’opérateur. Les candidats doivent seulement être âgés d’au moins 18 ans au début du voyage et payer 250 000 $ US, selon une version archivée de l’itinéraire vue par CNN, qui n’est plus accessible sur leur site web[16].

Critiques

Homologation

Le Titan n’a jamais été homologué par un organisme indépendant, car sa conception serait trop innovante pour qu’il puisse être homologué, selon OceanGate[13]. Toutefois, même sans une telle homologation, il était légalement possible de l’utiliser dans les eaux internationales[21].

Le financier américain Jay Bloom devait participer à la dernière plongée du Titan. Il a changé d’avis au dernier moment à cause de ses doutes concernant la conception de l’appareil[22],[23].

Conflit interne

Selon le média américain The New Republic et l’agence française AFP, David Lochridge, ex-dirigeant de l’entreprise OceanGate et responsable à l’époque de « la sécurité de tous les équipages et clients » a été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sécurité du Titan auprès de sa direction[24],[25].

Le directeur général d’OceanGate, Stockton Rush, avait demandé à David Lochridge de procéder à une inspection de la qualité du Titan, mais les investigations de ce dernier ont été entravées et l’accès à des documents concernant le hublot lui a été refusé. Selon Lochridge, l’engin ne devait pas aller à une profondeur aussi extrême, le hublot n’étant conçu que pour descendre à 1 300 m au maximum, alors que l’engin devait se rendre à 4 000 m[26]. Toujours selon lui, l’entreprise a refusé de réaliser certains contrôles non destructifs pourtant cruciaux pour s’assurer de la capacité du submersible à résister à la pression[13] qui atteint 400 fois la pression atmosphérique à cette profondeur, soit environ 400 bars. Il est licencié peu après, pour avoir violé une clause de confidentialité[27],[28].

Avertissements

Deux mois plus tard, la Maritime Technology Society, qui rassemble plusieurs experts du domaine, a envoyé une lettre à l’entreprise pour lui faire part de son « inquiétude » face à l’approche « expérimentale » d’OceanGate[29].

La BBC déclare que dans des courriels échangés en 2018 entre le patron d’OceanGate, Stockton Rush, et un spécialiste de l’exploration en eau profonde, Rob McCallum, ce dernier a averti : « Je pense que vous vous placez potentiellement, vous et vos clients, dans une dynamique dangereuse. »[30]. À cette mise en garde, Stockton Rush aurait répondu : « Nous avons trop souvent entendu les critiques sans fondement du type « vous allez tuer quelqu’un »[31].

Un journaliste de CBS, ayant participé à une expédition, avait dû signer une décharge de responsabilité disant : « Ce navire expérimental n’a été approuvé ou certifié par aucun organisme de réglementation et pourrait entraîner des blessures physiques, des traumatismes émotionnels ou la mort »[32].L’accident du submersible Titan se produit lors d’une plongée dans les eaux internationales de l’océan Atlantique Nord au large de Terre-Neuve (Canada).

Le Titan est un petit submersible à visée touristique, exploité par OceanGate et destiné particulièrement à assurer des visites payantes de l’épave du Titanic. Le 18 juin 2023, il amorce une descente en direction de l’épave au cours de laquelle il subit une implosion entraînant sa destruction et la mort de ses cinq occupants. Des débris du Titan sont retrouvés par 3 800 m de fond, non loin de l’épave du Titanic. Le 28 juin 2023, des restes humains sont retrouvés parmi des débris remontés à la surface.

C’est l’accident sous-marin mortel le plus profond de l’Histoire[1].

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