04/12/2025 La France et la Chine

Emmanuel Macrontermine i en ce moment une visite diplomatique et commercial en Chine à l ‘invitation du président Chinois Xi Jinping

De bonnes relations avec la Chine, qui intervient en permanence pour améliorer les relations entre la Russie de Vladimir Poutine et l’Union européenne, sont une priorité paor la France.

De plus la présence de nombreux citoyens chinois en France est là pour rappeler que de bons échange économiques entre la France e t la Chine sont indispensables pour les deux pays. Ceci ne doit faire oublier à la France que de bonnes relations avec la puissance mimitaire et économique chinoise lui sont indispensablesLes Etatsunis ont faite depuis longtemps la meme consastation.Plus l’Union europénne dans son senble stend à s’éloigner économiquement des Etats Unis, plusplus les entreprises américaines auront tendance à coopérer avec leurs homoloques chinoise.

Un évènement nouveau important à cet égard concerne la découverte récentes de’importante quantités de minerais aurifères. Mais l’or n’a quun intéret lointain pour la Chine. On sait peu pourtantque les terre rares dont elle découvre constemment la prsence de noeux gisement font une partie de sa puissance économique.

A cet égard il rappeler : les terres rares de Bayan Obo et Baotou, Constituent pour la Chine et notamment la Mongomie intérieure, un élément de puissance considérableun enjeu technologique mondial

Le développement des nouvelles technologies civiles et militaires et la transition énergétique rendent les terres rares – une famille de minerais aux propriétés spécifiques – indispensables dans de nombreux secteurs. Grâce à un profond dumping social et environnemental et au contrôle de 37 % des réserves, la Chine réalise 58 % de la production mondiale. Face à la réaction des pays occidentaux aux tentatives d’instrumentalisation géopolitique de son quasi-monopole, la Chine construit une filière cohérente et intégrée, de l’extraction au produit final ; tout en se dotant d’un géant mondial China Rare Earth Group.

Dans un contexte international de fortes rivalités géoéconomiques et géostratégiques, la mine de Bayan Obo est un site minier d’un intérêt majeur (45 % prod. mondiale). Il alimente la base industrielle, technologique et scientifique de la ville de Baotou, élevée au rang de capitale chinoise et mondiale des terres rares. Mais du fait de ses coûts sociaux et de ses très lourds préjudices environnementaux, la question de la soutenabilité du modèle chinois de croissance est de plus en plus aigüe dans la région.

Pour en savoir plus lire

Bayan Obo et Baotou : un système minier au cœur des grands enjeux technologiques mondiaux

Pour en savoir plus, lire

Nous sommes au nord de la Chine, dans la Région autonome de Mongolie intérieure. L’image couvre un espace géographique organisé en trois bandes parallèles.

Au nord s’étendent les vastes plateaux de la Mongolie intérieure du Yin Chan perchés à 1.500 ou 1.600 m. d’altitude. C’est à Bayan Obo que se trouve le district des terres rares. La ville se trouve à seulement 80 km de la frontière avec la République de Mongolie. La chaîne des Yin – ou Yin Chan – s’étend sur 1.000 km. et limite au sud le terrible désert de Gobi. Couverts par une vaste steppe, ces plateaux descendent vers le nord et la dépression endoréique du Tengge Rinaori (hors image) dans laquelle se jette par exemple l’Aibugai River qui passe à Bailingmiao. A l’inverse, au sud ces plateaux tombent sur la gouttière du Fleuve jaune par la Daqing Shan qui est assez élevée puisqu’elle culmine à 2.950 m et est entaillée par plusieurs rivières importantes, dont la Kundulum River qui arrose Baotou.

Au Sud s’étendent les vastes plateaux de l’Ordos perché entre 1.300 et 2.500 m d’altitude. On y distingue bien la ville et le grand bassin charbonnier de Dongsheng.  Il fait partie d’un vaste ensemble productif qui constitue un des plus importants gisements charbonniers au monde.

Au centre enfin, l’image est traversée d’ouest en est par une vaste gouttière topographique. Celle-ci est empruntée par le puissant Fleuve jaune. Faisant figure d’oasis dans un espace régional particulièrement aride, elle est dominée par la ville de Baotou, qui est la 2em ville de Mongolie intérieure.

Dans cette région située à seulement 560 km à l’ouest de Pékin, nous sommes déjà dans ce que le géographe Thierry Sanjuan définit comme la « Chine de l’Ouest » des périphéries continentales et ici frontalières. Sur l’espace couvert par l’image au nord de Baotou, environ cinq Murailles, ou grands systèmes défensifs contre les attaques nomades, furent successivement construites entre 400 av JC., durant la période des Royaumes combattants, jusqu’à 1234. Ils définissant ainsi pendant des siècles cet espace comme un vaste Limes impérial afin, en particulier, de protéger la grande boucle que dessine le Fleuve jaune vers le nord à partir de Lanzhou et dont on couvre ici la partie la plus septentrionale. Il convient par contre de noter que la plus fameuse d’entre elle, la Grande Muraille Ming (1368/1644), a été par la suite construite sensiblement plus au sud pour des raisons stratégiques. Nous sommes là dans une zone qui fut longtemps une zone de confins impériaux.

Au plan administratif et géopolitique, nous sommes dans la Région autonome chinoise de Mongolie intérieure, dont la capitale Hothhot se trouve à quelques kilomètres à l’est (hors image). Cette Région couvre 1,1 million de km2 et est peuplée de 24 millions d’habitant (20 hab./km2), dont officiellement 80 % de Hans et 17 % de Mongols. Si comme partout en Chine, le territoire est découpé en préfectures et districts, le terme de « bannière » ou « bannière autonome » y est souvent utilisé comme pour la Bannière de Darhan Muminggan qui entoure le district des terres rares de Bayan Obo.

Un espace aride, un axe stratégique

Nous sommes dans un espace dominé par un climat froid semi-aride ou aride marqué par l’hyper-continentalité avec des températures très froides ou très chaudes. Dans la ville de Baotou, au centre de l’image, on passe de -11°C en moyenne au mois de janvier à + 23°C en juillet, soit un gradient de 34°C, avec des records sensibles de froid (- 31°C) ou de chaleur (+ 39°C). La ville reçoit seulement 300 mm de précipitation par an, pour l’essentiel en juillet/aout alors que six mois de l’année sont dominés par une sécheresse marquée en recevant moins de 10 mm de précipitations. L’eau est donc rare.

Comme le montre bien l’image, cet espace aride alternent déserts rocheux et sableux, telle la bande au sud-ouest de l’image, auréole de steppes semi-désertiques et dépressions éoliennes salines. Comme pour le Nil qui traverse le Sahara, le Fleuve jaune – ou Huang He – doit son écoulement pérenne aux volumes d’eau accumulés à sa source à 4.800 m. dans la Cordillère du Bayan Har des plateaux tibétains. Mais avant d’atteindre la Grande plaine plus à l’est,  il perd une partie considérable de son débit en traversant cette grande zone aride ; des pertes largement amplifiées aujourd’hui par une surexploitation de plus en plus inquiétantes de ses ressources.

Malgré ces fortes contraintes, la région est un des laboratoires chinois du développement des énergies renouvelables. Dans l’éolien, grâce aux vents puissants de l’anticyclone sibérien qui soufflent une large partie de l’année mais y aggravent l’aridité et y accélèrent l’érosion des sols. On trouve ainsi de nombreux champs d’éoliennes, en particulier dans les plateaux du Yin Shan (zooms 2 et 3). Dans l’énergie solaire, grâce à un taux d’ensoleillement annuel de 74 % ou 3.200 heures par an. On peut ainsi remarquer la présence de nombreux champs de capteurs solaires ; dans les dunes de sables au sud le Baotou, les concepteurs ont même dessiné un cheval au galop visible de l’espace en forme de clin d’œil. Pour autant ces valorisations demeurent difficiles du fait de l’intermittence de ces ressources et de l’éloignement des principaux centres de consommation qui impose la construction de réseaux de transport couteux et vulnérables.

Historiquement, cette zone des confins mongols est intégrée difficilement à la Chine et fait l’objet de nombreuses recompositions géopolitiques internes ; le découpage actuel de la Province – après de nombreux remaniements – datant ainsi seulement de 1979. Depuis des siècles, l’axe Pékin/Hohhot/ Baotou/ Yinchuan utilisant la vallée du Fleuve jaune est un axe majeur vers la gouttière du Gansu, le Xinjiang et l’Asie centrale.  Le premier désenclavement ferroviaire intervient entre 1905 et 1923 avec la construction de la ligne Pékin/ Jining/Hohhot/ Baotou. En 1955 les bons rapports entre la Chine populaire et l’URSS se traduisent par l’ouverture de la ligne Pékin/ Baotou/ Ulan Bator, la capitale de la République de Mongolie, elle-même reliée par le Transibérien à Irkoutsk depuis 1947. Dans la région, le fait urbain est bien d’origine chinoise et est né du chemin de fer puis de la mine.

Deux systèmes bien individualisés

Cette géographie et cette histoire structurent durablement l’organisation régionale autour de deux systèmes spatiaux bien distincts mais solidaires. Ils témoignent à l’échelle régionale des nettes hiérarchies multiformes organisant l’espace interne de l’immense Chine et de rapports centre(s)/périphéries particulièrement vifs.

Premièrement, ces hauts plateaux arides sont historiquement l’univers du monde pastoral nomade mongol, aujourd’hui totalement réduit par les processus de sédentarisation même si l’élevage (caprins, ovins…) peut parfois perdurer (cf. zoom 2). Sous-peuplés, voire désertiques, ils sont devenus aujourd’hui de grands pourvoyeurs de minerais autour d’isolats urbains spécialisés : Bayan Obo sur les terres rares au nord, Dongsheng et son bassin charbonnier sur les plateaux de l’Ordos au sud. Nous sommes là dans des espaces-déchets – les wastelands des géographes M-N Carré et F-M Le Tourneau – fondés sur une consommation courtermiste et dégradée d’espace et de ressources reposant sur le mythe de l’abondance, de l’immensité et de la sous-occupation humaine.

A l’inverse, deuxièmement, la vallée du Fleuve jaune apparait bien mise en valeur par une agriculture irriguée, parfois depuis le XVIIème siècle, et accueille l’agglomération de Baotou. Seconde ville de Mongolie intérieure, elle domine et organise largement l’ensemble de l’économie régionale, en particulier avec le boom des terres rares dont elle devient la capitale chinoise et qui l’a fait accéder progressivement au plan fonctionnel à un statut métropolitain.

Les terres rares : un ensemble de ressources minérales stratégiques

Le terme de « terres rares » désigne 17 éléments chimiques – scandium, yttrium et quinze lanthanides dont cérium, dysprosium, europium, indium, néodymium, praséodymium, terbium… – très peu connus du grand public mais dont les propriétés sont très recherchées. Pour autant, ces métaux ne sont pas moins abondants que l’or, l’argent, le cuivre ou le zinc. Mais leurs propriétés – stabilité thermique, conductivité électrique, magnétisme fort… – en font aujourd’hui des éléments incontournables pour de nombreuses applications stratégiques. Ces marchés de niche sont en effet pilotés par l’innovation, car ils jouent un rôle essentiel dans l’industrie de défense, la haute technologie ou la transition énergétique.

Ceci explique que durant ce dernier quart de siècle la production mondiale a explosé : elle passe de 80 000 t. en 1995 à 240.000 en 2020, selon l’U.S Geological Survey. Représentant actuellement 90 % du marché des terres rares, le néodyme est ainsi essentiel à la fabrication d’aimants permanents pour les radars militaires, les moteurs de voitures électriques, les rotors d’éoliennes ou les vibreurs de téléphone. L’indium et l’yttrium ont des propriétés optiques mobilisées pour la fabrication des écrans tactiles de smartphones… Du fait de leur position nodale au cœur des technologies bas-carbone en plein développement, les besoins en terres rares devraient d’ici 2050 augmenter dans une fourchette de 2,5 à 10.

Au total, les chaînes d’approvisionnement de pans entiers du système productif mondial – militaire, aéronautique, électronique, télécommunications, automobile, énergie, nucléaire… – dépendent de ces terres rares. Selon l’US. Congressional Research Service, chaque chasseur F-35 emporte l’équivalent de 427 kg de terres rares dans ses équipements et composants, un sous-marin nucléaire de classe Virginia 4,2 tonnes. Dans ce contexte, on comprend que Washington signe en 2018 avec l’Australie et en 2020 avec le Canada des accords bilatéraux afin de sécuriser ses approvisionnements futurs.

L’extraction de ces minerais ne pose pas de problème majeur en dehors du fait qu’il faut extraire des masses énormes de roches pour disposer au final de volumes assez limités. Par contre, les opérations de concassage pour réduire les roches en poudre puis, surtout, les processus d’extraction et de raffinage pour en extraire les terres rares sous forme d’oxydes sont techniquement difficiles, nécessitent d’énormes quantités d’eau et sont extrêmement polluantes comme on peut facilement le constater sur les images (zooms 2 et 3).

Sur le marché mondial des terres rares et au-delà de ses réserves minières considérables, la Chine va se construire comme puissance minière de premier rang en survalorisant ces dernières décennies deux atouts majeurs : la disposition d’une vaste main d’œuvre à bon marché, le large sacrifice de ses équilibres environnementaux.

La Chine : la construction d’une puissance minière de 1er rang sur le dumping social et environnemental

Si les premières ressources de terres rares sont découvertes en 1927 à Bayan Obo, il faut attendre la période d’industrialisation maoïste pour voir lancer la production de concentrés de terres rares. Mais surtout, dès les années 1980/1990, Pékin décide de faire des terres rares un levier de puissance mondiale. Édicté comme domaine de souveraineté, l’État y interdit l’entrée de toute entreprise étrangère, engage la lutte dans la région contre l’extraction illégale et les trafics illicites (cf. nombreuses micro-mines abandonnées), baisse les taxes à l‘exportation pour favoriser ses champions nationaux sur le marché mondial face à la concurrence étrangère. Ces choix reposent donc sur une claire vision stratégique de long terme.

Entre 1985 à 1995, la production chinoise explose en passant de 8500 à 48 000 tonnes, et de 21,4 % à 60 % de la production mondiale, au détriment des Etats-Unis et de l’Australie. Cette stratégie lui permet jusqu’en 2010 de disposer d’un quasi-monopole mondial : elle réalise alors 90 % de la production mondiale de terres rares.

Face à la forte pression chinoise sur les coûts de production, on assiste en effet progressivement – comme dans bien d’autres activités productives – dans le cadre d’une nouvelle division internationale du travail, à l’abandon des opérations par les autres pays. Qu’ils soient producteurs comme les Etats-Unis (cf. fermeture de la grande mine de Mountain Pass au sud-ouest de Las Vegas) ou raffineurs comme la France (La Rochelle) au profit des importations. La Chine devient en effet le seul pays à accepter des coûts environnementaux très élevés liés à la mobilisation de techniques productives médiocres mais peu chères.





























Bayan Obo et Baotou : un système minier au cœur des grands enjeux technologiques mondiauxLes hauts plateaux désertiques de Mongolie intérieure traversés par le Fleuve jaune

Nous sommes au nord de la Chine, dans la Région autonome de Mongolie
intérieure. L’image couvre un espace géographique organisé en trois
bandes parallèles.Au nord s’étendent les vastes plateaux de la Mongolie intérieure du
Yin Chan perchés à 1.500 ou 1.600 m. d’altitude. C’est à Bayan Obo que
se trouve le district des terres rares. La ville se trouve à seulement
80 km de la frontière avec la République de Mongolie. La chaîne des Yin –
ou Yin Chan – s’étend sur 1.000 km. et limite au sud le terrible désert
de Gobi. Couverts par une vaste steppe, ces plateaux descendent vers le
nord et la dépression endoréique du Tengge Rinaori (hors image) dans
laquelle se jette par exemple l’Aibugai River qui passe à Bailingmiao. A
l’inverse, au sud ces plateaux tombent sur la gouttière du Fleuve jaune
par la Daqing Shan qui est assez élevée puisqu’elle culmine à 2.950 m
et est entaillée par plusieurs rivières importantes, dont la Kundulum
River qui arrose Baotou.Au Sud s’étendent les vastes plateaux de l’Ordos perché entre 1.300
et 2.500 m d’altitude. On y distingue bien la ville et le grand bassin
charbonnier de Dongsheng.  Il fait partie d’un vaste ensemble productif
qui constitue un des plus importants gisements charbonniers au monde.Au centre enfin, l’image est traversée d’ouest en est par une vaste
gouttière topographique. Celle-ci est empruntée par le puissant Fleuve
jaune. Faisant figure d’oasis dans un espace régional particulièrement
aride, elle est dominée par la ville de Baotou, qui est la 2em ville de
Mongolie intérieure.Dans cette région située à seulement 560 km à l’ouest de Pékin, nous
sommes déjà dans ce que le géographe Thierry Sanjuan définit comme
la « Chine de l’Ouest » des périphéries continentales et ici
frontalières. Sur l’espace couvert par l’image au nord de Baotou,
environ cinq Murailles, ou grands systèmes défensifs contre les attaques
nomades, furent successivement construites entre 400 av JC., durant la
période des Royaumes combattants, jusqu’à 1234. Ils définissant ainsi
pendant des siècles cet espace comme un vaste Limes impérial afin, en
particulier, de protéger la grande boucle que dessine le Fleuve jaune
vers le nord à partir de Lanzhou et dont on couvre ici la partie la plus
septentrionale. Il convient par contre de noter que la plus fameuse
d’entre elle, la Grande Muraille Ming (1368/1644), a été par la suite
construite sensiblement plus au sud pour des raisons stratégiques. Nous
sommes là dans une zone qui fut longtemps une zone de confins impériaux.Au plan administratif et géopolitique, nous sommes dans la Région
autonome chinoise de Mongolie intérieure, dont la capitale Hothhot se
trouve à quelques kilomètres à l’est (hors image). Cette Région couvre
1,1 million de km2 et est peuplée de 24 millions d’habitant (20
hab./km2), dont officiellement 80 % de Hans et 17 % de Mongols. Si comme
partout en Chine, le territoire est découpé en préfectures et
districts, le terme de « bannière » ou « bannière autonome » y est
souvent utilisé comme pour la Bannière de Darhan Muminggan qui entoure
le district des terres rares de Bayan Obo. 

Un espace aride, un axe stratégique

Nous sommes dans un espace dominé par un climat froid semi-aride ou
aride marqué par l’hyper-continentalité avec des températures très
froides ou très chaudes. Dans la ville de Baotou, au centre de l’image,
on passe de -11°C en moyenne au mois de janvier à + 23°C en juillet,
soit un gradient de 34°C, avec des records sensibles de froid (- 31°C)
ou de chaleur (+ 39°C). La ville reçoit seulement 300 mm de
précipitation par an, pour l’essentiel en juillet/aout alors que six
mois de l’année sont dominés par une sécheresse marquée en recevant
moins de 10 mm de précipitations. L’eau est donc rare.Comme le montre bien l’image, cet espace aride alternent déserts
rocheux et sableux, telle la bande au sud-ouest de l’image, auréole de
steppes semi-désertiques et dépressions éoliennes salines. Comme pour le
Nil qui traverse le Sahara, le Fleuve jaune – ou Huang He – doit son
écoulement pérenne aux volumes d’eau accumulés à sa source à 4.800 m.
dans la Cordillère du Bayan Har des plateaux tibétains. Mais avant
d’atteindre la Grande plaine plus à l’est,  il perd une partie
considérable de son débit en traversant cette grande zone aride ; des
pertes largement amplifiées aujourd’hui par une surexploitation de plus
en plus inquiétantes de ses ressources.Malgré ces fortes contraintes, la région est un des laboratoires
chinois du développement des énergies renouvelables. Dans l’éolien,
grâce aux vents puissants de l’anticyclone sibérien qui soufflent une
large partie de l’année mais y aggravent l’aridité et y accélèrent
l’érosion des sols. On trouve ainsi de nombreux champs d’éoliennes, en
particulier dans les plateaux du Yin Shan (zooms 2 et 3). Dans l’énergie
solaire, grâce à un taux d’ensoleillement annuel de 74 % ou 3.200
heures par an. On peut ainsi remarquer la présence de nombreux champs de
capteurs solaires ; dans les dunes de sables au sud le Baotou, les
concepteurs ont même dessiné un cheval au galop visible de l’espace en
forme de clin d’œil. Pour autant ces valorisations demeurent difficiles
du fait de l’intermittence de ces ressources et de l’éloignement des
principaux centres de consommation qui impose la construction de réseaux
de transport couteux et vulnérables.Historiquement, cette zone des confins mongols est intégrée
difficilement à la Chine et fait l’objet de nombreuses recompositions
géopolitiques internes ; le découpage actuel de la Province – après de
nombreux remaniements – datant ainsi seulement de 1979. Depuis des
siècles, l’axe Pékin/Hohhot/ Baotou/ Yinchuan utilisant la vallée du
Fleuve jaune est un axe majeur vers la gouttière du Gansu, le Xinjiang
et l’Asie centrale.  Le premier désenclavement ferroviaire intervient
entre 1905 et 1923 avec la construction de la ligne Pékin/
Jining/Hohhot/ Baotou. En 1955 les bons rapports entre la Chine
populaire et l’URSS se traduisent par l’ouverture de la ligne Pékin/
Baotou/ Ulan Bator, la capitale de la République de Mongolie, elle-même
reliée par le Transibérien à Irkoutsk depuis 1947. Dans la région, le
fait urbain est bien d’origine chinoise et est né du chemin de fer puis
de la mine. 

Deux systèmes bien individualisés

Cette géographie et cette histoire structurent durablement
l’organisation régionale autour de deux systèmes spatiaux bien distincts
mais solidaires. Ils témoignent à l’échelle régionale des nettes
hiérarchies multiformes organisant l’espace interne de l’immense Chine
et de rapports centre(s)/périphéries particulièrement vifs.Premièrement, ces hauts plateaux arides sont historiquement l’univers
du monde pastoral nomade mongol, aujourd’hui totalement réduit par les
processus de sédentarisation même si l’élevage (caprins, ovins…) peut
parfois perdurer (cf. zoom 2). Sous-peuplés, voire désertiques, ils sont
devenus aujourd’hui de grands pourvoyeurs de minerais autour d’isolats
urbains spécialisés : Bayan Obo sur les terres rares au nord, Dongsheng
et son bassin charbonnier sur les plateaux de l’Ordos au sud. Nous
sommes là dans des espaces-déchets – les wastelands des géographes M-N
Carré et F-M Le Tourneau – fondés sur une consommation courtermiste et
dégradée d’espace et de ressources reposant sur le mythe de l’abondance,
de l’immensité et de la sous-occupation humaine.A l’inverse, deuxièmement, la vallée du Fleuve jaune apparait bien
mise en valeur par une agriculture irriguée, parfois depuis le XVIIème
siècle, et accueille l’agglomération de Baotou. Seconde ville de
Mongolie intérieure, elle domine et organise largement l’ensemble de
l’économie régionale, en particulier avec le boom des terres rares dont
elle devient la capitale chinoise et qui l’a fait accéder
progressivement au plan fonctionnel à un statut métropolitain. 

Les terres rares : un ensemble de ressources minérales stratégiques

Le terme de « terres rares » désigne 17 éléments chimiques –
scandium, yttrium et quinze lanthanides dont cérium, dysprosium,
europium, indium, néodymium, praséodymium, terbium… – très peu connus
du grand public mais dont les propriétés sont très recherchées. Pour
autant, ces métaux ne sont pas moins abondants que l’or, l’argent, le
cuivre ou le zinc. Mais leurs propriétés – stabilité thermique,
conductivité électrique, magnétisme fort… – en font aujourd’hui des
éléments incontournables pour de nombreuses applications stratégiques.
Ces marchés de niche sont en effet pilotés par l’innovation, car ils
jouent un rôle essentiel dans l’industrie de défense, la haute
technologie ou la transition énergétique.Ceci explique que durant ce dernier quart de siècle la production
mondiale a explosé : elle passe de 80 000 t. en 1995 à 240.000 en 2020,
selon l’U.S Geological Survey. Représentant actuellement 90 % du marché
des terres rares, le néodyme est ainsi essentiel à la fabrication
d’aimants permanents pour les radars militaires, les moteurs de voitures
électriques, les rotors d’éoliennes ou les vibreurs de téléphone.
L’indium et l’yttrium ont des propriétés optiques mobilisées pour la
fabrication des écrans tactiles de smartphones… Du fait de leur
position nodale au cœur des technologies bas-carbone en plein
développement, les besoins en terres rares devraient d’ici 2050
augmenter dans une fourchette de 2,5 à 10.Au total, les chaînes d’approvisionnement de pans entiers du système
productif mondial – militaire, aéronautique, électronique,
télécommunications, automobile, énergie, nucléaire… – dépendent de ces
terres rares. Selon l’US. Congressional Research Service, chaque
chasseur F-35 emporte l’équivalent de 427 kg de terres rares dans ses
équipements et composants, un sous-marin nucléaire de classe Virginia
4,2 tonnes. Dans ce contexte, on comprend que Washington signe en 2018
avec l’Australie et en 2020 avec le Canada des accords bilatéraux afin
de sécuriser ses approvisionnements futurs.L’extraction de ces minerais ne pose pas de problème majeur en dehors
du fait qu’il faut extraire des masses énormes de roches pour disposer
au final de volumes assez limités. Par contre, les opérations de
concassage pour réduire les roches en poudre puis, surtout, les
processus d’extraction et de raffinage pour en extraire les terres rares
sous forme d’oxydes sont techniquement difficiles, nécessitent
d’énormes quantités d’eau et sont extrêmement polluantes comme on peut
facilement le constater sur les images (zooms 2 et 3).Sur le marché mondial des terres rares et au-delà de ses réserves
minières considérables, la Chine va se construire comme puissance
minière de premier rang en survalorisant ces dernières décennies deux
atouts majeurs : la disposition d’une vaste main d’œuvre à bon marché,
le large sacrifice de ses équilibres environnementaux. 

La Chine : la construction d’une puissance minière de 1er rang sur le dumping social et environnemental

Si les premières ressources de terres rares sont découvertes en 1927 à
Bayan Obo, il faut attendre la période d’industrialisation maoïste pour
voir lancer la production de concentrés de terres rares. Mais surtout,
dès les années 1980/1990, Pékin décide de faire des terres rares un
levier de puissance mondiale. Édicté comme domaine de souveraineté,
l’État y interdit l’entrée de toute entreprise étrangère, engage la
lutte dans la région contre l’extraction illégale et les trafics
illicites (cf. nombreuses micro-mines abandonnées), baisse les taxes à
l‘exportation pour favoriser ses champions nationaux sur le marché
mondial face à la concurrence étrangère. Ces choix reposent donc sur une
claire vision stratégique de long terme.Entre 1985 à 1995, la production chinoise explose en passant de 8500 à
48 000 tonnes, et de 21,4 % à 60 % de la production mondiale, au
détriment des Etats-Unis et de l’Australie. Cette stratégie lui permet
jusqu’en 2010 de disposer d’un quasi-monopole mondial : elle réalise
alors 90 % de la production mondiale de terres rares.Face à la forte pression chinoise sur les coûts de production, on
assiste en effet progressivement – comme dans bien d’autres activités
productives – dans le cadre d’une nouvelle division internationale du
travail, à l’abandon des opérations par les autres pays. Qu’ils soient
producteurs comme les Etats-Unis (cf. fermeture de la grande mine de
Mountain Pass au sud-ouest de Las Vegas) ou raffineurs comme la France
(La Rochelle) au profit des importations. La Chine devient en effet le
seul pays à accepter des coûts environnementaux très élevés liés à la
mobilisation de techniques productives médiocres mais peu chères.































Bayan Obo et Baotou : un système minier au cœur des grands enjeux technologiques mondiauxLes hauts plateaux désertiques de Mongolie intérieure traversés par le Fleuve jaune

Nous sommes au nord de la Chine, dans la Région autonome de Mongolie
intérieure. L’image couvre un espace géographique organisé en trois
bandes parallèles.Au nord s’étendent les vastes plateaux de la Mongolie intérieure du
Yin Chan perchés à 1.500 ou 1.600 m. d’altitude. C’est à Bayan Obo que
se trouve le district des terres rares. La ville se trouve à seulement
80 km de la frontière avec la République de Mongolie. La chaîne des Yin –
ou Yin Chan – s’étend sur 1.000 km. et limite au sud le terrible désert
de Gobi. Couverts par une vaste steppe, ces plateaux descendent vers le
nord et la dépression endoréique du Tengge Rinaori (hors image) dans
laquelle se jette par exemple l’Aibugai River qui passe à Bailingmiao. A
l’inverse, au sud ces plateaux tombent sur la gouttière du Fleuve jaune
par la Daqing Shan qui est assez élevée puisqu’elle culmine à 2.950 m
et est entaillée par plusieurs rivières importantes, dont la Kundulum
River qui arrose Baotou.Au Sud s’étendent les vastes plateaux de l’Ordos perché entre 1.300
et 2.500 m d’altitude. On y distingue bien la ville et le grand bassin
charbonnier de Dongsheng.  Il fait partie d’un vaste ensemble productif
qui constitue un des plus importants gisements charbonniers au monde.Au centre enfin, l’image est traversée d’ouest en est par une vaste
gouttière topographique. Celle-ci est empruntée par le puissant Fleuve
jaune. Faisant figure d’oasis dans un espace régional particulièrement
aride, elle est dominée par la ville de Baotou, qui est la 2em ville de
Mongolie intérieure.Dans cette région située à seulement 560 km à l’ouest de Pékin, nous
sommes déjà dans ce que le géographe Thierry Sanjuan définit comme
la « Chine de l’Ouest » des périphéries continentales et ici
frontalières. Sur l’espace couvert par l’image au nord de Baotou,
environ cinq Murailles, ou grands systèmes défensifs contre les attaques
nomades, furent successivement construites entre 400 av JC., durant la
période des Royaumes combattants, jusqu’à 1234. Ils définissant ainsi
pendant des siècles cet espace comme un vaste Limes impérial afin, en
particulier, de protéger la grande boucle que dessine le Fleuve jaune
vers le nord à partir de Lanzhou et dont on couvre ici la partie la plus
septentrionale. Il convient par contre de noter que la plus fameuse
d’entre elle, la Grande Muraille Ming (1368/1644), a été par la suite
construite sensiblement plus au sud pour des raisons stratégiques. Nous
sommes là dans une zone qui fut longtemps une zone de confins impériaux.Au plan administratif et géopolitique, nous sommes dans la Région
autonome chinoise de Mongolie intérieure, dont la capitale Hothhot se
trouve à quelques kilomètres à l’est (hors image). Cette Région couvre
1,1 million de km2 et est peuplée de 24 millions d’habitant (20
hab./km2), dont officiellement 80 % de Hans et 17 % de Mongols. Si comme
partout en Chine, le territoire est découpé en préfectures et
districts, le terme de « bannière » ou « bannière autonome » y est
souvent utilisé comme pour la Bannière de Darhan Muminggan qui entoure
le district des terres rares de Bayan Obo. 

Un espace aride, un axe stratégique

Nous sommes dans un espace dominé par un climat froid semi-aride ou
aride marqué par l’hyper-continentalité avec des températures très
froides ou très chaudes. Dans la ville de Baotou, au centre de l’image,
on passe de -11°C en moyenne au mois de janvier à + 23°C en juillet,
soit un gradient de 34°C, avec des records sensibles de froid (- 31°C)
ou de chaleur (+ 39°C). La ville reçoit seulement 300 mm de
précipitation par an, pour l’essentiel en juillet/aout alors que six
mois de l’année sont dominés par une sécheresse marquée en recevant
moins de 10 mm de précipitations. L’eau est donc rare.Comme le montre bien l’image, cet espace aride alternent déserts
rocheux et sableux, telle la bande au sud-ouest de l’image, auréole de
steppes semi-désertiques et dépressions éoliennes salines. Comme pour le
Nil qui traverse le Sahara, le Fleuve jaune – ou Huang He – doit son
écoulement pérenne aux volumes d’eau accumulés à sa source à 4.800 m.
dans la Cordillère du Bayan Har des plateaux tibétains. Mais avant
d’atteindre la Grande plaine plus à l’est,  il perd une partie
considérable de son débit en traversant cette grande zone aride ; des
pertes largement amplifiées aujourd’hui par une surexploitation de plus
en plus inquiétantes de ses ressources.Malgré ces fortes contraintes, la région est un des laboratoires
chinois du développement des énergies renouvelables. Dans l’éolien,
grâce aux vents puissants de l’anticyclone sibérien qui soufflent une
large partie de l’année mais y aggravent l’aridité et y accélèrent
l’érosion des sols. On trouve ainsi de nombreux champs d’éoliennes, en
particulier dans les plateaux du Yin Shan (zooms 2 et 3). Dans l’énergie
solaire, grâce à un taux d’ensoleillement annuel de 74 % ou 3.200
heures par an. On peut ainsi remarquer la présence de nombreux champs de
capteurs solaires ; dans les dunes de sables au sud le Baotou, les
concepteurs ont même dessiné un cheval au galop visible de l’espace en
forme de clin d’œil. Pour autant ces valorisations demeurent difficiles
du fait de l’intermittence de ces ressources et de l’éloignement des
principaux centres de consommation qui impose la construction de réseaux
de transport couteux et vulnérables.Historiquement, cette zone des confins mongols est intégrée
difficilement à la Chine et fait l’objet de nombreuses recompositions
géopolitiques internes ; le découpage actuel de la Province – après de
nombreux remaniements – datant ainsi seulement de 1979. Depuis des
siècles, l’axe Pékin/Hohhot/ Baotou/ Yinchuan utilisant la vallée du
Fleuve jaune est un axe majeur vers la gouttière du Gansu, le Xinjiang
et l’Asie centrale.  Le premier désenclavement ferroviaire intervient
entre 1905 et 1923 avec la construction de la ligne Pékin/
Jining/Hohhot/ Baotou. En 1955 les bons rapports entre la Chine
populaire et l’URSS se traduisent par l’ouverture de la ligne Pékin/
Baotou/ Ulan Bator, la capitale de la République de Mongolie, elle-même
reliée par le Transibérien à Irkoutsk depuis 1947. Dans la région, le
fait urbain est bien d’origine chinoise et est né du chemin de fer puis
de la mine. 

Deux systèmes bien individualisés

Cette géographie et cette histoire structurent durablement
l’organisation régionale autour de deux systèmes spatiaux bien distincts
mais solidaires. Ils témoignent à l’échelle régionale des nettes
hiérarchies multiformes organisant l’espace interne de l’immense Chine
et de rapports centre(s)/périphéries particulièrement vifs.Premièrement, ces hauts plateaux arides sont historiquement l’univers
du monde pastoral nomade mongol, aujourd’hui totalement réduit par les
processus de sédentarisation même si l’élevage (caprins, ovins…) peut
parfois perdurer (cf. zoom 2). Sous-peuplés, voire désertiques, ils sont
devenus aujourd’hui de grands pourvoyeurs de minerais autour d’isolats
urbains spécialisés : Bayan Obo sur les terres rares au nord, Dongsheng
et son bassin charbonnier sur les plateaux de l’Ordos au sud. Nous
sommes là dans des espaces-déchets – les wastelands des géographes M-N
Carré et F-M Le Tourneau – fondés sur une consommation courtermiste et
dégradée d’espace et de ressources reposant sur le mythe de l’abondance,
de l’immensité et de la sous-occupation humaine.A l’inverse, deuxièmement, la vallée du Fleuve jaune apparait bien
mise en valeur par une agriculture irriguée, parfois depuis le XVIIème
siècle, et accueille l’agglomération de Baotou. Seconde ville de
Mongolie intérieure, elle domine et organise largement l’ensemble de
l’économie régionale, en particulier avec le boom des terres rares dont
elle devient la capitale chinoise et qui l’a fait accéder
progressivement au plan fonctionnel à un statut métropolitain. 

Les terres rares : un ensemble de ressources minérales stratégiques

Le terme de « terres rares » désigne 17 éléments chimiques –
scandium, yttrium et quinze lanthanides dont cérium, dysprosium,
europium, indium, néodymium, praséodymium, terbium… – très peu connus
du grand public mais dont les propriétés sont très recherchées. Pour
autant, ces métaux ne sont pas moins abondants que l’or, l’argent, le
cuivre ou le zinc. Mais leurs propriétés – stabilité thermique,
conductivité électrique, magnétisme fort… – en font aujourd’hui des
éléments incontournables pour de nombreuses applications stratégiques.
Ces marchés de niche sont en effet pilotés par l’innovation, car ils
jouent un rôle essentiel dans l’industrie de défense, la haute
technologie ou la transition énergétique.Ceci explique que durant ce dernier quart de siècle la production
mondiale a explosé : elle passe de 80 000 t. en 1995 à 240.000 en 2020,
selon l’U.S Geological Survey. Représentant actuellement 90 % du marché
des terres rares, le néodyme est ainsi essentiel à la fabrication
d’aimants permanents pour les radars militaires, les moteurs de voitures
électriques, les rotors d’éoliennes ou les vibreurs de téléphone.
L’indium et l’yttrium ont des propriétés optiques mobilisées pour la
fabrication des écrans tactiles de smartphones… Du fait de leur
position nodale au cœur des technologies bas-carbone en plein
développement, les besoins en terres rares devraient d’ici 2050
augmenter dans une fourchette de 2,5 à 10.Au total, les chaînes d’approvisionnement de pans entiers du système
productif mondial – militaire, aéronautique, électronique,
télécommunications, automobile, énergie, nucléaire… – dépendent de ces
terres rares. Selon l’US. Congressional Research Service, chaque
chasseur F-35 emporte l’équivalent de 427 kg de terres rares dans ses
équipements et composants, un sous-marin nucléaire de classe Virginia
4,2 tonnes. Dans ce contexte, on comprend que Washington signe en 2018
avec l’Australie et en 2020 avec le Canada des accords bilatéraux afin
de sécuriser ses approvisionnements futurs.L’extraction de ces minerais ne pose pas de problème majeur en dehors
du fait qu’il faut extraire des masses énormes de roches pour disposer
au final de volumes assez limités. Par contre, les opérations de
concassage pour réduire les roches en poudre puis, surtout, les
processus d’extraction et de raffinage pour en extraire les terres rares
sous forme d’oxydes sont techniquement difficiles, nécessitent
d’énormes quantités d’eau et sont extrêmement polluantes comme on peut
facilement le constater sur les images (zooms 2 et 3).Sur le marché mondial des terres rares et au-delà de ses réserves
minières considérables, la Chine va se construire comme puissance
minière de premier rang en survalorisant ces dernières décennies deux
atouts majeurs : la disposition d’une vaste main d’œuvre à bon marché,
le large sacrifice de ses équilibres environnementaux. 

La Chine : la construction d’une puissance minière de 1er rang sur le dumping social et environnemental

Si les premières ressources de terres rares sont découvertes en 1927 à
Bayan Obo, il faut attendre la période d’industrialisation maoïste pour
voir lancer la production de concentrés de terres rares. Mais surtout,
dès les années 1980/1990, Pékin décide de faire des terres rares un
levier de puissance mondiale. Édicté comme domaine de souveraineté,
l’État y interdit l’entrée de toute entreprise étrangère, engage la
lutte dans la région contre l’extraction illégale et les trafics
illicites (cf. nombreuses micro-mines abandonnées), baisse les taxes à
l‘exportation pour favoriser ses champions nationaux sur le marché
mondial face à la concurrence étrangère. Ces choix reposent donc sur une
claire vision stratégique de long terme.Entre 1985 à 1995, la production chinoise explose en passant de 8500 à
48 000 tonnes, et de 21,4 % à 60 % de la production mondiale, au
détriment des Etats-Unis et de l’Australie. Cette stratégie lui permet
jusqu’en 2010 de disposer d’un quasi-monopole mondial : elle réalise
alors 90 % de la production mondiale de terres rares.Face à la forte pression chinoise sur les coûts de production, on
assiste en effet progressivement – comme dans bien d’autres activités
productives – dans le cadre d’une nouvelle division internationale du
travail, à l’abandon des opérations par les autres pays. Qu’ils soient
producteurs comme les Etats-Unis (cf. fermeture de la grande mine de
Mountain Pass au sud-ouest de Las Vegas) ou raffineurs comme la France
(La Rochelle) au profit des importations. La Chine devient en effet le
seul pays à accepter des coûts environnementaux très élevés liés à la
mobilisation de techniques productives médiocres mais peu chères.

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