La découverte de Homo juluensis a été une étape significative dans l’étude de l’évolution humaine. Cette nouvelle espèce, qui aurait vécu en Asie de l’Est il y a environ 300 000 ans, pourrait enrichir notre compréhension des anciens hominidés ayant partagé notre planète. 

Les fossiles découverts dans les années 1970, notamment à Xujiayao, Xuchang, Xiahe, Penghu, et d’autres sites en Chine, ont été analysés par des paléoanthropologues pour identifier une nouvelle espèce, Homo juluensis, qui pourrait être intermédiaire entre les hominidés les plus primitifs et les plus modernes

. Les crânes de ces hominidés sont particulièrement grands, avec une capacité crânienne estimée de 1 700 à 1 800 centimètres cubes, ce qui les distingue des espèces connues comme les Néandertaliens et Homo sapiens. Cette classification pourrait également les rapprocher des Dénisoviens, qui sont connus pour leurs crânes de grande taille et leurs caractéristiques dentaires uniques. 

Aujourd’hui, Homo sapiens est la seule espèce humaine qui habite l’ensemble de la planète. Mais il y a encore à peine 50 000 ans, elle coexistait avec d’autres hominines, comme les Néandertaliens dont la présence s’étend jusqu’en Eurasie et les Dénisoviens qui seraient allés jusqu’en Asie de l’Est.

Ces dernières années, de nouvelles espèces humaines ont été identifiées en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est. C’est le cas de Homo floresiensis qui a été créé en 2004 à partir de restes fossiles découverts en Indonésie, Homo luzonensis, dont les restes ont été trouvés dans les Philippines et classifiés en 2019, ou encore Homo longi, créé en 2021 à partir d’un crâne retrouvé en 1933 dans la ville de Harbin, en Chine.

Plus récemment, en 2024, une étude publiée dans la revue Nature communications propose une nouvelle classification des fossiles découverts en Chine et mentionne ce qui semble être une nouvelle espèce : Homo juluensis. Une proposition qui laisse perplexe…
 

Qu’y a-t-il derrière cette nouvelle terminologie ? À quoi renvoie Homo juluensis ?

Dans les années 1970, de nombreux restes fossiles ont été découverts au Nord de la Chine, notamment à Xujiayao, Xuchang, Xiahe, Penghu etc. Cet assemblage fossile comprend uniquement des éléments crâniens, c’est-à-dire des crânes, des dents et des mandibules, dont les dimensions étaient particulièrement énormes comparé à Homo sapiens.

Les scientifiques se sont trouvés face à des morphologies inédites qui ne correspondaient à aucune espèce connue. Ils n’ont donc pas pu les attribuer à une espèce en particulier.

Les chercheurs à l’origine de l’article publié en 2024 ont alors repris les études précédentes et créé Homo juluensis à partir de cet assemblage. Cette démarche les a conduit à diviser les fossiles d’Asie de l’Est et du Sud-Est datés de 300 000 à 50 000 ans en quatre groupes : Homo floresiensisHomo luzonensisHomo longi et Homo juluensis.

Et comme ces fossiles ont des caractéristiques morphologiques similaires aux Dénisoviens, notamment des « molaires assez grandes », ils les ont associés à ces hominines. Sauf que, d’un point de vue morphologique, on ne connaît pas suffisamment bien les Dénisoviens.

En fin de compte, l’assemblage de restes fossiles découvert en Chine n’est toujours pas clairement identifié, c’est-à-dire qu’on ne sait pas vraiment si Homo juluensis est bien une nouvelle espèce. En effet, elle a été décrite et publiée dans un livre (et non un article de revue scientifique comme cela se fait normalement) auquel peu de chercheurs ont eu pour l’instant accès.
 

Comment les scientifiques rendent-ils une espèce publique ? Quel est le processus de publication ?

La démarche de publication doit respecter un certain nombre de critères. En paléontologie, cela signifie que les fossiles doivent être homogènes entre eux et qu’ils ne correspondent à aucune autre espèce déjà connue.
 
Les noms scientifiques des espèces doivent aussi respecter les règles du Code international de nomenclature zoologique. Ils peuvent faire référence à un nom de lieu (avec le suffixe latin –ensis qui signifie « qui vient de »), un attribut particulier (c’est le cas de Homo habilisHomo erectus et Homo sapiens) ou un nom de personne.

Enfin, la démarche doit être examinée par les pairs. Autrement dit, ce sont des collègues scientifiques qui évaluent la pertinence de la publication. Pour Homo luzonensis, par exemple, nous avons eu quatre relecteurs. Ils rédigent un rapport d’expertise avec des recommandations et, le cas échéant, des demandes de modifications de l’article puis, in fine, valident ou non la publication d’une nouvelle espèce.
 

Pour résumer, pourquoi Homo juluensis pourrait ne pas être considéré comme une nouvelle espèce ?

Parce que là, en l’occurrence, il n’est pas publié selon les standards scientifiques actuels. En effet, l’article publié dans la revue Nature communications renvoie à un livre que l’un des auteurs a écrit récemment. Or, cet ouvrage n’est a priori pas passé en relecture auprès des pairs : ils n’ont pas pu examiner les arguments en faveur de cette publication.

En plus, jusqu’à présent, les collègues y étaient plutôt défavorables pour les raisons que nous avons évoquées : l’assemblage n’est pas clairement identifié (par exemple, les Dénisoviens avaient déjà été inclus en 2021 dans l’espèce Homo longi) et les scientifiques ne savent pas encore comment interpréter cette grande diversité morphologique. Même le nom donné à cette espèce ne semble pas être aux normes puisqu’elle

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