Vu la facilité avec laquelle les Terriens sont en train de développer des techniques leur permettant de s’autodétruire en quelques années, depuis les guerres nucléaires ou biologiques jusqu’à des conflits sociaux de grande ampleur entrainant la paralysie des appareils productifs, beaucoup d’experts se demandent combien de temps survivront les sociétés humaines dites avancées.

Pour tenter de répondre à cette question, on peut être tenté d’analyser l’univers proche, dit « univers observable » .

Jusqu’à présent les sondes spatiales envoyées jusqu’au delà du système solaire sont restées muettes. Aucune forme de vie complexe n’y apparaît.. Certes en utilisant le télescope James Webb, une équipe britannique assure avoir trouvé une potentielle « biosignature » dans une atmosphère. Les spécialistes restent circonspects.

C’est la preuve la plus tangible qu’il y a peut-être de la vie là-bas », a affirmé à la BBC l’astronome britannique Nikku Madhusudhan. Par « là-bas », il faut comprendre : sur la planète K2-18b, découverte en 2015 et située à 124 années-lumière du Système solaire.

Son rayon est 2,6 fois plus grand que celui de la Terre. Grâce au télescope spatial James Webb de la Nasa, le scientifique de Cambridge et son équipe affirment avoir détecté des traces d’un gaz bien particulier, du sulfure de diméthyle (DMS), ce qui constituerait, selon lui, une signature incontestable de la présence de vie sur cette planète.

Sur Terre, le sulfure de diméthyle n’est en effet produit que par des processus biologiques, principalement par du phytoplancton vivant dans les océans. Pour le Pr Madhusudhan, la présence de ce gaz soufré en quantité assez grande pour être détecté d’aussi loin est la preuve que les océans de la planète K2-18b sont pleins d’une forme de vie comparable au plancton terrestre.

« Le scénario peut paraître séduisant, mais la majorité de la communauté scientifique est très sceptique », met en garde Chloe Fisher, spécialiste de l’analyse de l’atmosphère des exoplanètes à l’université d’Oxford. « L’équipe de Nikku Madhusudhan a déjà prétendu avoir découvert du DMS autour de cette même planète avec le télescope Webb en 2023, mais des réanalyses ultérieures menées par des équipes indépendantes sur les mêmes données, dont celles auxquelles j’ai participé, montrent que ces preuves étaient inexistantes. »

Dans l’ensemble, les critiques des astronomes portent principalement sur deux points. Le premier est que les mesures présentées sont trop imprécises pour prouver la présence de DMS autour de la planète K2-18b. « Les signaux sont vraiment faibles et il est tôt pour crier victoire », remarque Pierre-Olivier Lagage, astrophysicien au CEA, coresponsable de l’instrument Miri du JWST qui a été utilisé par l’équipe de Cambridge. D’autre part, même si ce gaz soufré était bien présent, il ne serait en aucun cas la signature incontestable de la vie, puisqu’il existe des processus chimiques capables de le produire sans faire intervenir la biologie.

Depuis la prétendue découverte de sulfure de diméthyle par Madhusudhan en 2023, d’autres astronomes en ont trouvé sur des comètes et dans l’espace interstellaire, des milieux où personne ne soupçonne la présence de vie.

Ce qui change par rapport à 2023, c’est que le chercheur de Cambridge se fonde sur des analyses réalisées dans de nouvelles longueurs d’onde un peu plus grandes, et potentiellement intéressantes pour détecter du sulfure de diméthyle.

Pour essayer de découvrir des molécules dans des atmosphères de planètes extrasolaires, les astrophysiciens se basent en effet sur la forme de leur spectre lumineux, qui donne la quantité de photons émis pour chaque « couleur » (définie par la longueur d’onde). Cela forme une courbe dont les pics et les creux peuvent être la signature de certaines molécules chimiques (parce qu’elles absorbent préférentiellement certains types de lumière).

Mais même avec la sensibilité extraordinaire du télescope james Webb, les courbes obtenues en observant l’atmosphère de planètes situées à des dizaines d’années-lumière sont très « bruitées », ce qui implique des incertitudes importantes sur les valeurs obtenues. « On repousse clairement les limites du JWST avec ce type d’observations », remarque Chloe Fisher.

Après un premier traitement des données, qui consiste à enlever les perturbations apportées par le télescope et les détecteurs eux-mêmes, il faut encore bien des analyses pour arriver à un résultat. « Pour cette phase d’analyse, on fait de nombreuses hypothèses sur la composition de l’atmosphère de la planète, on regarde quels spectres cela donnerait et on cherche quelles hypothèses et quelle composition correspondent le mieux à la courbe qu’on a enregistrée », explique Jérémy Leconte, chercheur CNRS spécialiste des atmosphères planétaires au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux

« Mais quand on a beaucoup d’incertitudes sur le signal, il est facile de regarder beaucoup de molécules et d’en trouver une qui semble expliquer un spectre donné. Personnellement, je ne serai convaincu que si des analyses indépendantes reprennent les mêmes données et arrivent aux mêmes conclusions. »

Franck Selsis, spécialiste des exoplanètes et directeur de recherche au laboratoire d’astrophysique de Bordeaux, est plus critique encore. « Tout le scénario monté par Nikku Madhusudhan et son équipe repose sur l’idée que K2-18b est une planète océan, recouverte d’une épaisse atmosphère d’hydrogène. Or des travaux que nous avons faits avec Jérémy Leconte montrent que la planète est en fait trop chaude pour qu’il puisse y avoir de l’eau liquide, en raison de l’effet de serre puissant généré par l’atmosphère riche en hydrogène.

Ce qui change par rapport à 2023, c’est que le chercheur de Cambridge se fonde sur des analyses réalisées dans de nouvelles longueurs d’onde un peu plus grandes, et potentiellement intéressantes pour détecter du sulfure de diméthyle. Pour essayer de découvrir des molécules dans des atmosphères de planètes extrasolaires, les astrophysiciens se basent en effet sur la forme de leur spectre lumineux, qui donne la quantité de photons émis pour chaque « couleur » (définie par la longueur d’onde).

Cela forme une courbe dont les pics et les creux peuvent être la signature de certaines molécules chimiques (parce qu’elles absorbent préférentiellement certains types de lumière). Mais même avec la sensibilité extraordinaire du télescope Webb, les courbes obtenues en observant l’atmosphère de planètes situées à des dizaines d’années-lumière sont très « bruitées », ce qui implique des incertitudes importantes sur les valeurs obtenues. « On repousse clairement les limites du JWST avec ce type d’observations », remarque Chloe Fisher.

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