05/05/2025 Le DOGE. Faire des coupes partout pour alléger le déficit


Tel est l’objectif que s’est fixé le DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale, qui a vu le jour grâce à un décret signé par le président américain le jour de son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025.

À sa tête : Elon Musk, le patron de Tesla, X ou encore SpaceX. dont l’on annonce le départ même s’il dément l’information. Il a promis de réduire les dépenses fédérales de 2 000 milliards de dollars.  Trois mois après le retour du camp républicain à la présidence des États-Unis, le palmarès du DOGE est déjà bien chargé. 75 000 employés fédéraux ont démissionné (ce qui est moins que ce qui était souhaité), 83 % des programmes de développement de l’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international, ont été supprimés, et Elon Musk se vante régulièrement de couper arbitrairement des dépenses, afin de mettre fin à des services qu’il estime inutiles. Plusieurs services sont dans son collimateur, notamment sur le climat, l’éducation ou l’inclusivité.

Derrière ce massacre digne de Javier Milei (le président argentin a coupé 250 services et licencié 40 000 fonctionnaires un an après son investiture), se renforce un courant de pensée traditionnel chez les Républicains : celui des néoréactionnaires ou  NRx

NRx : un mouvement à l’origine d’une transformation des États-Unis

Le mouvement néoréactionnaire – dit NRx – envisage l’État comme « une gigantesque entreprise engluée dans son inefficacité parce que le personnel politique est enferré dans une mystique démocratique et dans une obsession de justice sociale », selon Arnaud Miranda, docteur en théorie politique. Selon ses suiveurs, le monde actuel serait contrôlé par « un groupe de gens de gauche, parmi lesquels des journalistes et des universitaires », explique Benjamin Noys, professeur de théorie critique à l’université de Chichester, n Angleterre. 

Les néoréactionnaires, qui sont convaincus que le mondeva mal, proposent d’en finir avec la démocratie et de « restructurer » le gouvernement comme une entreprise souveraine dont la direction serait confiée à un PDG. « Si vous n’êtes pas satisfaits du service proposé par ce gouvernement, vous n’avez qu’à vous en trouver un autre », précise Arnaud Miranda.

Curtis Yarvin envisage de mettre sur un piédestal les leaders de la tech, de laisser l’innovation suivre librement son cours, sans surveillance démocratique ni régulation, et d’enfermer les individus non productifs. Il s’agit, autrement dit, d’un projet techno-monarchiste puisque ceux qui seraient incapables de manier les technologies seraient mis au ban de la société. 

Quelques années avant la réélection de Donald Trump, Curtis Yarvin a imaginé un programme appelé « RAGE », ou Retire All Government Employees. Il vise à licencier tous les employés du gouvernement afin d’intensifier cette transition de système. Le DOGE d’Elon Musken serait une émanation

Le RAGE est devenu DOGE grâce à l’appui de figures controvéesées

Benjamin Noys souligne que les textes néoréactionnaires, en particulier le manifeste de Nick Land, s’appuient sur des thèses racistes. Ils contiendraient de nombreux points critiques à l’égard des afro-américains : « même s’ils nient leur racisme, ils affirment que tout est question de hiérarchies naturelles et d’intelligence ». Pour Nrx, il y a une hiérarchie dans les êtres humains.

Le sociologue Harrison Smith s’accorde avec le professeur sur ce point : « il convient de souligner que ceux qui défendent des opinions néoréactionnaires sont inévitablement des hommes blancs », parmi lesquels Peter Thiel, le co-fondateur de PayPal, le milliardaire Marc Andreessen qui a développé le premier navigateur web, Mosaic, ou encore le vice-président des États-Unis, J. D. Vance qui a déjà cité le travail de Curtis Yarvin pour expliquer ses valeurs politiques, tout en évoquant des idées de « dé-wokisation ».

Peter Thiel est un des grands acteurs de la droitisation de la Silicon Valley, à commencer par celle de son ex-partenaire Elon Musk. Il est un des rares milliardaires de la tech à avoir participé au premier mandat de Donald Trump, bien avant que le Républicain n’adhère aux idées au Yarvin. C’est sous son influence que le patron de Tesla a accepté d’endosser le rôle de CEO des États-Unis.

Quant à D Vance, le vice-président de Trump, il est bien plus impliqué que Donald Trump dans l’idéologie Nrx. Il est l’une des raisons de la radicalisation de la Maison-Blanche.

Source : Gage Skidmore

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