04/05/2025 Qu’est ce que la conscience?

Les débats ne cessent pas sur ce sujet difficile. Encore évitent-ils d’aborder celui de la conscience chez les animaux, animaux domestiques ou animaux sauvages.

Concernant l’homme, l’hypothèse dominante aujourd’hui est celle de l’IIT, integrated information theory (IIT). Celle-ci cherche à fournir un cadre théorique expliquant pourquoi certains systèmes physiques (comme le cerveau humain) sont conscients, pourquoi ils ressentent des choses particulières quand ils sont dans certains états, ou encore ce qu’il faudrait pour que d’autres systèmes physiques soient eux aussi conscients. En principe, une fois la théorie mature et bien testée, elle pourrait être capable de déterminer si un système physique est conscient, à quel point il l’est, et quelles expériences subjectives il en a.

Dans la théorie de l’information intégrée, la conscience d’un système (ce qu’il ressent subjectivement) est supposée correspondre aux propriétés causales (ce qu’il est objectivement). Analyser l’ensemble des rôles causaux permettrait donc de connaître l’état de conscience d’un système

L’ITTe a été proposée par Giulio Tononi en 2004. La dernière version (la « 3.0 ») est sortie en 2014. Cela dit, la théorie continue d’être développée. Malgré un intérêt significatif, la théorie de l’information intégrée reste controversée, avec une partie de la communauté scientifique la traitant de pseudo-science infalsifiable Wikipedia

A coté de l’ITT, une autre théorie à la faveur de certains scientifiques. Il s’agit de la GNWT ou global neuronal workspace theory soit en francais théorie de l’espace de travail global (TETG), Il s’agit d’une théorie de la conscience introduite par Bernard Baars en 1988. Elle a notamment été développée pour pouvoir expliquer de nombreux processus cognitifs, conscients ou non. La conscience y sert d’espace centralisé d’échange d’informations. Elle permet à des réseaux cérébraux spécialisés d’interagir, améliorant l’intégration et l’adaptabilité.

Cette théorie dresse une analogie entre l’esprit et un théâtre, les pensées conscientes étant comme des entités illuminées au milieu de la scène principale. Le cerveau contient beaucoup de processus et de modules spécialisés qui opèrent en parallèle, et qui en général ne sont pas conscients. L’attention agit comme un projecteur, amenant une partie de cette activité inconsciente à la conscience. L’espace de travail global est un centre fonctionnel d’intégration de l’information, lui permettant d’être diffusée à travers les modules.

Lorsque des entrées sensorielles, des souvenirs ou des représentations internes reçoivent de l’attention, ils deviennent une partie de l’espace de travail global et peuvent alors être manipulés par divers processus. Les éléments étant en concurrence pour recevoir de l’attention, ceux qui gagnent sont admis dans l’espace de travail global, permettant à leurs informations d’être distribuées et coordonnées à travers l’ensemble du système cognitif.

Dans le « théâtre de la conscience », un projecteur d’attention sélective éclaire une zone lumineuse sur la scène, révélant le contenu de la conscience. Derrière les coulisses, dans l’obscurité, se trouvent le réalisateur (les processus exécutifs), les machinistes, les scénaristes, les décorateurs et autres. Ils façonnent les activités visibles dans la zone éclairée, mais sont eux-mêmes invisibles.

La théorie de l’espace de travail global fait encore l’objet de recherches et de débats.

Discussion

L’ITT identifie cinq caractères essentiels de la conscience et se demande quelle sorte de système physique pourrait en être le siège. Elle s oppose que la conscience apparaît lorsque des éléments d’un système physique échangent des informations sur un base mathématique quantifiable par une mesure dite phi. Plus l’information est intégrée, plus la valeur de phi est élevée et plus le système est conscient. Selon l’ITT ce sont les aires postérieures du cerveau qui disposent des propriétés neuroanatomiques nécessaires pour produire les valeurs de phi les plus élevées

GNWT, au contraire suggère que la compétition pour l’attention, et donc pour la conscience, est la plus élevée dans le thalamus. Si un signal se révèle plus important qu’un autre, le thalamus joue un rôle de coordinateur des informations sensorielles allant au cortex . Il transmet ce signal à travers le cerveau, qui en devient conscient . La transmission est liée au cortex préfrontal.

Tests

Pour tester ces deux hypothèses, Lucia Melloni du Max Planck Institute for Empirical Aesthetics (Allemagne) ont scanné les cerveaux de 256 personnes alors qu’elles regardaient des objets tels que des visage ou des lettres, en cherchant à identifier certains de leurs aspects. L’étude, qui a pris sept ans, a examiné quelles régions du cerveau traitaient les images, combien de temps elles étaient actives et de quelle façon leur activité était synchronisée.

Les résultats furent présentés dans une conférence en 2023, puis publés dans Nature (références ci-dessous). Ils ne furent pas jugés concluants. La même année 124 neuroscientifiques publièrent une lettre ouverte qualifiant toute l’opération de pseudoscience.

Chris Frith de l’ University of London, co-author de ces crittques, rappela qu’en permanence lui et ses confrère s’interrogeaient sur les états de conscience de leurs patients et ne pouvaient se satisfaire de réponses aussi ambiguës.

Référence

Nature DOI: 10.1038/s41586-025-08888-1

Abstract

Different theories explain how subjective experience arises from brain activity1,2. These theories have independently accrued evidence, but have not been directly compared3. Here we present an open science adversarial collaboration directly juxtaposing integrated information theory (IIT)4,5 and global neuronal workspace theory (GNWT)6,7,8,9,10 via a theory-neutral consortium11,12,13. The theory proponents and the consortium developed and preregistered the experimental design, divergent predictions, expected outcomes and interpretation thereof12. Human participants (n = 256) viewed suprathreshold stimuli for variable durations while neural activity was measured with functional magnetic resonance imaging, magnetoencephalography and intracranial electroencephalography. We found information about conscious content in visual, ventrotemporal and inferior frontal cortex, with sustained responses in occipital and lateral temporal cortex reflecting stimulus duration, and content-specific synchronization between frontal and early visual areas. These results align with some predictions of IIT and GNWT, while substantially challenging key tenets of both theories. For IIT, a lack of sustained synchronization within the posterior cortex contradicts the claim that network connectivity specifies consciousness. GNWT is challenged by the general lack of ignition at stimulus offset and limited representation of certain conscious dimensions in the prefrontal cortex. These challenges extend to other theories of consciousness that share some of the predictions tested here14,15,16,17. Beyond challenging the theories, we present an alternative approach to advance cognitive neuroscience through principled, theory-driven, collaborative research and highlight the need for a quantitative framework for systematic theory testing and building.

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