Promesse d’une énergie virtuellement infinie et peu polluante, la fusion nucléaire a bénéficié ces derniers mois d’un fort coup d’accélérateur, notamment grâce a un important afflux de capitaux.
Mais c’est du côté de l’un des plus vénérables acteurs du secteur qu’il faut aller chercher un impressionnant record. Basé à Culham près d’Oxford en Angleterre, le Joint European Torus est un vieux projet né avant le début des années 1980 et fondé par l’Union européenne, associée à la Suisse, au Royaume-Uni et à l’Ukraine.
Le JET dispose de l’un des plus grands et plus puissants tokamaks au mond . Le tokamak est le dispositif de confinement magnétique où la réaction de fusion, en l’occurrence de deutérium et de tritium, se déroule à très haute température.
En 1997, cet imposant engin avait réussi à délivrer une énergie de 22 mégajoules environ, un résultat historique qui faisait de la fusion un avenir possible et allait poser les futures bases du projet international ITER, basé dans le sud de la France.
Début février, comme l’a annoncé l’Atomic Energy Authority britannique (UKAEA), le précédent record est tombé, et de beaucoup. Le JET l a cette fois produit et maintenu une énergie de 59 mégajoules pendant une durée de 5 secondes, soit le temps maximal permis par le design et les caractéristiques du tokamak.
«Ces résultats historiques nous ont fait faire un immense pas supplémentaire vers la conquête de l’un des plus grands challenges scientifiques et d’ingénieries qui soient», a déclaré Ian Chapman, chief executive de l’UKAEA.
«En termes de puissance, il s’agit de l’équivalent de quatre turbines éoliennes, on se rapproche d’une échelle industrielle», précise le chercheur Arthur Russel, auteur de l’ouvrage The Star Builder. «Cela semble peu, mais cinq secondes représentent une durée énorme à l’échelle nucléaire.»
Si elle n’alimentera pas en électricité les futures voitures électriques du monde, cette production représente surtout la validation de choix industriels et techniques passés, et confirment ce que les simulations numériques et outils de diagnostic prédisaient quant à la fusion du plasma.
