La France avait réalisé en 2023 le premier essai d’un planeur hypersonique, capable d’aller au-delà de Mach 5. Rappelons que le mardi 27 juin 2023, la direction générale de l’Armement (DGA) avait supervisé le tir d’essai du démonstrateur d’un planeur hypersonique, le VMaX, – pour Véhicule Manœuvrant eXpérimental – à Biscarrosse, dans les Landes (sud-ouest).
Avec lui, la France s’engageait avec succès dans le milieu hypersonique, à des vitesses au-delà de Mach 5 (environ 6 100 km/h). Ce premier démonstrateur contenait de nombreuses innovations technologiques embarquées, Son essai en vol, sur une trajectoire à longue portée très exigeante, constituait un défi technique inédit qui préparait l’avenir de l’ hypervélocité.
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Dépourvu de toute charge militaire, le missile ASMPA-R été tiré par un avion de combat Rafale des forces aériennes stratégiques (FAS) . Il s’agissait de l’opération Durandal au cours d’un exercice mené « au-dessus du territoire national », « au terme d’un vol représentatif d’un raid nucléaire », selon le communiqué.
Sur le réseau social X, le ministre des Armées avait précisé que cette opération était « prévue de longue date » et a adressé ses « félicitations à l’ensemble des forces, équipes du ministère et partenaires industriels engagés sur l’opération ». D’après le communiqué, le programme de rénovation de ce missile, conduit par la Direction générale de l’armement (DGA), a permis de renforcer ses « performances intrinsèques » et de maintenir « la crédibilité de la composante nucléaire aéroportée de la dissuasion » française, conformément aux objectifs de la dernière loi de programmation militaire (LPM).
Le programme russe de missiles hypersoniques
En fait la France se préparait à répondre au programme russe de missiles hypersoniques. Rappelons que la Russie avait dévoilé pour la première fois en 2022 les performances de ses propres missiles hypersoniques. Ils seraient manœuvrables une bonne partie de leur trajectoire et auraient la capacité de se déplacer et se maintenir des vitesses supérieures à Mach 5, c’est-à-dire autour de 6 000 km à l’heure minimum.
Les premiers rapports attestant de l’utilisation de missiles hypersoniques par la Russie datent du 24e jour de son invasion de l’Ukraine. Le ministère de la Défense avait alors fait état de l’envoi de missiles réputés hypersoniques dans la région d’Ivano-Frankivsk dans l’Ouest de l’Ukraine. Leur emploi en Ukraine était une première mondiale pour un armement hypersonique, selon les experts.
Aujourd’hui, l’arsenal hypersonique de la Russie comprend les missiles Kh_-47M2 Kinzhal (ou Kinjal) et Avangard, ainsi que le Zircon, selon Forbes, le média militaire américain.. Le Kinzhal a été déployé plusieurs fois contre des cibles en Ukraine. Lancé depuis un avion MiG-31K ou Tu-22M3 à Mach 2,7, le Kinzhal utilise une propulsion par fusée pour atteindre une vitesse maximale de Mach 10. L’autre arme hypersonique de la Russie, l’Avangard, est un véhicule planant hypersonique conçu pour transporter des ogives nucléaires, qui n’a pas été utilisé opérationnellement.
La puissance et la rapidité des missiles hypersoniques laissent peu de place au doute quant à leur efficacité, du moins sur le papier. Il semblerait toutefois que peu d’unités aient été lancées par Moscou sur les positions ukrainiennes. Selon Forbes, le déploiement a été limité par des défis de fabrication. Ainsi, les missiles nécessitent des matériaux et une ingénierie avancés pour être capables de résister à de fortes chaleurs et une pression intenses. Leurs composants électroniques sont avancés et difficiles à assembler. Criblée de sanctions occidentales , la Russie n’aurait pas été capable de les produire à grande échelle, donnant la priorité aux chaînes de montage des drones et à la remise en état de ses chars soviétiques.
De surcroît, il a été observé en Ukraine que les missiles hypersoniques russes actuellement construits sont vulnérables aux systèmes de défense aérienne conventionnels. Le 4 mai 2023, soit un peu plus d’un an après l’envoi présumé du premier missile hypersonique par la Russie, l’Ukraine a affirmé avoir intercepté un Kinzhal pour la première fois à l’aide d’un système de défense aérienne américain Patriot. Douze jours plus tard, Kiev rapportait en avoir intercepté six, par le même moyen.
Selon les informations ukrainiennes de The Economist, les missiles Kinzhal abattus en mai 2023 volaient à des vitesses inférieures à celle attendue d’un hypersonique. Par ailleurs, un rapport de l’Institut Kiel en Allemagne indique que le taux d’interception des Patriot contre le Kinzhal est d’environ 25 %.
Peu nombreuses et vulnérables, les armes hypersoniques russes ont donc déçu sur le terrain, et n’ont donc pas apporté les avantages significatifs recherchés par Moscou. Les systèmes continueront toutefois de progresser en technicité, juge Forbes, stimulés par des techniques de pointe telles que l’intelligence artificielle. Et alors, rien ne pourra plus les empêcher de tenir un rôle primordial dans les conflits de demain.
C’est la raison pour laquelle la France, malgré les difficultés, ne doit pas ralentir son programme de missiles hypersoniques.
