26/12/2024. Les nitazènes dont l’usage est souvent mortel , commencent à circuler en France

De nouveaux opioïdes de synthèse, les nitazènes, circulent actuellement en France sur le marché des drogues illicites. Ils sont particulièrement dangereux, car plus puissants que d’autres opioïdes, avec un risque élevé d’overdose potentiellement mortelle, même à faible dose. Le risque de dépendance associé à ces produits est également plus important.

Compte tenu de ces risques, les autorités ont décidé l’inscription de ces composés sur la liste des stupéfiants : la production, la vente et l’usage sont interdits à partir du 9 juillet 2024.

https://ansm.sante.fr/actualites/les-autorites-de-sante-alertent-sur-la-circulation-croissante-dopioides-de-synthese-dont-une-nouvelle-classe-particulierement-dangereuse-desormais-inscrite-sur-la-liste-des-stupefiants

Ces stupéfiants, difficilement détectables, ont été ajoutés à la liste des produits stupéfiants par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les nitazènes, de la famille des opioïdes de synthèse, sont désormais interdits à « la production, la vente et l’usage ». Cette décision, applicable à partir du 9 juillet, fait suite à la diffusion croissante de cette drogue de synthèse, qui peut être aussi bien utilisée sous forme liquide, en poudre, en comprimé ou encore dans des sprays pour instillation nasale

Les composés chimiques des nitazènes, synthétisés à la fin des années 1950 comme antalgiques, avaient été rapidement retirés de la vente en raison de leur rapport bénéfice/risque trop défavorable. La production, la logistique et le commerce de ces molécules essentiellement fabriquées en Chine, aux effets 500 fois plus forts que ceux de la morphine, sont désormais aux mains de réseaux criminels.

Les nitazènes « peuvent provoquer des overdoses » qui « peuvent survenir brutalement, dans un délai très court après la prise, et entraîner un risque de mort, du fait de leur puissance », met en garde l’ANSM. Les symptômes peuvent notamment prendre la forme de difficultés de respiration, de nausée, de rétrécissement de la pupille et d’une profonde somnolence pouvant entraîner un coma mortel.

Voilà plusieurs mois déjà que les nitazènes alarment les experts. En décembre 2023, un communiqué de l’Association française des centres d’addictovigilance soulignait que ces molécules « réapparaissent sur le marché des substances récréatives en 2019-2020, par exemple aux Etats-Unis, au Canada ou encore en Europe », avant que leur usage devienne alarmant en France au printemps 2023, du fait de leurs risques d’intoxications graves (avec dépression respiratoire et décès) en Occitanie et sur l’île de La Réunion ».

Malgré leurs effets dévastateurs, les nitazènes sont difficiles à repérer. Un dépistage urinaire classique ne suffit pas à les détecter et ils peuvent aussi être masqués par la présence dans le corps d’autres produits, tels que l’héroïne. C’est d’ailleurs souvent à son insu qu’un consommateur peut faire l’expérience de cette drogue recherchée pour ses effets euphorisants, lorsqu’elle est mélangée à d’autres substances.

La volonté de criminaliser l’usage et le trafic des nitazènes au printemps 2024 n’était pas sans raisons, selon l’ANSM. « La consommation de nitazènes pouvant s’inscrire dans un contexte festif, la perspective des vacances d’été mais aussi de l’accueil des Jeux olympiques rend ce sujet particulièrement d’actualité ».

176 morts au Royaume-Uni

L’alerte française fait suite à une communication de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le 25 juin, qui s’alarmait de l’expansion des nitazènes et autres fentanyloïdes à l’échelle de la planète. L’ONUDC s’inquiétait du fait que « les consommateurs d’héroïne se tournent vers des opioïdes de synthèse posant de graves risques pour la santé ». Quelques jours plus tôt, le 11 juin, l’Agence de l’Union européenne sur les drogues écrivait dans son rapport annuel qu’« en 2023, les nitazènes ont été associés à une forte augmentation du nombre de décès en Estonie et en Lettonie et à des foyers d’intoxication localisés en France et en Irlande ».

Si la funeste réputation des nitazènes est moins médiatisée que celle du fentanyl, ils constituent déjà des sujets d’inquiétude sanitaires dans plusieurs pays d’Europe, particulièrement au Royaume-Uni, où 176 décès en lien avec l’absorption de cette substance ont été recensés en un peu moins d’une année, selon un décompte de la National Crime Agency révélé fin mai.

Face au danger des nitazènes en France, l’ANSM préconise l’usage de kits de naloxone, un antidote connu notamment pour être aux Etats-Unis le recours de la dernière chance face aux overdoses dues aux fentanyloïdes, qui ont fait plus de 100 000 morts en 2023 à rapprocher des quelques 40.000 tués sur la route dans ce pays..

Criminaliser l’usage

Pour notre part, répétons ce que disent désormais à l’unisson les autorités de santé et de police. Il ne servira à rien de criminaliser la fabrication et la distribution de ces drogues si l’on ne criminalise pas leur consommation- y compris lorsque ce sont des personnalités médiatiques qui se vantent de le faire.-

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