Le 16 novembre 2024, la Direction générale de l’armement (DGA) a réceptionné, à Brest, le Tourville, troisième des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) réalisés dans le cadre du programme Barracuda. Le sous-marin a aussitôt été transféré à la Marine nationale.
Après avoir réussi les tests de ses équipements et de sa propulsion nucléaire, le Tourville a débuté une série d’essais en Manche avant de se diriger vers l’Atlantique pour poursuivre sa validation technique et opérationnelle. Ces essais visent à certifier toutes les capacités du sous-marin, de la manœuvrabilité à l’efficacité de son armement, en passant par la validation de ses systèmes de communication et de combat.
Un Programme à Long Terme
Le programme Barracuda prévoit la construction de six sous-marins nucléaires d’attaque, avec des livraisons échelonnées jusqu’en 2030. Chaque sous-marin de cette série promet des améliorations significatives en termes de vitesse, endurance et polyvalence, incluant la capacité à lancer des missiles de croisière pour des frappes à longue distance dites de seconde frappe.
L’objectif essentiel du maintien des capacités de seconde frappe consiste à empêcher les attaques de première frappe de détruire l’arsenal nucléaire d’un pays. De cette manière, ce pays peut exercer des représailles nucléaires même après avoir subi une attaque nucléaire. Les États-Unis et d’autres pays dont la France ont diversifié leurs arsenaux nucléaires dans le cadre de la
triade nucléaire afin de mieux assurer la capacité de seconde frappe.
Les missiles balistiques lancés par des sous-marins sont la méthode traditionnelle mais très coûteuse de fournir une capacité de frappe secondaire, bien qu’ils aient besoin d’être appuyés par une méthode fiable permettant d’identifier l’attaquant. L’utilisation de SLBM en tant que seconde frappe pose un grave problème, les représailles d’un ICBM lancé par un sous-marin fait en sorte que le mauvais pays pourrait être ciblé et provoquer une escalade du conflit.
Cependant, la mise en œuvre de la seconde frappe est essentielle pour dissuader une première attaque. Les pays dotés d’armes nucléaires ont pour objectif principal de convaincre leurs adversaires qu’une première frappe ne vaut pas la peine de faire face à une seconde frappe. Ces pays ont de nombreux mécanismes de lancement, des réponses préparées à divers scénarios d’attaque nucléaire, des mécanismes de lancement dans de nombreuses régions du pays et des installations de lancement souterraines spécialement conçues pour résister à une attaque nucléaire.
Le lancement sur alerte est une stratégie de représailles contre les armes nucléaires qui a été reconnue pendant la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est. En plus de la triade nucléaire, les pays déploient un système d’alerte précoce, qui détecte les missiles nucléaires qui arrivent. Cela donne à ces pays la capacité et la possibilité de lancer une seconde frappe de représailles avant que la première frappe nucléaire ne frappe l’une de ses cibles. C’est une autre méthode pour renforcer les capacités de seconde frappe et dissuader une première frappe d’une autre puissance nucléaire.
En raison de la faible précision (écart circulaire probable) des missiles balistiques intercontinentaux de première génération, en particulier des missiles balistiques lancés par des sous-marins, la seconde frappe n’était initialement possible que contre de très grandes cibles à contre-valeur non défendues, comme les villes.
Des missiles de dernière génération dotés d’une précision bien améliorée permettent des attaques de contre-force de deuxième frappe contre les installations militaires durcies de l’adversaire, ce qui est le cas concernant la France.
C’est cette perspective qui ferait sérieusement réfléchir les mollahs Iraniens au cas où ils envisageraient d’utiliser leur futur armement nucléaire contre la France.
