08/12/2024 La Russie n’a pas encore acquis le savoir-faire nécessaire à l’emploi des armes hypersoniques

Les missiles hypersoniques sont manœuvrables une bonne partie de leur trajectoire, et ont la capacité à se déplacer et à maintenir des vitesses supérieures à Mach 5, c’est-à-dire cinq fois la vitesse du son. Dès l’invasion de l’Ukraine le ministère de la Défense avait fait état de l’envoi de missiles réputés hypersoniques dans la région d’Ivano-Frankivsk dans l’Ouest de l’Ukraine. Il s’agissait d’une première mondiale.

L’arsenal hypersonique de la Russie comprend les missiles KH-47M2 Kinzhal (ou Kinjal) et Avangard, ainsi que le Zircon. Le Kinzhal a été déployé plusieurs fois contre des cibles en Ukraine. Lancé depuis un avion MiG-31K ou Tu-22M3 à Mach 2,7, il utilise une propulsion par fusée pour atteindre une vitesse maximale de Mach 10. L’autre arme hypersonique de la Russie, l’Avangard, est un véhicule planant hypersonique conçu pour transporter des ogives nucléaires. Il n’a pas été utilisé opérationnellement, même avec des têtes conventionnelles.

La puissance et la rapidité des missiles hypersoniques laissent peu de place au doute quant à leur efficacité sur le papier. Il semblerait toutefois que peu d’unités aient été lancées par Moscou sur les positions ukrainiennes. Selon certaines sources, l’emploi a été limité par des défis de fabrication. Ainsi, les missiles nécessitent des matériaux et une ingénierie avancés pour être capable de résister à de fortes chaleurs et une pression intenses. De plus ses composants électroniques sont difficiles à assembler.

Du fait des sanctions, la Russie n’aurait pas été capable de les produire à grande échelle, donnant la priorité aux chaînes de montage des drones et à la remise en états de ses chars soviétiques, dont le stock diminue très vite vu les pertes qu’ils subissent.

De surcroît, il a été observé en Ukraine que les missiles hypersoniques actuellement construits sont vulnérables aux systèmes de défense aérienne conventionnels. Le 4 mai 2023, soit un peu plus d’un an après l’envoi présumé du premier missile hypersonique par la Russie, l’Ukraine a affirmé avoir intercepté un Kinzhal pour la première fois à l’aide d’un système de défense aérienne américain Patriot. Douze jours plus tard, Kiev rapportait en avoir intercepté six, par le même moyen. Selon The Economist, les missiles Kinzhal abattus en mai 2023 volaient à des vitesses inférieures à celle attendue d’un hypersonique. Par ailleurs, un rapport de l’Institut Kiel en Allemagne indique que le taux d’interception des Patriot contre le Kinzhal est d’environ 25 %.

Peu nombreuses et vulnérables, les armes hypersoniques russes ont donc déçu sur le terrain et n’ont donc pas apporté les avantages significatifs recherchés par Moscou. Les systèmes continueront toutefois de progresser en technicité, stimulés par des techniques de pointe telles que l’intelligence artificielle. Et alors, rien ne pourra plus les empêcher de tenir un rôle primordial dans les conflits de demain.

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