06/12/2024 Sous marins australiens. Une nouvelle bombe

Après l’annulation du « contrat du siècle » qui avait failli provoquer une rupture diplomatique entre la France et l’Australie (relire https://www.lefigaro.fr/international/crise-des-sous-marins-ce-que-la-france-n-a-pas-voulu-voir-20210927

l’Australie avait dévoilé un accord de compensation massive avec le fabricant français de sous-marins Naval Group, mettant un terme financier à un conflit qui avait envenimé les relations entre Canberra et Paris pendant près d’un an. Le premier ministre australien Anthony Albanese avait déclaré que l’entreprise française avait accepté un «règlement juste et équitable» de 555 millions d’euros, pour la rupture du gigantesque contrat de 56 milliards d’euros, qui avait occasionné une crise diplomatique entre Paris et Canberra.

Aujourd’hui nouvelle bombe. Les sous-marins français sont rentrés en grâce à Canberra. Dans un article publié le 5 décembre sur son site d’analyse et de commentaires The Strategist, l’ancien sous-marinier Peter Briggs, et ex-directeur du Submarine Institute of Australia, attaque à la mitrailleuse lourde  le programme de sous-marins Aukus, qui prévoit à la fois l’achat de sous-marins nucléaires américains d’occasion Virginia, et le développement d’un nouvel engin à propulsion nucléaire en partenariat avec le Royaume-Uni. Il préconise à l’inverse l’achat de douze sous-marins français de classe Suffren.

Le diagnostic de Peter Briggs est sans concession. « Le plan Aukus pour les sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire (SSN) a toujours été défectueux, désormais les risques s’accumulent,  Nous devons être prêts à abandonner le plan d’achat des huit SSN prévus. »

L’article souligne plusieurs défis majeurs auxquels l’Australie pourrait faire face dans le cadre de ce partenariat :

  1. Retards et incertitudes dans la livraison des sous-marins nucléaires : Le projet AUKUS repose sur l’engagement de l’Australie à acquérir des sous-marins nucléaires de nouvelle génération. Toutefois, la fabrication de ces navires est complexe et pourrait entraîner des retards significatifs. Les sous-marins de type Virginia ou Astute sont en cours de production pour les États-Unis et le Royaume-Uni, mais leurs coûts sont astronomiques et leur disponibilité incertaine.
  2. La question du transfert technologique : Bien que les États-Unis et le Royaume-Uni s’engagent à fournir des technologies de pointe à l’Australie, l’incertitude demeure concernant la possibilité pour l’Australie de maîtriser totalement ces technologies, ce qui pourrait limiter l’indépendance stratégique de l’Australie dans le futur.
  3. Les tensions géopolitiques avec la Chine : Le partenariat AUKUS est une réponse directe à l’expansion militaire de la Chine dans la région Indo-Pacifique. Cependant, la Chine a clairement exprimé son opposition à cette initiative, et les tensions croissantes pourraient entraîner des répercussions économiques et diplomatiques pour l’Australie.

Face à ces risques, Peter Briggs propose que l’Australie se tourne plutôt vers la France pour une solution alternative. Plus précisément, il suggère que l’Australie devrait se préparer en partenariat avec la France à construire des sous-marins nucléaires à propulsion française, en particulier ceux de la classe Suffren.

Il insiste sur les avantages de la solution française

  1. Technologie éprouvée : Les sous-marins à propulsion nucléaire Suffren sont déjà en production en France et ont montré leur efficacité. La France a une longue histoire de conception et de maintenance de sous-marins nucléaires, ce qui garantit une expertise éprouvée dans le domaine.
  2. Capacité de production localisée : Contrairement à la dépendance vis-à-vis des États-Unis et du Royaume-Uni, l’Australie pourrait bénéficier d’un partenariat plus équitable avec la France, en termes de transfert de technologie et de production locale. Cela renforcerait l’indépendance de l’Australie en matière de défense et réduirait les délais de livraison.
  3. Moins de risques géopolitiques : Avec un partenariat franco-australien, l’Australie pourrait éviter certaines tensions géopolitiques associées à l’AUKUS, en particulier avec la Chine. En outre, la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et acteur clé en Europe, pourrait offrir à l’Australie une approche stratégique plus équilibrée vis-à-vis de ses partenaires.

Sa conclusion est claire. Bien que le partenariat AUKUS puisse sembler être une solution rapide et ambitieuse, il présente trop de risques à long terme pour l’Australie. Le pays devrait plutôt se préparer à une alternative plus sûre et plus indépendante, en explorant la possibilité de construire des sous-marins nucléaires à propulsion française. Ce choix pourrait non seulement garantir une meilleure maîtrise technologique mais aussi éviter les risques géopolitiques associés à un trop grand alignement avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

Voir Wikipedia Classe Suffren

https://fr.wikipedia.org/wiki/Classe_Suffren_(sous-marin)

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