06/12/2024. La France et l’uranium du Niger

Le spécialiste français de l’uranium Orano a affirmé que les autorités nigériennes avaient « pris le contrôle opérationnel » de sa filiale minière au Niger, mercredi 4 décembre

« Depuis plusieurs mois, Orano alerte sur les ingérences que le groupe subit dans la gouvernance de la Somaïr [Société des mines de l’Aïr], dont il est actionnaire majoritaire et opérateur au Niger à 63,4%r [à le reste étant détenu par l’Etat du Niger], écrit le groupe français. En effet, les décisions prises lors des conseils d’administration de la société ne sont plus appliquées et, de fait, Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel », selon le communiqué publié par le groupe français. « Les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société »,

Le 23 octobre, l’entreprise avait annoncé que dans ces conditions, « fortement dégradée[s] », sa filiale allait « suspendre » sa production à partir du 31 octobre, faute de pouvoir « continuer à travailler » dans le pays, dirigé par un régime militaire issu d’un coup d’Etat perpétré en juillet 2023. En juin, le Niger avait, en effet, retiré à Orano le permis d’exploitation d’un des plus grands gisements au monde, celui d’Imouraren, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.

« Dans ce contexte, l’application de la résolution adoptée par le conseil d’administration de la Somaïr, le 12 novembre, de suspendre les dépenses liées aux activités de production pour prioriser le paiement des salaires et de préserver l’intégrité de l’outil industriel est volontairement empêchée », poursuit le communiqué.

Au total, 1 150 tonnes de concentré d’uranium issues de stock de 2023 et 2024, soit près de la moitié de la production moyenne annuelle du site, sont actuellement bloquées, d’une valeur marchande estimée à « 200 millions d’euros », selon le groupe, dont le capital est détenu à 90 % par l’Etat français. Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).

Cet épisode illustre les tensions entre le Niger et la France à laquelle le régime militaire a tourné le dos depuis son arrivée au pouvoir. L’uranium nigérien pourrait intéresser d’autres pays : en novembre, le ministre des mines nigérien, Ousmane Abarchi, avait invité des sociétés russes à venir explorer et exploiter les ressources naturelles du pays.

Ceci dit, il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle pour la France et en premier lieu le CEA

D’une part les investissement français dans le programme international ITER seront certainement accélérés. ITER vise à remplacer la fission nucléaire par la fusion https://www.iter.org/fr/en-quelques-mots Or il a été dit que les pays maitrisant la fusion maitriseront le monde. Mais il faudra attendre quelques décennies. En attendant, le CEA investit dans deux projets de haute importance. Il s’agit de Astrid et Allegro

Astrid

Le CEA est chargé par le gouvernement de ce programme (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) Astrid de démonstrateur industriel de réacteur à neutrons rapides (refroidi au sodium). Après une première phase d’avant-projet « sommaire », le CEA a rendu à l’État un dossier présentant l’avancement de ses recherches dans le cadre de la loi et clôturant la première phase d’avant-projet. 

Ce réacteur devra permettre de mettre en œuvre une politique de préservation des ressources en assurant une utilisation aussi complète que possible du plutonium par multirecyclage, une meilleure utilisation de la ressource en uranium et la démonstration de la faisabilité, sur des quantités significatives, de transmutation des actinides mineurs (radioéléments à vie longue). Par ailleurs, il répondra aux exigences de sûreté et de résistance à la prolifération.

En parallèle de ce développement, le cycle du combustible associé a été examiné au travers, d’une part des études de conception d’un atelier destiné à produire le combustible de ce réacteur (AFC-atelier de fabrication du combustible), et d’autre part au travers des études de faisabilité d’une installation permettant la séparation et la transmutation des actinides mineurs en vue de diminuer la radiotoxicité intrinsèque des déchets nucléaires.

Allegro

Les réacteurs à neutrons rapides refroidis au gaz procèdent d’un concept totalement innovant. Le CEA a développé une Recherche et Développement de haut niveau concernant cette la filière qui a la particularité d’associer neutrons rapides et haute température.

Contrairement à Astrid, il ne s’agit pas d’un démonstrateur industriel, les recherches n’étant pas encore suffisamment avancées. Les efforts portent essentiellement sur le combustible et la sûreté en collaboration avec la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie afin de construire dans l’un de ces trois pays un réacteur expérimental baptisé Allegro.

La filière RNR gaz en est à ses débuts et en l’absence de retour d’expérience, le réacteur sera d’une puissance limitée.

Voir aussi https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/uranium-naturel

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