La volonté annoncée par Donald Trump pendant sa campagne électorale d’augmenter uniformément de 60 % les droits de douane sur les importations en provenance de Chine, porterait si elle était appliquée un coup dur à l’économie chinoise, déjà en difficulté. Elle pourrait même coûter à la Chine entre 1 et 2 % de PIB, selon certains analystes. Mais l’essentiel n’est pas là.
Si Donald Trump, aujourd’hui conforté par une large majorité au Congrès, s’engageait à nouveau dans une logique purement commerciale au détriment de la géopolitique, comme il l’avait déjà fait lors de son premier mandat, le résultat pourrait être le renforcement du statut international de la Chine comme le seul pays capable de tenir tête aux Etats-Unis au plan mondial.
Certains analystes soupçonnent en effet la Chine de vouloir, mieux que la Russie de plus en plus affaiblie par la dénatalité et l’alcoolisme, s’opposer aux Etats-Unis et prendre la tête des BRICS, comme l’a montré le dernier somment de ceux-ci à Kazan.
La réélection de Donald Trump ne changera pas grand chose au déclin américain, qui intervient au moment où l’équilibre mondial est fortement menacé, avec d’une part, la défiance toujours grandissante à l’égard des démocraties libérales et de l’autre, la guerre menée par la Russie en Ukraine depuis février 2022 ainsi que celle d’Israël contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.
Or ce déclin d’une Amérique en retrait voire en panne, déjà perceptible depuis plus d’une décennie, serait éminemment favorable à la poursuite de l’émergence politico-militaire de la Chine tant en Asie que sur la scène mondiale.
Elle pourrait bien, à terme, donner raison à Xi Jinping pour qui, comme il l’a souvent répété à son « meilleur ami » Vladimir Poutine : « Le monde subit des changements sans précédent depuis un siècle. » Sous-entendu l’autre slogan auquel il se réfère sans jamais le dire : « L’Orient [la Chine] se lève et l’Occident s’efface ».
