06/11/2024 Réélection de Donald Trump et droit à l’avortement



Depuis la décision historique annulant l’arrêt « Roe v. Wade », qui garantissait depuis 1973 le droit constitutionnel à l’avortement, les États ont toute latitude pour légiférer dans ce domaine. Une vingtaine d’entre eux ont mis en place des restrictions partielles ou totales.

Tout au long de sa campagne, Kamala Harris avait dénoncé les situations tragiques dans lesquelles certaines femmes se retrouvent à cause de ces interdictions ou restrictions. Nombre d’entre elles sont obligées de voyager dans d’autres États pour obtenir un avortement, et certaines ont subi de graves complications, les médecins pouvant craindre d’intervenir en cas de fausses couches ou d’autres problèmes, sous peine d’être accusés de procéder à un avortement illégal.

À trois jours de l’élection présidentielle, des milliers de femmes avaient défilé dans les rues de Washington pour apporter leur soutien à la candidate démocrate.

Que peut-on attendre de Donald Trump devenu 47e président élu des États-Unis sur le droit à l’avortement ? Durant sa campagne, Donald Trump avait adopté une position ambiguë. Tout en se réjouissant d’avoir remis entre les mains des États cette question, il a reconnu que certains « étaient allés trop loin »

Son épouse, Melania Trump avait, de son côté, publiquement dit son soutien à l’avortement dans ses mémoires. « La liberté individuelle dont dispose une femme lui donne l’autorité d’interrompre sa grossesse si elle le souhaite », écrit-elle. Questionné sur ce point, Donald Trump avait répondu : « On en a parlé, je lui ai dit ‘il faut que tu écrives ce que tu crois, je ne vais pas te dire ce que tu dois faire’ ».  Quelques mois plus tôt, sur la chaine Fox News, totalement acquise à sa cause, il disait pourtant tout le contraire, estimant que les femmes n’avaient pas « l’indépendance d’esprit nécessaire pour prendre leurs propres décisions ».

Début octobre, Donald Trump a assuré qu’il poserait son veto si le Congrès adoptait « une interdiction fédérale de l’avortement ». Mais selon les experts, ce qu’il entend par interdiction reste flou. Elle pourrait par exemple ne désigner qu’une interdiction sans aucune exception (en cas de viol, d’inceste…), laissant la porte ouverte à d’autres options.

Outre la voie législative, une nouvelle administration Trump pourrait être tentée d’utiliser les leviers de l’Etat fédéral.

Les défenseurs du droit à l’avortement s’attendent à ce que la première cible visée soit la pilule abortive. Les avortements médicamenteux l’utilisant représentent près de deux-tiers des IVG aux Etats-Unis.

Au fil des années, l’Agence américaine des médicaments (FDA) a étendu les conditions d’accès à la mifépristone — la première des deux pilules prises lors d’un avortement médicamenteux — notamment en permettant son envoi par la poste après une téléconsultation.

Une nouvelle administration Trump pourrait chercher à revenir sur ces dispositions avec des conséquences y compris dans les Etats où l’avortement est toujours légal.

La fin de l’envoi par la poste représenterait notamment un coup dur pour des voies d’accès détournées mises en place depuis la décision de la Cour suprême. Des médecins, protégés par des lois spécifiques adoptées par exemple à New York, prescrivent et envoient des pilules abortives à des femmes se trouvant dans des Etats restrictifs.

Plusieurs milliers de pilules abortives sont ainsi envoyées chaque mois dans des Etats ayant restreint ou interdit l’avortement, selon l’organisation WeCount.

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