La start-up française Dark créée en 2021 a lancé un projet ambitieux qui pourrait changer les règles du jeu dans la défense spatiale. Son objet : proposer une technologie capable de neutraliser les satellites espions et de nettoyer les débris en orbite basse. Dans un domaine jusqu’ici dominé par des puissances spatiales établies. Il s’agirait non seulement de réduire les risques de collisions en orbite, mais aussi de limiter les possibilités de surveillance non autorisée en redéfinissant ainsi les frontières de la guerre spatiale et de l’espionnage.
Au cœur du projet se trouve l’Interceptor, un système conçu pour engager et neutraliser rapidement des objets en orbite terrestre basse. Cet appareil est capable de désorbiter un satellite ou un débris en moins de 24 heures. Le fonctionnement de l’Interceptor représente une avancée majeure par rapport aux méthodes traditionnelles, qui sont souvent coûteuses, lentes et limitées par des fenêtres de lancement très spécifiques.
L’une des principales innovations de Dark réside dans la méthode de déploiement de l’Interceptor. Plutôt que d’utiliser des lanceurs sol-sol, l’entreprise a opté pour un système de largage depuis un avion. Cette méthode offre une plus grande flexibilité et permet d’agir rapidement sans être entravé par les conditions météorologiques, souvent un obstacle majeur pour les lancements de fusées.
L’Interceptor lui-même mesure 15 mètres de long et est équipé de cinq bras robotiques articulés. Ils sont conçus pour capturer et maintenir fermement les objets visés. Cette capture est le premier pas vers une réduction de la vitesse orbitale de l’objet de 20 à 30 %, ce qui est nécessaire pour lancer une descente contrôlée vers l’atmosphère terrestre où l’objet se désintégrera de manière sécurisée. Ce processus, d’une durée approximative de quatre heures et demie, se terminera par une élimination écologique dans le point Nemo, le lieu le plus isolé du Pacifique, déjà utilisé comme cimetière de débris spatiaux.
La viabilité de ce projet ambitieux est soutenue par un financement important. Dark a levé 11 millions de dollars auprès de plusieurs fonds d’investissement, notamment le fonds français Eurazeo et le fonds californien Long Journey Ventures. Ces investissements sont cruciaux pour le développement du moteur cryogénique Sheitan de l’Interceptor et d’autres technologies nécessaires à la précision et à la fiabilité des interceptions.
L’ambition de Dark est de mettre en place d’ici 2030 un système pleinement opérationnel capable de mener jusqu’à vingt missions par an. Le potentiel de marché pour ces services est vaste, englobant non seulement la gestion des débris spatiaux mais aussi divers aspects de la sécurité militaire.
Si les plans de Dark se réalisent, l’entreprise pourrait devenir un acteur indispensable de la défense spatiale mondiale. L’Interceptor offre une solution potentielle aux défis croissants liés à la surveillance et à la sécurité en orbite, visant à une transformation significative des stratégies de sécurité nationale et internationale.
Source : Dark
