A l’inverse de l’intelligence artificielle, dont les récents progrès sont tangibles, les technologies quantiques sont difficiles à appréhender, étant basées sur des principes scientifiques peu familiers comme la superposition et l’intrication d’atomes, de spins et de photons.
Bien qu’elles soient promises à révolutionner le calcul intensif utilisé entre autres dans la chimie, la santé, l’énergie, leurs applications concrètes pour le grand public ne verront probablement pas le jour avant plusieurs décennies.
« L’aventure que nous vivons en ce moment dans le quantique est comparable à celle des pionniers de l’informatique dans les années 1950 », disait il y a un an Georges-Olivier Reymond, le patron de l’entreprise française Pasqal, spécialisée dans le domaine. De ce fait, il est essentiel de s’y positionner le plus tôt possible.
Dans l’Hexagone, le message a été compris, indique une note de l’Institut Montaigne, publiée le jeudi 3 octobre. La France « est bien positionnée tant sur le plan scientifique qu’en matière d’exportation de ses infrastructures et de son matériel quantique », par rapport à des compétiteurs mondiaux, les Etats-Unis en premier lieu. Le pays a su « faire émerger quatre des six technologies quantiques les plus prometteuses.
On citera en premier lieu les atomes froids. La lumière permet de refroidir les gaz d’atomes pour produire une « matière quantique » aux propriétés surprenantes, radicalement différentes des fluides ordinaires. Ces atomes froids sont à la base de dispositifs d’une précision inédite pour mesurer le temps et l’espace. Ils trouvent des applications dans des domaines aussi divers que la navigation, les télécommunications ou la géophysique. Ils sont également au cœur du concept de « simulateur quantique », qui consiste à émuler par un système bien contrôlé (nos atomes) d’autres objets encore mal compris, comme le fluide d’électrons de certains supraconducteurs.
C’est d’autant plus nécessaire que l’incertitude demeure importante concernant les performances futures des technologies quantiques (calculateurs quantiques de taille intermédiaire dits NISQ ou ordinateurs quantiques tolérants aux défauts dits FTQC) et celle des technologies associées.
Une chose est cependant certaine : des avantagesémergeront ; ils devraient transformer durablement le marché des supercalculateurs (High Performance Computing) et impacter les secteurs de la défense et de la sécurité.
Ces avantages quantiques concernent avant tout le calcul quantique qui devrait représenter près de 90 % du marché quantique en 2040 , marché estimé à 106 Mds $. D’autres avantages quantiques sont à prévoir au niveau des capteurs et des communications mais de manière plus ciblée.
Aujourd’hui, les algorithmes quantiques apportent de la valeur ajoutée dans 4 secteurs clés: chimie & pharmaceutique, industrie manufacturière & transport, énergie & développement durable, et finance (banque / assurance).
Le quantique est donc une technologie clé où la France détient un avantage compétitif stratégique et un intérêt sécuritaire majeur. L’enjeu consiste désormais à créer un marché porteur et à savoir valoriser nos innovations.
Note
L’Institut Français Montaigne https://www.institutmontaigne.org/ propose une réponse opérationnelle en cartographiant les usages à fort potentiel et en identifiant les secteurs prioritaires auxquels appliquer des technologies quantiques.
Voir https://www.institutmontaigne.org/publications/quantique-vers-une-logique-de-marches
