28/09/2024 Le Liban doit pouvoir compter sur l’appui français

Rappelons que le 28 avril 1920, la France a été officiellement investie par la Société des Nations d’un « mandat pour la Syrie et le Liban » (en fait un protectorat). Elle va transformer ces anciennes provinces ottomanes en deux Républiques laïques… non sans officialiser le communautarisme religieux.

En conséquence de la 2e guerre mondiale, en novembre 1943, prenait fin le mandat sur la Syrie et le Liban que la conférence de San Remo avait confié, en avril 1920, à la France et que celle-ci exerça au nom de la Société des Nations.

Allié traditionnel de la France, le Liban continue à partager avec celle-ci de nombreux intérêts.

Les premiers sont culturels et linguistiques.

La Francophonie reste vivace au Liban malgré une présence accrue de l’anglais dans l’environnement économique, médiatique et une coexistence croissante des deux langues dans le domaine éducatif. La promotion de la langue française au Liban est considérée comme un impératif stratégique par les deux pays.

Par ailleurs, iI existe plus de 50.000 citoyens de nationalité libanais vivant en France. Ils entretiennent d’excellentes relations avec la population française (sans mentionner l’existence des célèbres « restaurants libanais »)

Les seconds intérêts communs sont économiques et financiers.

Ainsi on peut lire dans un document officiel récent de la Direction du Trésor française

En dépit de la crise, les échanges franco-libanais se maintiennent à un niveau non-négligeable.

Notre commerce bilatéral (hors hydrocarbures) se redresse depuis deux ans. Les exportations françaises de biens vers le Liban, relativement diversifiées, se sont élevées à 370 M€ en 2023 (soit 0,06% des exportations françaises totales). En baisse tendancielle depuis le déclenchement de la crise libanaise (-51% par rapport à 2018), nos exportations ont diminué en 2023 (-7,4%), après une reprise en 2022 (+26%). Cette baisse est largement imputable à la diminution drastique des ventes de produits pétroliers raffinés (-89%). Les exportations françaises hors hydrocarbures ont ainsi progressé de +3,2% en 2023.

Historiquement peu élevées (48 M€ en moyenne sur 2011-2021), nos importations depuis le Liban ont progressé de +27% en 2023, à 98 M€. Elles sont principalement composées d’équipements électriques et ménagers (53%) et de produits agroalimentaires (18%). Ainsi, notre solde bilatéral est resté excédentaire en 2023, à 271 M€, soit un niveau non-négligeable pour un marché de la taille du Liban.

La part de marché française s’élève à 1,8%. La France se situe au 15ème rang des fournisseurs du Liban, loin derrière la Chine (11,8%), la Suisse (10%), la Grèce (9,6%) et la Turquie (7,8%). La France se situe à égalité avec le Royaume-Uni mais demeure derrière l’Italie (6,3%), les Etats-Unis (4%), l’Allemagne (3,1%) et l’Espagne (2,3%).

La présence économique française s’accroît.

Les IDE français au Liban demeurent limités mais semblent se maintenir en dépit de la crise. Le stock s’élevait à 539 M€ fin 2022, soit près d’1% des IDE totaux au Liban et 0,04% du stock total d’IDE français à l’étranger. La crise ne semble pas se traduire par des désinvestissements marqués (+34 M€ en 2020, +55 M€ en 2021 et -50 M€ en 2022). En parallèle, le stock d’IDE libanais en France s’élevait à 1,3 Md€ fin 2022.

Au plan qualitatif, la présence économique française est toutefois significative, avec 50 entreprises implantées employant plus de 6300 personnes (dont un quart dédié à des activités d’outsourcing) :

1/ Deux groupes sont positionnés sur des secteurs stratégiques : (i) CMA-CGM (gestionnaire des terminaux à conteneurs des ports de Beyrouth et Tripoli, mais aussi investisseur dans l’industrie agroalimentaire) ; (ii) TotalEnergies (2ème distributeur de carburant du pays) ;

2/ Des entreprises françaises ont localisé de la main d’œuvre (trilingue, qualifiée et compétitive depuis la crise) généralement destinée à couvrir d’autres marchés de la région : PublicisThales, mais aussi CMA-CGM, qui a basé à Beyrouth son hub numérique ainsi qu’un centre de services partagés. CMA-CGM est ainsi devenu en 2023 le 1er employeur privé du pays ;

3/ Deux entreprises françaises ont une implantation industrielle, issue d’acquisition de sociétés locales : Saint-Gobain (usine de produits pour le BTP) et Nexans (usine de câbles) ;

4/ Enfin, certains groupes ont une empreinte historique : EDF (ingénieur-conseil d’Electricité du Liban), Air France (partenariat avec la compagnie libanaise MEA et une liaison quotidienne Beyrouth-Paris), Orange (joint-venture avec l’Etat libanais), AXASanofiVeoliaBureau VeritasLegrand et L’Oréal. 

La communauté d’affaires française est dynamique. Le Comité CCEF, composé de 20 membres, se réunit sur un rythme mensuel. Deux chambres de commerce sont également actives : (i) la CCI France-Liban basée à Beyrouth ; (ii) la chambre de commerce franco-libanaise (CCFL) basée à Paris. Business France a fermé son bureau en 2018 et deux prestataires ont été homologués pour conseiller les PME à l’export : la CCI France-Liban et le cabinet d’intelligence économique MASRI. En outre, la French Tech Beirut a été relabellisée en 2023 avec l’objectif d’accroître les liens entre les écosystèmes techniques français et libanais.  

L’évolution du modèle économique libanais vers des secteurs productifs (numérique, industrie légère, agriculture) présentera des opportunités pour nos entreprises : (i) sur le marché libanais ; (ii) sur des activités de sous-traitance ; (iii) en nouant des partenariats avec des groupes libanais pour cibler des marchés régionaux.

Laisser un commentaire