Selon le Pr Clive Jones, directeur de l’Institute for Middle Eastern and Islamic Studies de l’université de Durham (Royaume-Uni)., le sabotage par Israël à distance de téléphones portables ou bipeurs de militants du Hezbolla qui ont explosé le mardi 17 septembre au Liban, a tué plus de 10 personnes et blessé des milliers de membres de la milice libanaise pro-iranienne.
Comment va riposter la milice chiite libanaise qualifiée de terroriste par les autorités européennes et nord-américaines, mais soutenue par l’Iran. Le régime des Mollah a laissé ce soin au Hezbollah lui-même. Il promet de punir Israël. L’ ambassadeur de l’Iran au Liban figure parmi les 2 800 personnes blessées dans l’explosion de leurs bipeurs.
Sur le front diplomatique, Washington s’est directement adressé à l’Iran, mercredi, pour lui demander d’éviter une « escalade » du conflit. En effet, les États-Unis, tout comme Israël et le reste du monde, savent qu’en frappant le Hezbollah, c’est aussi le pouvoir iranien qui est atteint par contre coup dans son image de chef d’un réseau de milices régionales qui lui sont affiliées, estime Clive Jones,
En premier lieu, l’Iran est souvent perçue comme une sorte de chef d’orchestre contrôlant en coulisses les mouvements comme le Hezbollah, les Houthis au Yémen ou encore le Hamas à Gaza. À ce titre, le fait que des bipeurs probablement piégés par les services de renseignement israéliens aient pu arriver entre les mains du Hezbollah pour y exploser peut être perçu comme une faillite majeure des services de sécurité iraniens
On peut penser en effet que l’Iran soit intervenue dans la commande des nouveaux bipeurs censés assurer la sécurité des communications entre les militants du Hezbollah.
Dans cette hypothèse, les services de renseignement israéliens ont probablement réussi à identifier qui, en Iran, était en charge de superviser le choix des bipeurs et qui devait suivre l’acheminement du matériel »
En outre, mettre en place une opération aussi sophistiquée et inédite a du demander au moins six mois de préparation et d’exécution à Israël, estime Clive Jones. Autrement dit, « Il lui a fallu activer des réseaux humains à la fois au Liban et en Iran pendant un certain temps pour s’assurer que le plan se déroule correctement ».
Si se vérifiait l’hypothèse d’une faillite du renseignement iranien – qui aurait, par exemple, mal vérifié l’intégrité des bipeurs, cela pourrait « créer des tensions et des problèmes de confiance entre le Hezbollah et l’Iran« , estime Shahin Modarres.
Il s’agirait alors d’un coup dur supplémentaire porté à la capacité du renseignement iranien à rivaliser avec celui d’Israel. « On savait déjà que l’appareil sécuritaire iranien n’avait pas beaucoup de mystère pour les services de renseignement israélien« , affirme Mesrob Kassemdjian, spécialiste du Moyen-Orient et du Hezbollah au SOAS (École des études orientales et africaines) à l’université de Londres.
Il rappelle, en effet, que dès 2017, Israël s’était targué d’avoir subtilisé à l’Iran des documents secrets relatifs au programme nucléaire. Ensuite, entre 2010 et 2020, plusieurs scientifiques iraniens ont été assassinés à l’intérieur du pays, probablement par des agents israéliens. Enfin, en juillet 2024, le chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh a été tué à Téhéran.
Mais le renseignement israélien avait peu de temps auparavant manifesté une incompétence qui avait beaucoup fai parle. Il n avais pas été capable de prévoir le massacre dans des conditions horribles de centaines de jeunes gens israéliens faisant la fête dans une rave party.
