24/06/2024 Fusion nucléaire. Nouvelle avancée française

Début mai 2024, le réacteur WEST, basé en France, est resté allumé pendant 6 minutes à 50 millions de degrés, a-t-on appris le 6 mai.

Rappelons que pour créer la réaction de fusion , on insère quelques grammes de deux isotopes de l’hydrogène, du deutérium et du tritium. Lorsqu’ils sont chauffés à très haute température, leurs atomes vont se rencontrer, fusionner et provoquer la création d’un noyau lourd d’hélium. C’est ainsi que l’on obtient un plasma — un nouvel état de la matière — extrêmement chaud, et très dense.

Les neutrons obtenus ne sont pas « électriquement chargés », les bobines magnétiques ne peuvent donc pas les retenir. Ils percutent les parois à très haute vitesse. Grâce à eux, et à des parois conçue être isolantes , on peut récupérer une part importante de l’énergie produite par la réaction de fusion. Il s’agit principalement de transformer la chaleur accumulée en vapeur, afin d’alimenter des turbines et produire ainsi de l’électricité.

Le plus gros projet de réacteur à fusion nucléaire du monde est ITER, situé lui aussi au sud de la France, avec un budget estimé à 19 milliards d’euros. Encore en construction, et programmé pour la décennie 2030, il devra monter à 150 millions de degrés et parvenir à s’auto-entretenir. En attendant, la plupart des réacteurs actuels à fusion construits dans le monde, sur le même modèle mais bien plus petits, continuent d’expérimenter afin de résoudre peu à peu les problèmes physiques du procédé.

Ce n’est pas la première fois qu’un réacteur à fusion nucléaire atteint 50 millions de degrés. En Corée, le tokamak est monté à 100 millions de degrés en 2023, mais pendant 30 secondes puis, en 2024, durant 48 secondes. Les 6 minutes obtenues par WEST constituent donc une étape importante pour que l’on sache maintenir du plasma très chaud dans le temps.

Les équipes de WEST essayent notamment de résoudre la question des parois, qui doivent tout à la fois supporter la chaleur générée par le plasma, mais aussi permettre de récupérer l’énergie via le flux de neutrons. Initialement, les tokamaks utilisaient des murs en carbone, mais ces derniers absorbaient le tritium utilisé comme « carburant ». Depuis une décennie, les ingénieurs de WEST testent du tungstène, qui n’a pas ce défaut, et qui de plus résistent bien à la chaleur.

Ni WEST ni ITER ne produiront de l’électricité à titre commercial. Ce sont des réacteurs expérimentaux. Mais ils doivent ouvrir la voie à celle-ci.

Voir notre article précédent
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