Depuis le début de la guerre, les pays occidentaux interdisaient formellement à Kiev d’utiliser les armes qu’ils lui fournissent pour frapper le territoire russe, afin de réduire le risque d’escalade face à une puissance nucléaire. Mais au début du mois de mai, le Royaume-Uni a été le premier à faire tomber cette interdiction en autorisant les Ukrainiens à utiliser leur matériel, et notamment les missiles de croisière Storm Shadow, pour frapper le sol russe. Les États-Unis pourraient rapidement suivre, selon une récente enquête du New York Times
Le 24 mai, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a repris ces propos dans un entretien à The Economist . «Le moment est venu pour les alliés de réfléchir à la possibilité de lever certaines des restrictions qu’ils ont imposées sur l’utilisation des armes envoyées à l’Ukraine», Ceci s’inscrit dans le contexte de l’offensive russe en cours autour de Kharkiv, deuxième ville du pays située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière. «Le fait de refuser à l’Ukraine la possibilité d’utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire russe rend sa défense très difficile», a argumenté le secrétaire général de l’alliance.
Dans une interview à l’AFP, le même jour, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait lui aussi plaidé pour que les alliés de l’Ukraine l’autorisent à utiliser les armes fournies comme bon lui semble. Il avait argué que ces missiles seraient utilisés comme des armes défensives.
La Russie prend de toute évidence cette menace au sérieux. Lorsque le Royaume-Uni a donné son autorisation à l’Ukraine, le Kremlin avait menacé de frapper des cibles militaires britanniques «sur le territoire de l’Ukraine et au-delà». Jeudi 23 mai, le porte-parole Dmitri Peskov avait estimé qu’une décision similaire des États-Unis constituerait une «escalade».
Mais que pourrait faire la Russie ?
Les armées de l’OTAN ont un point faible comparé à la Russie, c’est la base militaire de Ramstein, Ramstein Air Base, en Allemagne
La base aérienne de Ramstein fait partie d’un complexe plus large autour de la ville de Kaiserslautern, la Kaiserslautern Military Community (KMC) qui regroupe environ 60 000 Américains (plus de 54000 militaires et plus de 5000 civils en support). Elle est située en Allemagne, proche de la France et du Luxemburg.
La base héberge aussi un quartier général de l’OTAN en charge de sa puissance aérienne ddepuis 1974. Le quartier général est chargé de la planification, de l’exercice et de l’exécution des opérations de défense aérienne et antimissile intégrée dans la zone européenne de responsabilité de l’OTAN, du temps de paix jusqu’au conflit. […] Le quartier général comprend le centre d’opérations pour la police du ciel, la défense contre les missiles balistiques et le contrôle opérationnel de la force aéroportée de détection lointaine et de contrôle de l’OTAN, ainsi que de la force alliée de surveillance terrestre de l’OTAN
La base joue également un rôle central pour le transfert des communications entre la base aérienne de Creech Air Force Base, aux États-Unis, et les drones opérant en Afghanistan et au Moyen-Orient : Le 432e escadron est composée d’aviateurs prêts au combat qui pilotent le drone MQ-9 Reaper pour soutenir les combattants Américains et alliés. Les avions téléguidés fournissent des services de reconnaissance, de surveillance et d’attaque de précision en temps réel contre des cibles fixes et critiques.
Il ne fait pas de doute que cette base soit bien protégée contre des attaques russes. Néanmoins son fonctionnement pourrait être très perturbé par l’envoi de missiles à moyenne portée provenant de Russie. Est-ce à cela que pensait Dmitri Peskov?
